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La musique est-elle intemporelle ? Ce sujet de philosophie, sur lequel j’avais planché 15 années auparavant, venait soudainement de me revenir en tête à l’écoute du troisième album de Widow : Nightlife. Chaque chanson ravivait un peu plus ce traumatisme toujours présent, causé par la note lamentable que m’avait value mon devoir. Cet album, comme tant d’autres, illustrait à mes yeux cette éternelle interrogation sur l’intemporalité de la musique, et j’allais y trouver quelques bribes de réponses. Des réponses non pas à cette grande question que je qualifierais d’existentielle, tant la musique vaut toutes les philosophies du monde, mais des réponses à mon échec : que m’avait-il manqué pour réussir mon devoir ? Car si je devais disserter à nouveau là-dessus, je trouverais dans cet album pas mal d’éléments pour développer un tel sujet, des exemples à foison à placer dans mes trois chapitres, les fameux thèse-antithèse-synthèse.

Pour étayer ma première partie, je commencerais par dire que bien sûr, à première vue, la musique de Widow ne paraît absolument pas intemporelle, tant elle semble enfermée dans les années 80. Comment ne pas retomber vingt-cinq années en arrière à l’écoute des premiers riffs de ce disque ? Comment ne pas penser aux chanteurs des bands qui jadis ont fait la gloire du Métal, Mötley Crüe ou Riot pour ne citer qu’eux, en entendant chanter John E. Wooten IV ? On jurerait les refrains de we will meet again ou nightlife sortis d’un de ces albums qui emplissent aujourd’hui les rayons « disques d’occasion – années 80 ».

Mais tout n’est pas si évident si l’on approfondit un peu notre écoute. Déjà, il n’y a pas un seul chanteur mais deux. Nos deux larrons sont également les guitaristes de ce groupe qui ne compte plus que quatre membres, l'ex-chanteuse ayant été remerciée après l’album précédent. Il faut aussi savoir que trois des musiciens officient dans un groupe de Death Metal : Sorrow Bequest. John E. Wooten IV assure dans Widow la voix principale, une voix claire typique des années Glam-Metal, tandis que Cristof Bennett assure une voix… death. Lorsque l’on sait que les gars ont justement formé Widow pour pouvoir s’adonner à un heavy plus classique que ce qu’ils pratiquent dans Sorrow Bequest, on peut s’interroger sur l’utilité d’intégrer dans Nightlife ces vocaux hurlés pour le moins inappropriés. Du coup, cela rend cet album beaucoup moins « classable ». Voici un moyen efficace pour se sortir de l’étiquette « années 80 », mais Widow gâche sa musique par la même occasion. Je pèse mes mots en effet, car même si vous aimez le chant death, celui de Cristof Bennett est franchement moyen, écoutez donc pour vous en convaincre le refrain de teachers pet, que l’on jurerait sorti tout droit de la gueule de Taz. Quant aux reprises de Van Halen et Kiss en fin d’album, elles sont littéralement massacrées par ce chant désastreux.

Ceci mis à part, Widow s’en sort musicalement pas trop mal, alors pourquoi tant de haine ? Les parties de guitares sont plus que correctes, les gratteux s’amusent bien, sans être avares de bons riffs et de solos efficaces. Bien sûr, pour l’originalité, on repassera, les influences sont flagrantes. Quelques exemples : first born transpire l’Iron Maiden période Paul Di'Anno, at the end emprunte bien plus que le début de son nom à « at the end of the raimbow » d’Hammerfall, cut of life est très inspiré des ballades du Metallica de l’époque. Il est donc fort dommage que Widow se soit acharné à absolument vouloir se sortir du carcan « années 80 » en insistant très lourdement sur un chant hargneux qui ne me plaît absolument pas. Nightlife en devient certes un album moins temporel, mais n’évite pas mon irrémédiable sanction : une note qui ne peut dépasser la moyenne.  Maintenant, si vous êtes un inconditionnel du bon vieux heavy traditionnel et si vous aimez les hurlements à la Taz, foncez !
[right]Chris[/right]

0 Comments 16 mars 2008
Whysy

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