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Moonspell a décidément la palme de créativité, comme notre cher Gounouman l'avait auparavant souligné à juste titre : Moonspell ne chôme pas ! Comment font les Portugais pour être aussi inspirés et peuvent ainsi coucher deux albums entre 2007 et 2008 ? La réponse est simple : la bande se sert de folklore, d'un peu de l'histoire du Portugal et de poésie macabre pour tisser des titres ensorcelants. Ce n'est pas que de l'imagination mais aussi de l'activité que l'on reconnaît à la formation ! Avec un palmarès de neuf albums en treize années de services, on ne pourra pas dire que certains groupes européens ne sont pas sur le pied de guerre avec une présence aussi appliquée. Toujours est-il que le dernier bébé du combo arrive un an après  Under Satanae résumant l'évolution du groupe sur une note positive.  Night Eternal s'insère dans la continuité de la carrière moonspelliène bien accomplie et apporte son lot de nouveauté.

Avec  Night Eternal, on reste dans un style assez gothique avec toute la fraicheur, la noirceur et la sensibilité qu'on lui reconnaît. Le titre « Scorpion Flower » illustre bien cet aspect de douceur habitée d'un côté par chant féminin d'une légèreté sans égale et de l'autre un Fernando Ribeiro laissant apparaître une certaine mélancolie presque touchante. En effet, ce n'est qu'un exemple mais il s'applique au cas général sur le travail des lignes vocales où rien n'est fait au hasard. La structure musicale englobe des chuchotements (« Shadow Run », « Hers In The Twilight »), des chœurs (« First Light ») et aussi des chants plus extrêmes avec des growls bien insistants. Le rendu est malsain et lugubre, on retrouve une ambiance plombée par des paroles « Dreamless (Lucifer and Lilith) », mais aussi par des riffs et des effets de guitares.

On affronte une variété instrumentale au niveau de la structure musicale : de la guitare sèche (« First Light »), des sonorités orientales (« At Tragic Heights »), des samples aux claviers et de l'orgue pour garder une jambe dans le monde du mystérieux. Les guitaristes officient dans un style déchainé et enragé. Les lignes mélodiques accompagnent bien sûr les morceaux mais prennent un peu plus de liberté par rapport à l'orientation musicale. Sur  Night Eternal  on peut s'apercevoir que les musiciens s'en donnent à cœur joie avec les multiples soli et les pluies de riffs qui s'abattent en trombes (« Moon In Mercury »). Le batteur transmet aussi une certaine énergie palpable sur des morceaux comme « At Tragic Heights » ou « Night Eternal ». Le rythme s'accélère et la redoutable armada musicale se met en marche pour emporter les auditeurs dans des torrents de puissance.

Ce qui est aussi intéressant de constater sur cet opus c'est l'évolution mise en reliefs. Déjà  Night Eternal affirme une continuité dans la mutation de la carrière du groupe. Au tout début Moonspell faisait dans un folk, puis il a glissé sur un style gothique et maintenant nous arrivons sur un Goth/Black. Les Portugais sentent bien qu'il est nécessaire de faire évoluer sa musique pour tenir le cap. Et sur la production on retrouve une sorte de remise en question par le biais des contrastes que l'on peut souligner tout au long de l'album. En effet, des titres tirés d'horizons différents cohabitent et s'interrogent réciproquement sur leur légitimité. La direction artistique est encouragée par un timbre très sombre et un chant particulièrement tenace voire convaincant, toutefois de légers breaks arrondissent l'album pour semer le doute au sein des titres. De plus, l'alternance des titres Goth (« Scorpion Flower ») et Black (« Moon In Mercury » avec ses growls amplifiés) sème la confusion. De ce fait, je trouve une certaine intelligence dans la composition et cette recherche constante est bien menée puisque chaque morceau est interprété à 100 % par chacun des musiciens.

Avec  Night Eternal, la formation portugaise affirme son infléchissement dans un style plus puissant et encore plus sombre. Réalisant ainsi un album très varié et posant des problèmes de continuité dans un genre unique, Moonspell pourra inquiéter certains fans mais permettra de ravir d'autres oreilles qui ne connaissaient pas encore le groupe. Néanmoins, je ne m'inquiète pas sur l'orientation artistique ou sur un avenir incertain lorsqu'on sait que la capacité d'écriture (totalement incroyable) est un allié du groupe.

- ĦĐ -

0 Comments 11 mai 2008
Whysy

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