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Quiconque aura suivi la scène française, et plus particulièrement sa branche progressive, sera d’accord avec moi : l’année 2010 aura été particulièrement fertile. Si Venturia, groupe de Métal prog basé sur Montpellier ne nous a pas fait de nouvelle offrande, son fondateur, guitariste et claviériste Charly Sahona en a profité pour publier son premier projet solo, intitulé Naked Thoughts from a Silent Chaos. Pour l’aider dans son entreprise, il s’est bien entendu adjoint les services de ses collègues Thomas James-Potrel à la basse, tout fraichement parti du groupe mère, et du batteur Diego Rappachietti.

Le premier constat qui s’imposera à ceux qui connaissent Venturia est que le travail de composition soliaire de Charly n’est pas calqué sur son groupe. Les pièces sont ponctuées de riffs groovy, mariant parfois la guitare et le clavier (Releived) et appuyées par une basse parfois ‘slappée’ et résolument bien présente. Elles sont généralement construites autour de couplets souvent langoureux, dans un style lyrique que plusieurs associeront à Muse. L’album est évidemment construit autour la guitare, avec contribution d’un clavier qui apparaît ci-là pour appuyer cette dernière ou pour introduire des ambiances supplémentaires. L’amalgame est résolument rock, mais y rattacher l’appellation ‘prog’ serait à mon avis participer à cette mauvaise habitude de coller ce qualificatif à des œuvres dont l’aspect progressif est en réalité assez faible. Il faudra bien avouer qu’au sens de la structure des pièces et de l’album, de l’instrumentation et des thèmes, cet album n’as de progressif que l’étiquette que plusieurs lui ont attribuée par défaut.

Pourtant, en faisant abstraction de tout aspect extérieur à ce qui importe vraiment, la musique, il est clair que la réalisation de cet album a été faite avec une passion qui rend l’étiquette superflue. Le chant de Charly, sans faire marque de la technique et de la tessiture des plus grands du genre, n’est jamais forcé et reste ainsi juste, et l’emploi occasionnel de filtres sur les lignes vocales permet de leur donner une seconde dimension. Même si l’accent clairement français rend les paroles parfois dures à saisir, l’aspect vocal est donc correct, sans être l’attrait majeur de ce disque et sans être égal à la dualité Ferreira\Robin, et on le regrettera un peu .

L’attrait de cet album serait plutôt relatif à l’instrumentation, à cette dualité entre l’aspect groovy des riffs, dont on pourrait associer l’influence à Tom Morello, et l’ambiance plus langoureuse des lignes vocales. Question guitare, Il faudra bien avouer que M Sahona se débrouille, sans être un ‘Guitar Hero’. Les pièces sont évidemment supportées par quelques solos, la plupart du temps placés en break avant le dernier refrain, mais ceux-ci tombent malheureusement à plat assez souvent (Forgotten Past, It Will Fly Away). Il semble malheureusement, à mon humble avis du moins, que la guitare, et le clavier par le fait même, étaient mieux développés sur les albums de Venturia. Les solos semblent moins bien inspirés, sont moins longs, et l’utilisation des claviers est limitée. Toutefois, force est de constater que ses rares apparitions sont toujours efficaces. L’intervention d’un piano en guise de break avant le dernier refrain de Raise the Shadow est très plaisante et casse cette impression de linéarité qui commence à s’installer sur la pièce précédente, Forgotten Past, qui ne décolle pas vraiment. Le reste de l’album confirmera malheureusement cette impression, en excluant Living in a Dream is not Right et ses quelques samples symphos qui introduisent une fraicheur temporaire. La pièce de clôture se termine elle aussi une section de piano et claviers très réussie, qui laisse à l’auditeur une bonne impression. On regrettera seulement que ce genre d’arrangement n’ait pas été plus développé.

Ce Naked Thoughs from a Silent Chaos s'impose donc comme une ouvre sensiblement différente de ce que son créateur a réalisé chez Venturia. Le style lyrique en général et la manière de développer les pièces sont résolument différents, se rapprochant plus du rock et du métal classique, sans verser dans l'expérimentation. On regrettera un peu l'apparent manque d'inspiration, surtout en ce qui a trait à l'instrumentation. On passe par contre de très bons moments sur certaines pièces, mais pris dans son ensemble, il semble que trop peu de celles-ci se démarquent, et l'écoute ne marquera pas les esprits au point de relancer le disque une fois terminée. Un essai intéressant, donc, sur certains points, mais qui n'aura servi en fin de compte qu'à me ré-attacher à Venturia...

0 Comments 17 janvier 2011
Whysy

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