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Ces dernières années une question est souvent posée dans l’univers musical traditionnel : comment faire du jeune avec du vieux ? Il est vrai qu’il n’est pas rare ces temps-ci d’entendre, à la radio, de vieux tubes des années 70/80 repris et trafiqués pour en faire de vrais succès commerciaux de notre époque. L’exercice n’est pas très difficile. Il suffit de prendre un succès des années 70/80 tel que « Cette année là » de Claude François, de le mettre à la sauce techno/dance grâce à divers arrangements (ordinateurs) pour qu’il puisse être abondamment passé dans les diverses boites de nuit et ainsi être acheté par cette nouvelle génération d’adolescents qui auront pensé que le créateur de cette musique (plagiat) est un génie. On dit merci qui, … merci Microsoft !    

Figurez-vous que ce mouvement musical commence à pointer le bout de son nez dans le monde du métal. Je vous fais peur ? C’est vrai que j’y vais peut-être un peu fort, mais attention car cette année des musiciens reconnus dans le monde du heavy se sont posés cette même question : comment faire du jeune avec du vieux ?
En effet, X-World 5, un nouveau super groupe, constitué de Magnus Rosen (ex-Hammerfall), Reeves Gabrels (Tin Machin, David Bowie), Andy La Rocque (King Diamond), et Nils K. Rue (Pagan's Mind), ont essayé de recycler leur musique afin de proposer quelque chose de nouveau et d’original qui pourrait un peu plus rentrer dans l’ère du temps.

Je m’explique. Tous ces grands artistes, cités au-dessus, performent tous dans le même style de musique : le heavy métal. Pour redonner de l’éclat à ce style ancré dans les années 80, grâce notamment à Iron Maiden, ces différents musiciens ont décidé de concevoir un univers cosmic/spatial autour de leur musique. De ce fait, ils ont intégré de nombreux éléments électro dans leurs compositions et ont créé une réelle ambiance futuriste. Jusqu’à même écrire des textes aux propos au-delà de nos temps (« CyberChrist », « Man Machine », « Alien March »…).

Qu’en résulte-t-il niveau musical ? Le mélange heavy métal et sonorités spatiales fonctionne plutôt bien. Les riffs guitares arrivent à se marier avec les claviers se voulant spatiaux, éléctros, cosmiques, futuristes. Ils permettent d’alléger les rythmiques guitares/batterie qui sont, elles, lourdes pour donner toute la puissance à cette « guerre des étoiles ». Des rythmiques percutantes qui amplifient les impulsions vocales de Nils K. Rue.
Sa voix est, elle-même, trafiquée de façon électronique sur les couplets mais perd cet effet spécial dans les refrains pour montrer toute la puissance de ces envolées lyriques. L’aspect mélodique de la musique ainsi que le côté accrocheur de certains refrains (« CyberChrist », « Man Machine », « Alien March ») repose en grande partie sur sa voix. Il est quand même fort dommage que l’effet robotique (faisant quelque fois penser à Marylin Manson) annihile sa sublime voix sur l’ensemble des couplets. Qui plus est quand on voit sa prestation tout bonnement exceptionnelle sur les refrains. Ca en devient frustrant à la longue.

Même si l’alternance de riffs heavy et d’éléments électros est plaisante, son abondance procure une certaine lourdeur aux morceaux. L’overdose commence à se faire ressentir sur le morceau « Crocked Cross » dont le côté artificiel est bien trop prononcé. Et c’est sur le morceau d’après « Lunar Voyage », et son côté « Anthem » (Kamelot), qui nous prouve que cette utilisation à outrance d’effets spéciaux est peut-être présente pour nous cacher une certaine panne d’inspiration en cette fin d’album. On a l’impression que les compositions deviennent brouillonnes (« Lunar Voyage », « New Eden »). Mais en fait elles ne le deviennent pas, elles le sont depuis le début. C’est juste que l’effet de surprise fonctionne de belle manière en début d’album et permet d’occulter cet aspect brouillon et trop chargé des compositions. Dommage car il n’y a aucun doute sur la qualité du travail qui a été fourni à l’écriture des morceaux. En preuve « Argonaut » qui avec son côté Helloween façon futuriste arrive à convaincre et à nous faire chanter (AR-GO-NAUT). Mais comme on dit, trop d’éléctro tue l’éléctro.

Les vieux ont voulu s’essayer à la tecktonik mais à trop vouloir en faire ont perdu le côté tellement simple et fluide de leur ancienne musique. C’est fort dommage car en équilibrant un peu mieux la balance entre heavy métal et éléctro, la réelle qualité des compositions aurait pu mieux ressortir et aurait permis de montrer que le heavy métal n’a rien à envier aux musiques (« soupes commerciales ») d’aujourd’hui.

Doryan.        

0 Comments 15 décembre 2008
Whysy

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