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Laissez les bons temps rouler”. Cette phrase qu’on pourrait croire sortie d’un proverbe un peu désuet c’est la devise (en français dans le texte, s’il vous plaît) de la Louisiane en général et de la Nouvelle Orléans en particulier. C’est un vieux rappel des lointaines origines de l’Etat. C’est surtout une ode à la fête, à la gaieté, à la bonne chair. A mardi gras en quelque sorte que la ville célèbre en grande pompe tous les ans d’ailleurs. On est bien loin de cette atmosphère festive quand on écoute le tout premier album de Down, NOLA dont la pochette, sobre et sombre, arbore la traditionnelle fleur de lys réglementaire, autre souvenir laissé par les précédents dirigeants de la Louisiane.

Fondé en 1991 par des membres des illustres Pantera, Crowbar, ou encore Corrosion of Conformity, Down, mené par l’emblématique Phil Anselmo, est forgé dans l’esprit du sud des Etats-Unis. C’est donc tout naturellement que le premier album des américains, sorti en septembre 1995, s’intitule simplement NOLA, en référence à la ville sinon d’origine, du moins préférée, des membres qui composent le groupe (New Orleans LouisianA). Ainsi, pour louer dignement leur cité, Down n’a rien trouvé de mieux que le metal chaud et bourdonnant qui porte le doux nom de southern metal. Le disque regroupe donc des titres aux rythmes moyens mais très lourds, d’inspiration stoner, qui titillent les oreilles.

Musicalement, NOLA tient toutes ses promesses. Pas un morceau, pas un moment, pas un riff, ou une mélodie qui ne soit déplacé, incongru, ou pas assez puissant. De “Temptation’s Wings” à “Bury Me In Smoke”, les musiciens tissent une ambiance à la fois rude et légère, désabusée mais vaillante. “Rehab” et ses lignes piquantes, “Losing All” appuyé par ses relents dépressifs démontrent à leur façon tout le savoir-faire de Pepper Keenan et ses compères à composer des titres bruts. Ici rien de lisse : Down laisse parler sa fougue et ses travers et expose à tous, sans faire de chichis, sous le couvert de la musique, sa vision du monde loin des paillettes et des manières.

Pour faire simple, NOLA est imprégné par ses origines. Les riffs sont poisseux et semblent sortir des recoins les plus moites de la Louisiane. “Stone The Crow” et “Bury Me In Smoke” collent à la peau comme un jour d’été humide. En fermant les yeux sur “Eyes Of The South”, on se croirait transporté sur les rives du Mississippi. Avec “Jail”, et malgré son titre, on entendrait presque le vent dans les cyprès. Down est resté les pieds sur terre, bien ancré dans l’herbe de ses origines. Et c’est sans doute pour ça qu’on en redemande. Encore et encore.

L’addiction vient aussi du chant éraillé du charismatique leader de la formation américaine. Phil Anselmo est marqué par sa ville, par la vie et ses excès et cela se ressent dans les lignes vocales tourmentées et rugueuses qui accompagnent la musique. C’est bien simple les deux fonctionnent à l’unisson : il n’y a qu’à écouter le final à donner des frissons de “Hail The Leaf”. On a l’impression que Phil Anselmo pose ses tripes sur la table et se sert de la musique comme d’un exutoire. “Underneath Everything” semble tellement naturelle et sincère.. Torturé, presque venimeux, le chant est plus que réussi ; il est envoûtant à en brouiller nos repères. Ainsi, quand Phil Anselmo nous hurle ses “Lifer” désespérés dans les oreilles c’est presque une déclaration d’amour que l’on entend.

Si, si, vraiment.

Et, si vous en doutiez encore, je vous invite à écouter “Stone The Crow” et “Bury Me In Smoke” déjà évoqués plus haut. NOLA ne contient pas de titre bancal ou mal agencé. Chacun possède sa propre identité et les refrains, souvent imparables, en font tous des hits en puissance (“Temptation’s Wings” qui ouvre le bal avec brio par exemple). Cependant, ces deux chansons, d’une certaine façon, sortent du lot et pourraient entrer, sans difficulté, en conflit avec “Hopkins” de Cathedral pour le titre tant disputé de meilleure chanson du monde. Pourquoi ? Parce que avec leur riffs rugueux et déprimants, ils arrivent, des années après, à donner des papillons dans le ventre.

Pour un premier essai, l’opus de Down est une petite merveille, sans doute très homogène mais qui a le mérite de frapper et, non pas là où ça fait mal mais là où ça fait du bien. Certes, tout ce petit monde avait déjà un certain bagage musical à  son compteur et savait ce qu’il faisait mais la sauce a pris formidablement bien. Si bien d’ailleurs que Down possède une aura mystique que n’ont jamais réussi à avoir les autres groupes du style. Une réputation qui a permis au groupe de la Nouvelle-Orléans de se trouver une place à part sur la scène metal et à NOLA de devenir un incontournable !

Peut-être parce que tout simplement, NOLA, et ses musiciens parlent avec le coeur. Le disque fournit l’ivresse folle du défoulement salvateur, l’innocence des nouveaux départs, et la sagesse de ceux qui savent de quoi ils parlent. C’est peut-être trop prêter comme importance à un si petit album. Qu’importe ! NOLA est vivant et marqué comme l’endroit d’où il vient, comme ceux qui l’ont composé. Il mérite ses honneurs et ses louanges. Il est peut-être tard pour Down pour laisser les bons temps rouler. On va se contenter de laisser NOLA tourner. En boucle si possible, c’est encore mieux.

Nola

0 Comments 12 février 2012
Whysy

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