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Les Australiens ont une image assez particulière, on les imagine souvent entourés de kangourous en train de manger du serpent avec un collier de dents d'alligators autour du cou... Comment ça je regarderais trop de films ? Bon c’est sûr, le cliché de Paul Hogan dans le rôle du crocodile dundee m’a paru évident, mais réduire le peuple océanique à une caricature d’aventurier et à un sous-Indiana Jones est dépréciatif. Cette caricature me parait d’autant plus fausse puisque si on observe le monde du métal extrême, on remarque une multitude d’assaillants jouant des coudes pour se faire une place sur la scène musicale. Be’Lakor fait partie de ceux qui ont su échapper à l’anonymat avec notamment un debut album d’une envergure impressionnante. Au travers de « Stone’s Reach », le groupe avait su capter un flot musical d’une ampleur sans précédent et l’injecter directement dans nos oreilles sans détour.

Avec « Of Breath And Bone », l’appel semble être clair, la déliquescence musicale se déroulera dans un environnement combatif et épuisant. Par le biais de ce titre, on se doute bien par ailleurs que le groupe ne fera aucune concession et s’emploiera dans un registre complètement enragé, mais pour le moins affable. Et même si la cover illustrant le conte de Charles Perrault, dresse un cliché de l’innocence et de la bienveillance incarnées par le Petit Chaperon rouge, n’oublions pas la férocité matérialisée ostensiblement par le loup tous crocs dehors et la violence subtilement évoquée par le choix des couleurs sombres couplées au rouge hématique de la cape de notre petit enfant. C’est ce que j’appelle un contraste et le choix semble judicieux. En effet, dès « Abeyance », la formation nous plonge dans des horizons pesants et lourds instaurés par une utilisation des basses et une batterie qui percute sans relâche. « The Dream And Waking » illustre bien cet exemple avec les blast-beats incompressibles qui nous immobilisent dans un état catatonique durant de nombreuses secondes... Et le pire dans tout ça, c’est qu’on en redemande.

En effet, cet opus ne dément pas les prémisses du premier album, avec l’appui de la structure musicale particulièrement musclée, on relève rapidement que les musiciens ne font aucune concession. Les guitaristes parviennent à maintenir la pression avec des riffs assourdissants pendant que le chant se maintient de manière inextinguible sur une intensité palpable et courroucée (« In Parting »). George Kosmas vocifère, enrage et tourmente les paroles avec un aplomb hors norme. Les lignes de chant occupent une place importante avec une interprétation caverneuse, la musique du groupe parvient à décupler la vigueur et l’animosité créées en l’espace de quelques notes. Cependant, la structure musicale ne se contente pas d’un seul argument ! Une légère variation caméléonesque se tire une partie de la couverture et il arrive par moment que certains attraits impériaux fassent irruption (« Remnants »). La dimension progressive pointe toujours un peu le bout de son nez afin de permettre d’éthérer le bouclier musical oppressant (« By Moon And Star »).

Certains albums demandent beaucoup de réflexion et il est difficile de se positionner malgré beaucoup de recul. Avec « Of Breath And Bone », nul besoin de se poser la question, on est de suite emporté dans un torrent mélodique et incroyablement compulsif. De ce fait, les musiciens arrivent fréquemment à nous surprendre que cela soit par le biais des breaks magistraux (« Fraught », « In Parting ») ou grâce à des leads monumentaux. J’aurais presque envie de vous dire que cet album est une valeur sûre du death métal mélodique, et je ne pense pas me tromper. Les musiciens affichent une rigidité nécessaire pour ne pas affaiblir leurs compositions et porter au plus haut l’intérêt, tandis qu’ils savent intelligemment mettre en évidence des passages relativement accessibles et avant tout captivants. D’autre part, les différentes chansons respirent le perfectionnisme notamment avec une introduction le plus souvent jouée sans distorsion (guitare sèche ou piano), calibrant la violence à la baisse et lorsqu’arrivent les grésillements on saute une marge ainsi le relief est d’autant plus marqué.

En tout cas, on est conquis et on ne peut qu’apprécier « Of Breath And Bone » dans son ensemble. Le concentré musical exploite au maximum les aspérités d’un death mélodique sans s'embarrasser des écueils qu’on peut retrouver dans d’autres groupes et/ou albums. Les Australiens s’en sortent haut la main avec un opus complètement réussi et qui reste d’un niveau égal du début à la fin. Ce qui impressionne le plus c’est avec quelle facilité déconcertante la formation instaure cette frénésie à un régime élevé sans défaillir. À écouter d’urgence et sans vous interroger, le reste Be’Lakor s’en occupe !

0 Comments 12 mai 2012
Whysy

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