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Il en est des premiers albums comme de toutes les premières fois ; ce n'est jamais vraiment totalement réussi. Dans les années 80, c'était souvent le 3ème album d'un groupe qui asseyait sa réputation, le fameux album de la maturité, l'étalon auquel les suivants et les précédents allaient être comparés.

Def Leppard n'échappent pas à la règle, et si l'on peut déjà reconnaître la patte du groupe de Sheffield dans On Through the Night, son premier album, c'est surtout au niveau de la structure de ses morceaux, et de la voix caractéristique de Joe Elliot. Les compositions elle-mêmes, sans être faibles, sont loin d'être transcendantes. On y sent les prémisses des tubes futurs, mais à l'époque de sa sortie, ce disque laissait un goût d'inachevé. Il y manque clairement quelque chose. On sent le potentiel du groupe, on devine qu'il peut faire bien plus et bien mieux ; du coup, un sentiment de frustration domine, accentué par une production anémique (normale pour un premier album, et pour l'année de sa publication).

Les titres font la part belle au chant et aux guitares, dont les solos sonnent encore seventies.
Le disque commence fort, avec l'énergique « Rock Brigade », un brûlot de rock percutant à la rythmique dynamique, bruits de bottes en renfort, choeurs discrets, le premier titre annonce la couleur.

Mais c'est surtout le second « Hello America » qui reste gravé dans les mémoires. Incontestablement le meilleur morceau de l'album, avec ses couplets oscillant entre le plaintif et le revendicatif, et son refrain catchy agrémenté de sonorités de synthés, ses solos de guitares simples et directs, et son passage percussions/voix sans guitares. Destiné à séduire l'ancienne colonie britannique, ce titre permit au groupe de placer son album dans le top 15 de l'année 1980, et lui offrit la première partie d'une tournée US en ouverture de pointures comme AC/DC, Pat Travers et Ted Nugent.

Def Leppard prenait toute sa dimension en live, et se forgeait une solide réputation au sein de la New Wave of British Heavy Metal. Certains morceaux sont d'ailleurs enregistrés en public, comme « Rocks Off ».
Le groupe a malicieusement placé la chanson intitulée « Overture » en dernière position de l'album, comme pour dire que la fin n'est que le début.
D'autres morceaux s'annoncent moins réussis, « Sorrow is a Woman », « Satellite », « Rocks Off ».

Et finalement, aucun n'est exceptionnel. Cet album a donc surtout valeur de témoignage des débuts d'un très bon groupe. Car, en toute objectivité, il est plutôt moyen. Les compositions sont là, mais sont encore trop marquées par la décennie précédente. L'identité du groupe s'affirme peu à peu, grâce à la voix très particulière de son chanteur. Pour le reste, peu de choses le font sortir de la masse de groupes similaires qui éclosaient constamment dans les années 80.

Ce n'est pas un album que l'on garde sur sa platine pendant des semaines d'affilée ; le réécouter éveille une certaine nostalgie, et la hâte de poser les albums suivants sous la pointe de diamant du tourne-disque.
Sans être mauvais, il est plus que dispensable. Et c'est bien normal, dans la discographie d'un groupe, rares sont les premiers albums à laisser des souvenirs impérissables.

Avec On through The Night, Def Leppard se lance dans un galop d'essai qui lui permet de faire le compte de ses forces et de ses faiblesses. Le titre « When the Walls are Tumbling Down » laisse entrevoir une certaine affinité pour les mélodies qui devait s'épanouir au grand jour sur les albums suivants.

Au final, cet album amorce en douceur l'ascension vers les sommets pour le groupe britannique emmené par un leader charismatique à la voix inimitable.

0 Comments 29 avril 2012
Whysy

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