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Ce qu'il y a de merveilleux lorsque l'on travaille pour un webzine comme Heavylaw, c'est que l'on reçoit parfois des nouvelles de groupes que l'on ne connaît pas encore, que l'on découvre donc, et au charme desquels on succombe immédiatement ! Un vrai bonheur...

Cette merveilleuse découverte que je m'en vais vous faire partager aujourd’hui, c'est le groupe Thork. Originaire d'Annecy, cette formation officie dans un Rock Progressif que l'on pourrait qualifier d'onirique... Et pour cause, Nula Jedan, troisième album du groupe récemment sorti en autoproduction, nous offre un voyage féérique au pays des songes, au gré d'atmosphères sublimes alliant le Rock Progressif 70’s aux influences celtes, médiévales, orientales, ou encore électroniques.

Mais Thork n’est plus véritablement un groupe à proprement parlé, puisqu’il s’agit en fait du travail d’un seul homme, Sébastien Fillion. Ce dernier se charge en effet des textes, de la musique, des arrangements, de l’enregistrement, du mixage et du mastering (rien que ça...). Mais il ne s’arrête pas là, car il assure, en plus du chant, de nombreux instruments (guitares, basse, flûtes, percussions, etc) ; bref un homme complet ! Et si je vous dis qu’en plus, il est écrivain (deux thrillers, «Le Choix» (2006) et «Noël et un jour» (2007), publiés aux éditions Le Lion Rouge), vous comprendrez que le bougre regorge de talents !

Mais revenons-en à Nula Jedan,  un concept-album profond, bâti sur un thème dramatique :
Nula Jedan (prononcez « Noula Yèdan ») signifie « Zéro Un » en bosniaque (allusion au code binaire et à l’algèbre booléenne présente au cœur de la technologie moderne) ;
Qu’est-ce qui fondamentalement distingue l’homme de la machine ? Les perpétuels conflits de notre Terre peuvent-ils altérer l’espèce humaine en la privant de sentiments ? L’homme est-il encore un homme sans âme ?
Un disque tournant autour de cette dualité homme/machine, avec en trame de fond la récente page noire balkanique.

Outre son concept, l’atout majeur de ce disque est sans conteste sa richesse musicale !
Thork puise ses racines au sein d’un rock progressif ambiant aussi étoffé que subtil. Il allie avec brio la mélodie aérienne de la guitare au jeu entrainant du duo basse/batterie. Des titres comme Revoir ou le somptueux Danse des airs ne sont d'ailleurs pas sans évoquer les travaux de Pink Floyd, King Crimson ou des premiers Genesis. Apparaissent également un nombre impressionnant de musiciens talentueux dont les interventions sont toujours justes et savamment agencées. En véritable chef d'orchestre, Sebastien Fillion nous offre donc un éventail impressionnant d’émotions et de sentiments tout au long de ce disque. Au détour de chaque morceau, il nous dévoile une ambiance différente qui nous voit naviguer entre des titres atmosphériques nimbés de voix célestes (Ex-Slave) ou d'effets électros (la voix filtrée de Ces rêves-là et J'aurais pu, lequel n’est pas sans rappeler A Natural Disaster d’Anathema), et d'autres plus simples et directs (Ici), voire presque Metal (01 et ses intonations à la Porcupine Tree). Il nous incite également au voyage et à l'évasion par le biais de percussions tribales (La lumière) ou d'ambiances folk (Au ciel) dont les chants en bosniaque et les instruments traditionnels évoquent la féérie tragique des œuvres du tandem Kusturica/Bregović  (je précise que ces derniers sont serbes et que les relations entre les communautés serbes et bosniaques n’ont pas toujours été au beau fixe ! Mais loin de moi l'idée de vouloir polémiquer : c'est simplement que je retrouve dans ce titre à la fois la magie et la tristesse que l'on éprouve en visionnant le film Le Temps des Gitans).

Je vous semble probablement peu objectif, non ? Il est vrai que je me suis laissé hypnotiser par l'univers musical de Thork, et je ne saurais que trop vous recommander d'en faire autant ! Mais je vais faire un effort surhumain et m'extraire momentanément de cette transe pour oser émettre une petite critique (gratuite) : si le chant de Sebastien Fillion s'avère la plupart du temps remarquable de sensibilité en collant parfaitement aux émotions véhiculées, il arrive que certaines expérimentations soient un peu trop en décalage avec la profondeur de la musique (des filtres trop présents, un chant aigu parfois trop insistant, ...). Mais il ne s'agit là que d'un minuscule détail noyé dans un océan de perfection !

Bref, inutile de tergiverser plus longtemps, Nula Yedan est une œuvre envoûtante par sa beauté et sa sensibilité ; une véritable ode à la l'introspection et à la découverte. Autant dire qu'il est incompréhensible qu'un tel album ne soit pas encore signé sur un label digne de ce nom... Quoiqu'il en soit, ne passez pas à côté !!!



Les musiciens :
Sébastien FILLION : Voix, Guitares, Basse, Synthétiseurs, Rhodes Mark I, Piano, Low Whistle, Tin Whistle, Percussions (3,6), Glockenspiel, Programmation...
Philippe MAULLET : Batterie, Percussions (1,8)
Arnaud FILLION "Arnito" : Violoncelle, Oud
Claire NORTHEY : Violon
Samuel MAURIN : Basse additionnelle (3), Basse Fretless (8)
Violette CORROYER : Voix (1,3,8)
Hugo QUILLET : Trompette (6,8), Bugle (6,8)
Jérôme BLANC : Trombone (6,8)
Jérémie MAXIT : Tablas (3)

0 Comments 06 février 2008
Whysy

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