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Il en faut parfois peu pour lancer un groupe talentueux. Il suffit souvent d’un label qui a le bras long. Si Racket Records reste quasiment inconnu hors milieu rock prog, car ne renfermant presqu’un groupe, il reste néanmoins une référence de choix. Ce label se trouvant être celui fondé par le légendaire groupe de rock prog Marillion afin d’autoproduire ses disques et ainsi cesser toute dépendance des grosses maisons de disque.
C’est donc en quelque sorte Marillion qui a pris Gazpacho sous son aile, les norvégiens recevant ainsi l’assentiment ou la bénédiction d’une des références du néo prog.

Même si Gazpacho n’en est pas à son coup d’essai, c’est réellement avec Night que ces derniers œuvrent dans le sens d’une distribution plus large. La démarche du groupe en dit beaucoup sur sa musique ; choisissant de créer un concept autour du rêve, Night s’inscrit dans une perspective aussi bien esthétique et picturale que sensorielle et intuitive. Rien que ça ?
Je m’explique. Esthétique et picturale dans le sens où vous ne trouverez nuls lyrics dans le livret, laissant ainsi aux illustrations d’Antonio Seijas Cruz toute leur force d’expression puisque assimilant, digérant l’âme de Night pour en restituer la quintessence sous forme graphique.
Dès lors, il nous faut dégager de ces lignes, apparentes en filigranes dans les illustrations, notre propre interprétation. Décrire un univers fantasmagorique est une chose, le rendre perceptible et expérimentable à l’infini en sont deux autres. Les lyrics ne poseront donc pas de barrières strictes et formelles à cette œuvre. Il s’agit alors beaucoup plus d’un travail d’appropriation. Vous l’aurez aisément compris, on a là à faire à une musique qui va être résolument planante, flirtant par moment avec le Marillionesque d’un Marbles.
Ambiances et chant pour points focaux, l’auditeur se laisse aller à ses rêveries. Rythmiques rémanentes, ambiances velours noir reflétant presqu’un sommeil paisible. Ici, on ne s’essaye guère à la technique, on préfère s’évertuer à mettre en scène les émotions, en héroïnes d’une pièce sublime.
Dans le fond, cet album est d’un noir paisible, le chant s’y appose, torturé, délivrant, à grand renfort de nuances évocatrices et d’intensité, des parties à placer entre Hogarth (Marillion) et Bellamy (Muse). On aura de cesse de penser au leader de Marillion, "HOGARTH SORT DE CE CORPS", on le verrait presque avec son chant maniérer entrain de geindre sur son micro. Bref on en redemande malgré le mimétisme.
Les rythmiques saccadées, parfois métronomiques, restent dans des sons assez cleans ou très peu saturés, comme le veut la tradition néo prog. Ceci permettant de ne pas entacher la finesse des mélodies. Rêveries sur fil rouge branlant, désarticulé mais paradoxalement assez continu ; voici ce que nous propose Gazpacho avec Night.

Sans conteste, cet album réserve de grands moments à ceux qui apprécient l’atmosphérique mélancolique. Piqué au vif par des refrains tels celui de Valerie’s Friend (traitant de la meurtrière d’Andy Warhol, l’icône du Pop Art), l’auditeur laissera filer cet album assez fluide mais non dénué de relief, comme un doux rêve qui atteind des sommets au niveau de la conceptualisation graphique et littéraire. Je recommande donc vivement cet album à tous les amateurs de musique atmosphérique et mélancolique. L’album est également en libre écoute sur leur website alors n’hésitez pas à y jeter une oreille.

Dreamer

0 Comments 21 septembre 2007
Whysy

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