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On a tous rêvé, un jour, qu’une œuvre culturelle nous soit consacrée. Que ce soit sur le plan cinématographique, théâtral ou musical, le fait qu’un spectacle nous soit destiné, tel une offrande, est un désir qui ne relève que de notre imagination… ou presque. En effet, en cette belle année, le souhait allait devenir réalité pour ma part puisque un groupe allemand a sorti son premier album en choisissant comme nom de scène : Dorian Opera.

Le groupe s’est formé l’année dernière pour pouvoir réaliser ce « cadeau ». Connaissant mes goûts musicaux, les membres composant le groupe ont créé une musique mélangeant la puissance et la technique de la musique rock et prog avec l’aspect mélodique et émotionnel de la musique classique. Pour cela, ils se sont inspirés de mes attirances musicales telles que la musique baroque, la musique médiévale, et également de plusieurs groupes tels que Dream Theater, Symphony X ou encore Queen. Tous ces éléments prédestinaient un présent des plus délectables.

L’album s’ouvre sur une instrumentale de bonne facture. Un prog très bien foutu avec un côté néoclassique rendant légitime le terme opéra de leur nom. L’influence Dream Theater se fait clairement ressentir à travers les différents rythmes, les mélodies guitares et l’utilisation du clavier. Un synthé qui arrive même à prendre toute sa personnalité de par ses sonorités éléctro qui ne sont pas sans rappeler les compositions de Motoï Sakuraba, talentueux compositeurs de musique de jeux vidéo (Star Ocean, Valkyrie Profile, Baten Kaitos…). Cette ouverture, pleine de feeling, fonctionne de belle manière. On ne peut pas en dire autant de la deuxième instrumentale « No Secrets ». Peu percutante et surtout très pompeuse, cette instrumentale, plus néoclassique que prog, se permet même de plagier la rythmique de « The Root of All Evil » de Dream Theater.

Lorsque la voix se pose sur les morceaux de Dorian Opera, les rythmiques plagiées ne s’estompent pas et c’est cette fois celle de « As I Am », de Dream Theater, qui est imitée sur « Sacrifice ». Et de manière générale, l’esprit Dream Theater (rythmiques, break jazzy, ligne de piano…) se fait énormément ressentir même un peu trop. La personnalité du groupe en devient affaiblie et même si d’autres influences sont facilement discernables (notamment Symphony X sur « Tell Me Your Lies » et « Dead or Alive »), c’est vraiment celle des Américains qui plane un peu partout sur les compositions.

Dommage car l’insertion d’éléments néoclassiques aurait pu leur donner ce petit quelque chose de plus qui les aurait fait émerger du lot. Mais à côté de ces multiples rythmiques prog, cet aspect néoclassique devient presque anecdotique.
Le seul élément apportant un peu de fraîcheur aux compositions est leur évidente deuxième influence : Queen. Que ce soit le début au clavier de « Dead or Alive » (plagiant quelque peu « Show Must Go On »), l’utilisation des chœurs (« Little Lies », « Fly With Me »…), on sent que Queen est une inspiration du groupe. Et je dois avouer que le mélange prog et hard rock fonctionne plutôt bien.

A côté de ces nombreuses influences, qu’en est-il des vraies capacités du groupe ? C’est assez mitigé, il y a du bon comme il y a du mauvais.

Côté point faible, on ne peut passer à côté de Joe Eisenburger (chanteur et bassiste). Sa voix est tout simplement horrible. Je ne vois pas comment on pourrait dire le contraire. A croire que les musiciens n’avaient pas trouvé de chanteur et qu’ils ont tiré à courte paille celui qui chantera et c’est tombé sur le bassiste. Irritable, fausse, crispante, un nombre incalculable d’adjectifs à connotations négatives nous viennent à l’esprit quand on entend sa voix. Et quand un effet rétro s’ajoute à celle-ci, il devient difficile de ne pas stopper l’écoute. En plus de cela, on a tout le temps la désagréable impression que la voix est en décalée avec les instruments. Il est peut-être difficile au chanteur de suivre le rythme de la batterie et la mélodie créée par la guitare et le clavier tant les deux ne sont parfois pas en adéquation (« Tell Me Your Lies »). Le tout provoque confusion et lourdeur sur la plupart des morceaux. Certains passages sont même vraiment indigestes (le final de « Sacrifice »). On avouera également que la production, très brouillonne, n’aide pas à une bonne cohésion.
Tout ceci ne facilite pas la création de refrains percutants. Et c’est dommage, car si le son n’est pas bon, on sent que les refrains sont vraiment travaillés. Ce qui m’amène aux points forts.

En effet, si on occulte, et c’est difficile, le son assez brouillon, on se rend compte que certains refrains sont travaillés. Celui de « Sacrifice » par exemple mais c’est surtout celui de « Fly With Me » qui approuvera le mieux mes propos. Une très belle mélodie pour une ballade, à l’atmosphère médiévale, très réussie.
Autre point positif, les différents breaks sillonnant les musiques. Même si ceux-ci sont très inspirés par Dream Theater, on ne peut qu’applaudir le talent du guitariste et du claviériste. Le premier pour son feeling et sa justesse et l’autre pour son électro savoureux et sa virtuosité. La bonus track, « Estate-Presto » (reprise classique de Antonio Vivaldi), confirme cette virtuosité.

Comme vous pouvez le voir, la balance penche plus du côté des points négatifs et la voix atroce du chanteur permet presque à elle seul d’annihiler tous les points positifs de Dorian Opera. J’ai bien l’impression que c’est donc un cadeau empoisonné que m’offre là mes confrères allemands. A moins que… attendez… une phrase m’interpelle dans la biographie du groupe « Dorian : Échelle surtout souvent utilisée dans les compositions rock ». Cet album ne m’était donc pas consacré, tu me diras il en est peut-être mieux ainsi…

Je vais quand même accorder la moyenne au groupe car on sent un réel potentiel, et je suis sûr qu’avec un vrai chanteur, Dorian Opera pourra se faire une place dans le milieu du métal. Et puis un Dorian ne déçoit jamais…

Doryan.

0 Comments 19 octobre 2008
Whysy

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