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Il arrive des fois où l’on voit une injustice se dérouler devant nos yeux et qu’on se dise : «Je ne peux pas laisser passer ça!». Comme quand par exemple un gang de grand-mères martyrise impunément des jeunes enfants innocents à coup de cabas et de bottes de poireaux ou qu’un nourrisson se fait voler sa sucette à l’artichaut préférée. C’est affreux comme sentiment n’est-ce-pas ? Et bien figurez-vous que c’est exactement ce que j’ai ressenti quand j’ai découvert que le premier véritable album solo de Devin Townsend n’était pas chroniqué sur HeavyLaw. Oui j’entends déjà les plus indignés d’entre vous crier «SCAAAANNNNDAAAALLLEEE !!!!!». Alors tel un zorro des temps modernes, je m’en vais rectifier ce petit problème.

L’année 1997 est un tournant dans la carrière de Devin Townsend car elle va prendre deux voies bien significatives. En effet, malgré un premier essai sorti en 1995, c’est en 97 avec le culte City que son groupe d’extrême Strapping Young Lad perce vraiment. D’un autre côté, il crée le chef d’oeuvre qui va lancer son principal projet solo, Ocean Machine-Biomech.

Cet album va lui permettre de poser les bases de sa patte inimitable et reconnaissable entre mille. Un son transcendant les genres et les styles, mêlant principalement des expérimentations à base de heavy, de progressif et d’atmosphérique. Des mélodies pouvant atteindre une densité impressionnante, comme sur l’intro de "Night" ou encore sur "Bastard", mais qui pourtant même durant les moments de tensions arrivet à avoir un côté apaisant et relaxant. Le style Townsendien, c’est une manière de construire les morceaux aussi. Ainsi, l’enchaînement d’un simple riff d’intro suivi d’un gros mur de son est une structure plutôt récurrente ici et qu’on reverra par la suite. On la revoit par exemple dans la piste "Addicted" de l’album éponyme. Un autre élément du style du Dev’ posé dans Ocean Machine est une utilisation importante de nappes de synthétiseurs, permettant de faire ressortir le côté éthéré en plus de l’ambiance aquatique de l’album et relaxant dont je parle un peu plus haut. Celles-là même qui nous font aussi ressentir une certaine attirance du compositeur pour les sonorités New Age.

A l’instar de son nom, tout dans ce disque est fait pour nous évoquer l’élément aquatique. En effet, Ocean Machine est une véritable odyssée qui vous donnera l’impression de faire un voyage à travers les mers, sous tous les aspects que celles-ci peuvent recouvrir. De nombreux bruitages sont ainsi utilisés pour nous mettre dans le bain (presque sans mauvais jeu de mots :)), des bruits de vagues à ceux d’un orage éclatant en passant par des cris de mouettes. Les instruments en eux-mêmes se veulent l’incarnation de cet élément, par exemple sur le refrain de "Seventh Wave" où des accords délibérément lents et lourds s’abattent telles de titanesques vagues s’écrasant sur les récifs. Je pourrais aussi vous parler encore de ces synthétiseurs qui englobent l’auditeur et lui donne l’impression d’être au fond de l’eau. Le mixage est impeccable et on s’y croirait vraiment.

Les ambiances défilent dans nos oreilles à mesure que le temps s’écoule. De la mer agitée de "Seventh Wave", on passe à la pop et pleine de vie "Life" pour revenir au calme olympien des fonds marins avec "Sister" et "3 A.M.". Au passage "Regulator" vient pour nous rappeler que l’océan n’est pas non plus de tout repos, tandis que la pureté des chœurs à la fin de "Voices in the Fan" nous bercent dans un moment de répit salutaire.

L’album se termine sur 2 des meilleures pistes, "Bastard" et "The Death Of Music". Et croyez-le ou pas mais celles-ci valent à elles seules l’achat de l’album. Une houle s’écrase violemment sur le rivage, et "Bastard" nous entraîne dans les profondeurs sombres et déchaînées des océans, où la guitare se ferait presque l’écho du cri des mammifères marins. La détresse qui se dégage de cette piste n’a d’égal que la profondeur des abysses dans lesquelles elle nous entraîne. "The Death Of Music" est l’apothéose de l’album. Un monument ambiant/atmosphérique de 12 minutes, laissant la grâce et tout le talent du jeune musicien nous exploser à la figure. J’ai rarement pris une aussi grosse claque émotionnelle que lors de l’ultime refrain de ce morceau, sublime envolée pleine de beauté et de tristesse. Devin, mélangeant magnifiquement les parties de chant clair et des parties plus dures et éraillées tout au long de l’album, nous livre jusqu’à la fin une prestation vocale de qualité et haute en émotions.

Il existe des génies qui arrivent à tellement à imprégner leur musique de leur personnalité que les simples étiquettes ne suffisent plus pour définir leur style. Devin Townsend nous en a apporté la preuve tout au long de sa carrière et Ocean Machine-Biomech en est une des fondations. J’ai encore peine à croire qu’un monument pareil ait pu sortir en 1997. Dire qu’à l’époque j’écoutais Freed From Desire de Gala… Bon j’avais à peine dix ans, mais ça n’excuse rien! Que pourrais-je dire de plus si ce n’est que cet album est un chef d’œuvre absolu. Une expérience unique que je recommande à quiconque ne connaîtrait pas encore Devin Townsend et voudrait s’y essayer. Et qui mérite largement la note maximale.

Quetzalcoalt

0 Comments 18 janvier 2010
Whysy

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