Vous recherchez quelque chose ?

Avec un nom aussi joyeux que Katatonia, des thèmes musicaux traitant de la dépression, la mort, le suicide ou encore le crime, on ne pouvait pas espérer plus belle illustration que cette cover. Avec son titre volontairement obscur, Night Is The New Day pousse le paradoxe à son paroxysme. Travis Smith à qui on doit les illustrations de groupes connus (Amorphis, Strapping Young Lad, Riverside, Opeth, Novembre, Iced Earth...) a su cristalliser l'essence même du groupe suédois au travers de cette image remplie de tristesse et de froideur. Mais j'ai aussi appris à ne pas (trop) me fier à la façade, car une devanture reste avant tout un moyen de communication visuel. Le combo fabrique de la musique ce qui est différent et s'est assuré trois années d'intense réflexion et de travail depuis The Great Cold Distance avant de mettre bas dans le domaine qui leur est bien propre. Cet opus nous prend par la main pour nous attirer dans un voyage au cœur des sentiments les plus négatifs qui soient. Cependant la beauté ne nait-elle pas de la tristesse ?

Katatonia revient cette année avec un album encore une fois de plus caractérisé par la mélancolie, la tristesse et la détresse. Les environnements sont vraiment exploités au maximum et jouissent d'une réelle profondeur. Le relief musical est constamment mis en scène par un rock éthéré contrasté par des tempos lourds et des sonorités métal. Ceci fait ressortir et appuie la dimension désespérée et insistante de l'œuvre. Rien de mieux que « Departer » pour illustrer cela, qui à mes oreilles m'a paru être la chanson la plus intense émotionnellement parlant. Ce titre clos Night Is The New Day en faisant une magnifique synthèse et en même temps montre la capacité créatrice des musiciens lorsqu'il s'agit de la composition : la musique est attisée par une charge frissonnante de bout en bout sans baisser de régime. Si « Forsaker » ou « Liberation » se développent sur une trame plus métallique, (rassurant quelques personnes au passage) le reste de la tracklist s'adosse sur un genre plus léger. Cependant, les refrains sont souvent repris par une batterie qui monte en volume en même temps que sa vitesse s'accélère, les guitares laissent temporairement de coté l'aspect mainstream pour redonner du mordant aux passages. Les guitares parlons-en puisque afin de parfaire le coté épuré et triste, la majorité du temps on entendra des guitares sèches (« Idle Blood ») mais la coexistence des genres implique aussi les instruments électriques même si vous l'aurez compris ce n'est pas la tendance proposée par la formation.

Il faut pas non plus délaisser le coté doom métal dans lequel les morceaux baignent. Ce caractère s'affiche clairement au travers des riffs puissants et lourds ainsi que par le chant clair interprété par Jonas (« Onward Into Battle »). Le chanteur caresse délicatement ses paroles sans jamais hausser le ton même lorsque ses acolytes orientent les lignes instrumentales sur un degré d'excitation plus important. J'ai dis Doom et pas death/doom, donc nous n'aurons pas de growls, grunts et autres éructations du genre. Par ailleurs, Night Is The New Day joue sur les influences et incorpore des nappes de claviers soit de manière parcimonieuse soit elles se dissipent en arrière plan pour accompagner les délires suicidaires invoqués par les mélodies.

Une musique si enterrée dans la noirceur ne pouvait pas laisser transparaitre quelques lueurs d'espoirs ou des brins de jovialité lorsqu'il est possible. Sous cette pression acoustique, le ton est rehaussé par « Liberation » et « Day & Then The Shade » envoyant des chants plus réjouis et démontrant un entrain rythmique appréciable, mais l'illusion disparaît très rapidement car des chansons comme « Nephilim » viennent asséner un gros coup de massue sur les festivités. Le chant scandé, les lignes de basses slapées, le rythme lent ainsi que les mélodies hypnotiques et agaçantes mettent l'auditeur dans un sentiment inconfortable et de malaise. C'est cette réalité qui est aussi proposée par Katatonia. « Inheritance » (qui m'a fait pensé aux précédentes compositions d'Akira Yamaoka sur le jeu Silent Hill de par ses lignes de guitares et des claviers), m'a donné satisfaction sur le coté horrifique qui s'associe toujours aux genres et sous-genres des albums de ce type là. Alors voilà, les Suédois ne flirtent-ils pas avec le risque de rendre leur opus soporifique ?

On pourrait éventuellement croire que cette homogénéité imposée par l'environnement mélancolique, la composition basée sur le sentiment d'oppression et le timbre linéaire du frontman pourraient fatalement conduire à l'ennui. Je ne dis pas que c'est impossible mais finalement, on évite cet écueil grâce à la musique qui a comporte le petit plus qui va faire accrocher l'écoute. La morbidité, le coté malsain ou que sais-je encore fascineraient-ils ? Je ne sais pas je ne veux pas me définir comme le psychopathe de l'équipe, tout ce que je peux dire c'est que le cote atmosphérique des morceaux concourent à rendre Night Is The New Day irrésistible. En définitive, un album versatile, profondément imprégné et réussi.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 01 novembre 2009
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus