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Je vais être honnête avec vous, je ne savais pas du tout à quoi m’attendre quand le nouveau disque d’Eldritch : Neighbourhell s’est retrouvé sur mon bureau. Je ne connaissais absolument pas ce groupe et partais donc sans a priori. Après une brève analyse de la pochette toute léchée de flammes et ornée d’un faciès grimaçant, j’ai d’abord émis l’hypothèse qu’il pouvait s’agir d’un album de Power/Thrash bien bourrin, avec un clone de Kerry King à la gratte, et un Max Cavalera derrière le micro. Puis j’ai retourné l’album pour admirer le track listing et que ne fut ma surprise en découvrant qu’il n’en était rien. Le groupe était originaire d’Italie, signé chez Limb Music et présent sur la scène prog depuis bientôt dix ans… Fichtre !

Comme quoi il est encore possible, dans ce monde du metal envahi par les clichés de tout poil, de trouver un groupe qui s’amuse à brouiller les pistes et à désorienter l’acheteur. Je fus également surpris de découvrir que le contenu du disque était bien loin de déroger à la règle, car, après quelques notes inquiétantes d’un overdrive rock aigu, on attaque d’emblé avec un gros rythme de guitare typiquement prog, et un rythme de batterie envolé et constamment changeant. Impressionnant de maturité et de ressource ces italiens, car moins d’une minute plus tard l’esprit de la chanson prend encore une nouvelle forme pour introduire un chant oscillant subtilement entre des vocaux hurlés issus du Thrash et de vrais intonations rock comme on en fait plus. Voici a peu prés l’impression que m’a laissé le premier titre de l’album : «Still Screaming». J’ai tenté de coucher sur le papier cette indescriptible frénésie de l’auditeur surpris qui découvre sans cesse de nouveaux plans inventifs pour nourrir sa soif de créativité. Si vous êtes comme moi fatigué de la répétition éternelle des mêmes idées, vous trouverez dans ce Neighbourhell une vraie satisfaction.

Car c’est bien la variété qui semble animer les compos des italiens, l’orientation d’Eldritch va pécher ses influences dans un panel de styles extrêmement différents, en allant prospecter dans le Thrash Us : avec une alternance ravageuse de gros riffs épais et d’arpèges à fois inquiétants et entraînants, sans oublier des vocaux à la Pantera comme sur «Come To Life», «Bless Me Now» ou encore «The Rain». Autant de titres violents dotés d’un souffle ravageur !
Mais également dans le progressif, dont on retrouve la verve sur chaque riff de guitare, avec une paire de gratteux très perfectionniste, cherchant systématiquement le petit plus qui rend le tout unique, avec quelques très belles réalisations, comme l’intro de «Save Me», ou le soutien du refrain de «Second World», sans oublier les alternances overdrive/arpèges très bien rendues, et bien sur les inévitables soli !
On retrouve enfin les traditionnelles racines Heavy/Rock chères au genre, avec quelques power ballades de grande classe (même si a ce niveau on peut presque parler de mid-tempos heavy) : «Second World», «Zero Man» et la superbe «More Than Marilyn». Le chant de Terence Holler n’y est pas pour rien, et je tire mon chapeau au bonhomme pour son grand talent ! Les titres rock de cet album sont d’ailleurs sûrement les plus réussis avec notamment «Toil Of Mine» et «The Dark Inside», pépites bourrées à craquer de bonnes surprises.

Que les quelques âmes sensibles auxquelles le prog donne des boutons soient toutefois rassurées, ce Neighbourhell n’est en aucun cas un pavé indigeste de riffs néo-classiques et d’expérimentations indigestes. C’est un ensemble cohérent, doté d’une vraie unité et d’un esprit affirmé. Eldritch possède sans nul doute déjà un son qui lui appartient, et il sait l’exploiter à merveille dans le rendu pour produire des galettes de la trempe de celle-ci, qui croyez moi, ne débarquent pas souvent dans nos petites menottes.
Outre «Still Screaming» et son incroyable ouverture déjà décrite plus haut, je reviendrai sur mes titres préférés, les vibrants et fédérateurs «The Dark Inside» et «Toil Of Mine», ainsi que sur les, on ne peut plus rafraîchissants, titres Thrash : «Come To Life» et «Save Me». En terminant avec les titres les plus représentatifs de l’éventail d’influences d’Eldritch : «Second World» et «Standing Still» dont les permanentes variations arpèges/riffs, violent/calme, vocaux hurlés/ chantés, sont d’excellents résumés de l’esprit profond du groupe !

Voila je ne broute pas mon plaisir, je suis littéralement aux anges ! Ce disque fut une agréable bouffée d’oxygène et je m’en vais de ce pas me renseigner sur cette formation qui, me semble-t-il n’en est pas à son coup d’essai, ça peut valoir le coup. Et je concluerai évidemment en vous recommandant chaudement cette galette disponible dans les tous bons organes de ventes métalliques.

SMAUG...

0 Comments 29 avril 2006
Whysy

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