Assis sur un banc durant la nuit, apeuré par la rigueur hivernale, le regard dans le vide, un homme repense à sa vie d’antan! Une vision possible de sa destinée? Succès et gloire infinie lui tendait les bras en compagnie de ses fidèles compères, mais à vouloir trop braver les éléments, cette réussite ne représenta finalement qu’un court épisode de sa vie, avant d’ouvrir les portes d’une quatrième dimension et de s’y laisser engouffrer… une dimension qui pourtant avait ouvert la voie du succès! Il laissa cependant un héritage… Qu’on le veuille ou non, l’ombre de cet homme planera toujours sur l’entité « Stratovarius », un génie ce Timo Tolkki ! Je vous entends les grincheux au dernier rang, il faut tourner la page, et Stratovarius, aujourd’hui, ce n’est plus Tolkki… Et pourtant!!!  Difficile d’attendre réellement quelque chose d’un nouvel album de Stratovarius, après l’apothéose « Elements Pt1&2 » et le surprenant mais accrocheur album éponyme en 2005, le groupe erre dans une espèce de cocon bien douillet, incapable de fournir des titres catchys et prenant, et se contentant de mimer ce qui avait été fait par le passé, en moins bien… en ce sens « Polaris » et « Elysium » demeurent des disques de seconde zone qui, s’ils n’avaient porté l’étiquette « Stratovarius », seraient passés somme toute inaperçus ! Tout du moins, ce sont des disques sympathiques, mais qui n’ont laissé que peu de souvenir (au contraire de Symfonia :p) et qui fatalement ne peuvent vraiment peser face aux tubes du passé…!  Voici « Nemesis », 14ème album studio des finlandais, 3ème album de la « nouvelle vague »… Exit Jörg Michael qui s’est envolé vers de nouveaux horizons, et seul Timo Kotipelto et Jens Johansson demeurent fidèles au poste depuis l'époque bénie ! Je ne vais pas vous le cacher plus longtemps mais ce disque dispose d’atouts intéressants permettant enfin au groupe de se forger une identité en respectant le passé, sans être hanté par ses propres démons!  Au rayon des surprises, notons le côté électro omniprésent sur la galette, on est loin de XeNone, mais je vous assure qu’à la première écoute, cela interpelle, à la seconde écoute, cela séduit, et à la troisième, on adhère tant l’utilisation de ce procédé est malin… la base est globalement fidèle aux propos du groupe depuis 20 ans maintenant (malgré quelques écarts…)… bien que simplifiée par rapport aux deux derniers albums un tantinet prog’ par moments… des mélodies catchys, des refrains mémorisables en un tournemain, mais l’ambiance électro modernise la musique des finlandais, et au final la rend encore plus catchy, pop-attitude par moments, mais toujours attachante!  Un gros travail a également été fait au niveau du chant. Jamais Kotipelto n’a paru aussi versatile, un timbre chaud sur le titre « Fantasy », un chant plus aggressif sur « Stand my Ground », avec des chorus puissants et toujours très travaillés sur la majorité des titres (« Out Of The Fog » est juste incroyable !) et enfin un mix soigné (comme d’hab’) qui fait honneur aux compositions sont d’autres atouts indispensables que la galette possède.  Enfin, et c’est là le point le plus important, ce disque ne comprend pas un titre faible, certains n’hésiteront pas à descendre la traditionnelle ballade mielleuse en fin d’album. Si « If The Story is Over » ne réinventera pas le genre, elle a le mérite d’être bien construite, et de toute façon la voix de Timo reste parfaite pour ce genre d’exercice!  Pour le reste on est en terrain balisé, la patte « Stratovarius » reste là, mais cette envie d’évoluer est de bon augure pour la suite. On pourra toujours regretter la mise en retrait de la section rythmique, voire des solis de guitares, moins présent qu’auparavant… et ce au profit des orchestrations, des « beats » et harmonies électro, mais ce disque représente bien un nouveau départ!  Nemesis s’impose t’il alors comme un indispensable? Difficile de l’annoncer pour le moment ne disposant pas du recul nécessaire, mais il est bien armé pour enfin faire oublier le passé et penser au présent voire à l’avenir, pourquoi pas…  L’étoile polaire n’a pas eu raison de l’aura dégagée par notre homme par le passé, toujours assis, seul dans ce parc, œuvrant telle une ombre… Même si ses anciens compères ont voulu s’octroyer l’héritage et pensaient avoir créé leur propre paradis… il rôdait toujours… mais face à cette nouvelle musique, si proche et pourtant si éloignée de ce qu’il a façonné par le passé, notre homme se leva tourna le dos et se retira… à jamais? Les anciens compères tiennent enfin une sorte de vengeance…