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On le sait, la scène métal mélodique, speed et symphonique est saturée, d'autant plus chez les formations dites "à chanteuse", dont la plupart jouent sur le talent de la dite chanteuse pour faire oublier que niveau musique, tout n'est que du vieux réchauffé. Les parisiens d'Asylum Pyre sont visiblement au courant et ont à cœur de proposer une mouture originale si l'on en croit leur myspace, "mélangeant les styles et influences,[...] du speed-metal au heavy progressif en passant par le metal lyrique".  Mais qu'en est-il dans la pratique ? Derrière une formation somme toutes assez classique (une chanteuse, deux guitaristes dont un qui chante, claviers, basse et batterie), le groupe nous gratifie pour son premier album, "Natural Instinct" d'une musique assez proche de ce qui est annoncé, à savoir un métal globalement speed rehaussé d'un chant féminin lyrique à rapprocher d'une Tarja plutôt que Simone Simons d'Epica, intelligemment nuancé par des morceaux plus calmes faisant la part belle aux ambiances. A noter le guitariste Johan Cadot qui intervient à la fois en voix claire et en chant extrême, histoire de donner de la diversité à l'univers sonore développé ici. C'est ainsi qu'un morceau comme Coral's Riff (Now Hell) s'avère être une franche réussite et assurément le meilleur titre de l'album avec ses lignes de chant lyrique parfaites et son début speed, son interlude atmosphérique et sa fin en fanfare avec le retour de la double pédale et l'alliance magnifique des deux voix. On retrouve un peu cet aspect "chanson en plusieurs parties" dans la toute aussi efficace "Jester Of The Power", laissant les claviers pleinement s'exprimer avant de laisser la place aux guitares en fin de chanson un fois de plus pour un final à 200 à l'heure.  Malgré tout, hormis ces deux titres, le reste est moins aventureux, pas mauvais pour autant, mais plus centré sur une idée directrice sans s'éparpiller, ce qui, à défaut de porter l'album à un niveau divin, n'est pas forcément un mal. Ainsi, l'intro Taken Away to The Asylum rappelle fortement le "Trans-Siberian Orchestra" avec son piano et ses voix inquiétantes, tandis que The Asylum Pyre reste résolument heavy et constitue une entrée en matière des plus réussies. C'est tout juste si on peut lui reprocher des guitares trop discrètes durant le refrain. Car, ce détail mis à part, le début d'album est plus qu'efficace, avec en troisième morceau le "tubesque" Laughing With The Stars au refrain magique nous replongeant dans les débuts de Nightwish, et instaurant un dialogue entre Johan Cadot et Carole Alcantara pour un rendu original et définitivement accrocheur.  Il est presque dommage que la "ballade" Don't Waste It soit inégale et pas forcément très émouvante, tant la "deuxième moitié" de l'album de démérite pas avec notamment Different Sides, Same Thoughts, pavé de 11 minutes tout en ambiances et chargé en émotions. Car Asylum Pyre ne nous a pas menti sur la marchandise: le propos est varié, habile et fait souvent mouche, refusant de se laisser enfermer dans un style bien défini. En résulte la jolie (et courte) pièce acoustique Whisper Of the Jester faisant visiblement office de clôture au sus-cité Jester Of The Power, talonné du fortement instrumental When We Are Wolves qui voit le groupe partir dans tous les sens et balayer un peu tous les styles abordés jusqu'alors, pour une conclusion en feu d'artifice sur ce titre issu de leur précédente démo.  En réalité, le seul reproche que l'on puisse faire à cet album est une certaine naïveté qui, même si elle ne porte pas forcément préjudice au groupe s'avère un peu agaçante sur le solo de Love Ecstasy par exemple. D'un autre côté, cela démontre l'envie du groupe et la bonne humeur dégagée par l'ensemble de l'œuvre. Après, la batterie est à sa place, pas inutilement démonstrative mais efficace, et le rendu sonore très bon, donc on peut dire que pour un premier album, le contrat est rempli haut la main. Gageons qu'un prochain opus aussi réussi pointe le bout de son nez, car nous avons affaire là à un groupe assurément prometteur. Affaire à suivre !

0 Comments 02 septembre 2009
Whysy

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