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Après l'exceptionnel Pneuma, paru début 2012, les grecs de Hail Spirit Noir remettent le couvert à peine deux ans plus tard et autant quand Dream Theater le fait ça m'énerve, là je ne peux que m'incliner. Car ce nouvel opus, Oi Magoi (« les magiciens »), est une perle, un trésor d'inventivité, un candidat très sérieux au titre d'album de l'année.

Le style n'a guère changé, et si on est maintenant moins surpris, l'émerveillement ne s'arrête pas pour autant. On retrouve ce mélange très atypique de true black et de prog début 70's, une alliance qui semble invraisemblable mais pourtant, elle est bien là. Bien sûr, il n'y a pas mille façons de réaliser un alliage aussi dangereux : la plupart du temps, on constate que le jeu de batterie a été considérablement simplifié, et souvent ralenti. Les guitares sont sales au possible, et les claviers complètement seventies. Ne reste plus qu'à accomplir deux miracles : trouver un chanteur capable de délivrer un chant black rauque et dégueulasse aussi bien qu'une voix chaude adaptée à des tonalités plus mélodiques, et puis écrire des morceaux qui tiennent le coup sans être une adaptation d'un style à l'autre.

Et c'est là que les 3/5èmes de Transcending Bizarre présents sur ce Oi Magoi ont une idée géniale : on va utiliser des styles intermédiaires pour réaliser la fusion. Par exemple, Demon For A Day possède cette légèreté mélodique qu'avait Blue Öyster Cult (et qu'a Ghost B.C. aujourd'hui), ce qui lui donne ce côté tube pop particulièrement réjouissant. De son côté, le sublime Satan Is Time emprunte ses volutes atmosphériques à des formations post-black plus modernes, autorisant le mariage satanique. Et ainsi de suite. Mais arrêtons ce décorticage sans intérêt, je ne voudrais pas vous donner l'impression que Hail Spirit Noir n'est qu'un melting pot d'influences : c'est un vrai groupe, une identité bien marquée, et une patte sonore immédiatement reconnaissable. Les trois grecs (Theoharis, Dim et Haris) ont intelligemment créé ce cocktail fusionnel qui porte leur nom et ne doivent rien à personne. Et quand il le faut, il savent se rappeler que dans black psyché prog, il y a black. Satyriki Orgio, s'il offre des développement prog, s'il possède comme les autres morceaux cette dimension sépulcrale d'appel à Satan, ce n'est qu'après deux minutes de true bien glauque que vous pourrez les entendre. Mais c'est vrai que, dans ce Oi Magoi, les morceaux sont plus souvent construits autour d'une structure prog ou heavy prog, et offrent par moments des colorations ou transitions black metal.

Loin de ces arguties, ce qui marque surtout dans cet album c'est la qualité des morceaux. Le long et épique The Mermaid est fantastique, et le final presque doom Oi Magoi, un bijou de production. Légèrement adouci, Hail Spirit Noir nous offre sur ce recueil plus de mélodies et d'ambiances, et un peu moins de violence expérimentale, et en cela poursuit étrangement le même chemin que Ghost, avec un an d'écart, et dans des styles différents. Même s'ils ont en commun cet amour du Malin, leur trajectoire commerciale est pour l'instant diamétralement opposée : Hail Spirit Noir est encore, et peut-être devons-nous nous en réjouir, un side-project plus ou moins obscur, célébré par la critique mais peu connu du grand public. Il est vrai que l'union de deux styles particulièrement clivants peut dérouter, et que cet Oi Magoi contient sa dose d'agressivité, notamment dans la voix black de Theoharis.

Mais je voudrais pas réserver ce superbe album à qui que ce soit, il peut être écouté par n'importe quel amateur de metal, il est puissant, violent, mélodique et beau. On n'est pas loin du chef d’œuvre, à tout le moins une réussite magistrale. Oi Magoi de Hail Spirit Noir, si vous n'aviez besoin que d'une porte d'entrée pour en déguster la sève écoutez l'incroyable Demon For A Day, écrit à quatre mains par Fenriz et Paul McCartney.

0 Comments 09 mars 2014
Whysy

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