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Comment donner un successeur au monument Draconian Times ? C’est sans doute une question qui a traversé l’esprit des anglais au moment d’entamer l’écriture du nouvel opus. Comment faire pour, une fois en haut de la vague, ne pas en redescendre brutalement ? Paradise Lost l’a bien compris, avec le succès musical et commercial de son dernier bébé, le passe-droit n’existe plus. Impossible de sortir un album moyen sans risquer le camouflet. Mais, une fois encore, le combo anglais va nous prendre à revers avec One Second.

Le groupe d’outre Manche est devenu, au fil des albums, un spécialiste du changement de cap brutal. Rappelez-vous de Gothic et de son successeur Shades of God, que tout séparait. On pensait que cette drôle de manie avait cessé avec les deux derniers albums qui suivaient une logique musicale bien établie, mais One Second va une nouvelle fois couper le cordon. D’un heavy gothique puissant et racé, les anglais passent à un format heavy électro quelque peu déstabilisant.

Tout d’abord, on est surpris très vite par l’omniprésence des parties claviers, qui donnent cet aspect électro à l’album. Utilisés avec beaucoup de prudence auparavant, ils sont ici légion et mènent le train sur One Second. Si certains morceaux conservent une âme heavy (comme Say Just Words), certains autres sont assez novateurs : rythmique épurée et mécanique, claviers à outrance, guitares domptées et chant très adouci. C’est aussi une des grandes nouveautés : le chant écorché de Draconian Times se mue en chant plus clair et plus linéaire, où les coups de folie n’ont plus leur place. Nick Holmes a mis les brides, délaissant la puissance éclairée pour un feeling froid qui, s’il est intéressant sur le fond, manque tout de même d’accroche.

One Second est donc à deux vitesses : la volonté de renouvellement des anglais (qui passe par ce côté électro tout nouveau) se heurte parfois à des réminiscences heavy / doom, symbolisées par quelques titres qui font la part belle aux guitares. Quitte à changer de style, on aurait apprécié que les anglais aillent encore plus loin. Leur héritage musical semble les empêcher de se lâcher totalement, c’est d’autant plus dommageable que certaines chansons sont vraiment innovantes, écoutez par exemple Sane ou Take Me Down où les ambiances électroniques sont troublantes et prenantes.

One Second symbolise-t-il une fuite en avant ou un réel désir de changement, d’évolution ? La réponse se trouve sûrement entre les deux, et faisons confiance aux anglais pour conserver le secret aussi précieusement qu’une recette de grand-mère. On pourra toujours tergiverser en se disant « mais pourquoi ont-ils fait ça ? », les faits sont là : Paradise Lost a grandi, et veut s’émanciper de ses racines profondes. Chose partiellement atteinte avec One Second, où des relents de guitare lead viennent troubler la bonne marche des claviers qui prennent singulièrement le pouvoir. Dommage que les natifs d’Albion n’aient pas poussé la démarche jusqu’au bout, l’impression demeure que cet album est, pour parler familièrement, le cul entre deux chaises, coincé entre désir de modernité et nostalgie d’un passé glorieux. La transition sera délicate, mais sera.

0 Comments 27 juillet 2007
Whysy

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