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Attention, sensation en vue !! Je n’ai pas l’habitude de commencer mes chroniques en tuant le suspense aussi vite, mais au diable les conventions, cet album va faire du bruit, j’en mets ma main (gauche) à couper. C’est en substance ce que je me suis dit après la première écoute de ce Once Romances Desde Al-Andalus (il s’agit bien d’un titre espagnol, et non pas anglais), second album sous le patronyme de Saurom pour ce combo espagnol. Chantres d’un métal identitaire mais terriblement efficace, les ibériques malgré leur maigre expérience frappent un très grand coup, et viennent confirmer tout le bien que l’on pense de la scène espagnole, véritable pourvoyeur de jeunes talents.

Même si le style annoncé est du power folk, les influences folk sont finalement assez discrètes, mais très intelligemment intégrées dans la musique de Saurom. Inspiré par la littérature et la poésie andalouse (le groupe est d’ailleurs originaire d’Andalousie), on ressent clairement le côté latin de cet album, avec d’une part le chant totalement en espagnol (ce qui donne une résonance encore plus forte à la musique), et d’autre part cette énergie, cette puissance communicative qui est la raison d’être du power métal. La production est tout à fait honnête, même si elle privilégie souvent la puissance au détriment de la précision, ce qui rend parfois les lignes guitares un peu fouillies.

Ce sentiment de puissance trouve sa source première dans le chant (qui a été masterisé au Finnvox, ce qui peut expliquer certaines choses), véritable réussite de cet album : Migue enchante les titres avec sa voix rauque, puissante et bourrée de feeling, qui fait penser à certains moments au vocal de Hansi Kursch (Blind Guardian), notamment avec les effets de chœurs qui donnent un volume incontestable aux lignes vocales. Musicalement, Saurom n’est pas en reste avec une ribambelle de titres tous aussi puissants et accrocheurs les uns que les autres. Les refrains sont remarquables d’efficacité (sur El Laberinto de los Secretos ou Un Castillo de Versos Nostalgicos entre autres), gavés d’arrangements bien exécutés (avec un travail très intéressant des claviers), ce qui fait passer les treize titres de cet album avec une facilité déconcertante.

Les quelques touches folk dont je parlais plus haut viennent surtout appuyer les influences ibériques prononcées : guitares sèches, flûtes, percussions ou violons apparaissent tour à tour, et la somptueuse outro (Sollozos Desde el Destierro), à mi chemin entre musique traditionnelle espagnole et chant arabe, est une superbe preuve musicale du métissage de cette région du sud de l’Espagne, au carrefour culturel de la civilisation européenne et nord africaine. Le groupe revendique clairement ses racines et ses influences, et le résultat n’en est que plus probant. L’épique El Monte de Las Animas, aux relents de cavalcades guerrières, montre aussi l’aisance de Saurom sur des chansons plus longues, où les expérimentations symphoniques font mouche.

Once Romances Desde Al-Andalus est un album de très grande classe, d’une fraîcheur vraiment plaisante sur la scène power actuelle. Sans chambouler le style, Saurom possède ce talent et ce supplément de personnalité qui font la différence. Les quelques petites réserves que l’on peut émettre (quelques titres un peu moins percutants, le chant très typé qui pourra déplaire à certains, production un peu brouillonne) ne viennent pas réellement entacher leur performance musicale, croisement entre efficacité, puissance et créativité. Un gros coup de cœur pour ma part, et assurément la bombe power de ce début d’année 2008. Courez y jeter une oreille, vous ne serez pas déçus.

0 Comments 04 mai 2008
Whysy

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