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Après des débuts ancrés dans un black Metal mélodique mais des plus farouches, et avant d’adopter une orientation musicale plus expérimentale et planante dépourvue de puissance électrique, In The Woods…a fait du Metal mélancolique. « Omnio », leur deuxième album, représente la véritable apogée créatrice d’un projet trop vite disparu, qui laissera des regrets dans le cœur de nombreux fans. Créative, originale et foncièrement unique, la troupe norvégienne, se métamorphosant à chaque nouvelle parution, aura eu le temps de nous laisser un héritage des plus nobles, capable de susciter beaucoup de bonheur chez les auditeurs assez courageux pour s’aventurer à percer les secrets cachés dans la complexité de leur expression artistique.


Car la musique du groupe est vraiment tout sauf évidente et facile d’accès. Proposant un Metal aux rythmiques polymorphes, d’apparence déstructurées, passant des riffs black et des percussions saccadées aux parties de violon délicates et enchanteresses, aux pianos mélancoliques, pour repartir dans de l’acoustique ou encore sur des tempos plus plombés, In The Woods… nous déroute à chaque instant, tout en conservant une cohérence interne ahurissante. Bien que dépaysés, on garde le sentiment que le groupe, lui, maîtrise parfaitement son sujet et sait exactement comment nous conduire où il le désire. Dans les bois peut-être ?

Composé de seulement 7 pistes oscillant entre 6 et 14 minutes si l’on excepte la plus petite « Kairos !», le groupe nous propose un voyage à la fois psychédélique et enchanteur sur des terres de légende, peut-être jamais explorées jusqu’alors. Difficile de trouver où amarrer cet album : la mention qui me paraît la plus adaptée serait Doom Metal progressif, bien que les guitares ne revêtent que rarement la lourdeur caractéristique du genre, que cette appellation ne séduirait pas forcément les puristes, et que les changements de tempos soient légions… Pour le plus grand plaisir de nos oreilles, car la lassitude et l’ennui s’avèrent véritablement bannis de cette étrange machine à voyager.

Se présentant avec une pochette d’album peu engageante (mais finalement, ne collant pas si mal avec la musique du groupe), proposant un minimalisme certain et une production correcte mais manquant désespérément de relief (à l’évidence le plus gros point faible de l’album), In the woods… ne fait aucun compromis et reste d’une simplicité évidente, tout du moins sur la forme. Mais l’expression de son propos en est tout autre...

Alternant sans cesse entre chant masculin (très proche de celui d’Anathema) et féminin (simple, mais des plus agréables), ne proposant que trois cris extrêmes sur toute la durée de l’album (à chaque fois bien placés), superposant les lignes de chant jusqu’à nous déboussoler complètement, passant d’une fureur contenue (l’introduction d’ « I am your flesh »), à de psychotiques délires débridés (la très étrange mais tellement géniale « Omnio : bardo », particulièrement délicate à aborder à cause de ses folies synthétiques), en gardant à chaque instant une base Metal des mieux construites…In the woods..., jamais agressif mais souvent touchant (particulièrement sur « Weeping willow », mon morceau préféré du disque) s’impose à nous sans que l’on puisse vraiment comprendre ce qu’il nous arrive.  

Je le confesse, les premières écoutes m’ont laissé vraiment sceptique. Mais quelque chose m’avait déjà interpelé dans la musique du groupe, et je désirais comprendre pourquoi tant de fans de Metal s’inclinaient devant la démarche d’In the woods..., et qualifiaient cet Omnio de chef d’œuvre. Au fil des écoutes, quelques mélodies me sont restées en tête, et petit à petit, le labyrinthe m’a révélé toute la portée de ses fabuleux mystères. Et aujourd’hui, me voilà parfaitement convaincu !


Personnellement, je recommanderais Omnio à tous ceux qui se sont régalés de l’ambiance des deux premiers Agalloch et des deux premiers Opeth…A mon avis, ce sont eux qui ont le plus de chance de se retrouver dans cet album aussi déroutant qu’excellent, qui supporte à merveille les écoutes répétées…. Et qui mériterait vraiment un son plus puissant et une production meilleure pour atteindre l’excellence, de laquelle il n’est vraiment pas loin.


Gounouman

0 Comments 19 octobre 2007
Whysy

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