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Seule la musique possède cette force, ce pouvoir d’ouvrir notre esprit à l’impalpable. La mélodie est la clé de nos émotions, une invitation au voyage et à la contemplation. Tous les grands artistes puisent leur inspiration dans la souffrance, et si ces moments sombres amènent à la création d’œuvres froides et ténébreuses, c’est entre violence et sensibilité qu’elles arborent fièrement leur authenticité. C’est dans la dépression que la musique de Swallow The Sun tire toute sa sincérité. Tout l’art des Finlandais repose sur l’interprétation subtile de tels sentiments, éprouvés et capturés dans un univers unique où seul le génie de composition de Juha Raivio réside. Par le passé cette alchimie a su faire ses preuves et l’on se délecte encore d’œuvres telles « The Morning Never Came », « Ghosts Of Loss » et « Hope » avec toujours la même émotion. Chaque nouvelle offrande développe une facette inédite de cet univers riche et explore de nouveaux aspects de la personnalité de Juha. « New Moon » ne déroge pas à la règle et développe un contraste clair/obscur singulier, tout en introduisant diverses influences à la fois attendues et étonnantes.

« New Moon » symbolise en quelque sorte l’avènement d’un nouveau Swallow The Sun. Un groupe ivre de nouveaux horizons où cristallisent à la fois influences passées et présentes. Juha Raivio a laissé libre court à son imagination pour ne s’imposer aucune barrière et le résultat, débridé, est tout bonnement bluffant. Si la musique quitte peu à peu les rivages du doom mélodique, c’est pour atteindre une sphère où elle n’est plus définissable par de simples mots. Il n’existe plus aucune frontière et la tendresse s’unit à la violence, la colère flirte avec la nostalgie, afin que seuls beauté et émotion gouvernent. Elles s’immiscent au cœur de la musique et enveloppent l’auditeur dans une torpeur particulière. Cette léthargie dans laquelle nos aimons à nous perdre, où seuls nos songes importent, ce rêve éveillé où l’on flotte au gré des mélodies, à la solde des ambiances, entre paradis et enfer. En effet, nul ne sait ce que « New Moon » réserve. Les profondeurs de l’enfer et les cimes du paradis s’embrassent au sein de chansons qui semblent naviguer entre mélodies légères et guitares diaboliques.

« New Moon » est clairement l’album le plus progressif de la formation. En plus d’être magnifique et surprenant, il propose pour la première fois une sauvagerie et une puissance détonante. L’ombre et la lumière virevolte en une danse sans fin. Si certaines chansons assument un aspect parfois très « lumineux », le contre poids est d’autant plus terrible qu’il nous entraîne vers les abysses de la tristesse. « These Woods Breathe Evil » ouvre l’album de la meilleure manière car elle présente la mue de Swallow The Sun vers un métal plus rapide. Tout en conservant sa griffe atmosphérique, sa texture mélodique unique et son magnétisme charnel, le groupe s’offre le luxe de s’ouvrir à de nouvelles influences. C’est entre fresques épiques aux accents de complaintes et odes mélodiques qu’il vous faudra naviguer, et ces eaux sont déchaînées. Si de superbes pistes comme « Falling World » et « New Moon » tutoient les beautés célestes par leurs mélodies et leurs rythmes hypnotiques, elles brillent également par l’admirable performance de Mikko Kotomäki, un chant clair tout en retenu, émotion, douceur et sensibilité. L’homme progresse d’année en année et, gagnant confiance en lui, il illumine deux refrains fabuleux de son timbre. Tandis que « Sleepless Swans » alterne avec brio ambiances rêveuses et infernales où comme à l’accoutumée la mélodie prime, « …and Heavens Cried Blood » explose sur un final sublime tout au piano.

« Lights On The Lake » est quant à elle l’un des chefs d’œuvre de ce 4e album. C’est l’histoire d’une tragédie familiale. Un père qui perd sa femme à la naissance de leur enfant, et cette colère primitive et incontrôlable qui le poussera à commettre l’irréparable, c'est-à-dire noyer sa petite fille. La chanson s’articule autour d’un duo entre le père et l’esprit de son enfant, ici la merveilleuse voix d’Aleah. Epatante de bout en bout, la chanson semble suivre un cheminement logique par son introduction douce, feutrée, hypnotique, mélodique suivie d’une véritable explosion de violence où s’illustrent les influences purement « black métal » que l’on ne prêtaient pas aux Finlandais. Ici blast beats et voix criarde s’accordent lors d’un passage cruel et très chargé émotionnellement où la souffrance du père est palpable mais supplanter par la colère de la perte. Toujours très imagée, la musique de Swallow The Sun prend aux tripes et ne laisse pas indifférent par des paroles à la fois terribles et touchantes. Des influences « black métal » que l’on retrouve également dans les voix, et ce beaucoup plus qu’a l’accoutumé. Miko Kotomäki ayant clairement exprimé qu’il préférait ce type de vocaux plutôt que sa technique de growls caverneux, que l’on retrouve tout de même en nombre. C’est donc entre growls abyssaux, schrieks perturbants et vocaux clairs somptueux que se partage l’approche vocale cette fois ci.

C’est avec la somptueuse « Weight Of The Dead » que les Finlandais nous disent adieu. Le second chef d’œuvre de ce disque, toujours aussi fou et surprenant, il expose sur 9 minutes tout le talent de composition dont Juha Raivio sait faire preuve. La chanson nous entraîne, lentement, vers le néant, une nuit éternelle d’où aucune lumière ne s’échappe. Un véritable trou noir émotionnel. « Weight Of The Dead » c’est une nouvelle fresque épique et dépressive qui cristallise à merveille la nouvelle identité sonore de Swallow The Sun. Malgré une introduction énergique, voire rapide où ressurgissent les influences « black métal » entre ces incroyables blast beats supersoniques et ce clavier blasphématoire, la chanson ne tarde pas à imploser vers une mélodie diabolique et un rythme lent, pachydermique, hypnotique une fois de plus. Ce dernier titre est très musical et développe l’une des plus belles ambiances de toute la discographie des Finlandais, peut être même l’une des plus tristes. Les mélodies sont fabuleuses, l’atmosphère fantomatique semble irréelle, et l’évolution finale de la chanson est une jouissance de tous les instants, il n’y a pas de mots pour décrire une telle perfection.

Deux années en arrière, après avoir été charmé par le sublime « Hope », je me posais la question suivante : « Avec 3 chefs-d’œuvre en tant d’albums, pourront – ils encore faire mieux ? ». Que puis-je répondre ? Sans ambiguïté : Oui ! Et mille fois Oui ! Swallow The Sun enfante une nouvelle fois d’une œuvre qui va au-delà de mes espérances. Plus mature, plus choquant, plus sombre et abouti que « Hope », ce « New Moon » joue avec nos sens et flirte une nouvelle fois avec l’incroyable. C’est une expérience à tenter, et que vous aimiez ou non, vous n’en sortirez pas indemne !

…TeRyX…

0 Comments 24 décembre 2009
Whysy

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