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En étant honnête, qui affirmait lorsqu’Ava Inferi sortait « Burdens » que le groupe serait toujours là cinq ans plus tard ? Peu de chroniqueurs se seraient aventurés à le jurer.
De très nombreuses raisons expliquent cela, jugez plutôt !
D’abord parce que le groupe pratique un métal plutôt difficile d’accès : c’est un groupe tel que les affectionne notre codeur préféré, c’est-à-dire avant tout black (n’oublions pas qu’Ava Inferi est un projet de Blasphemer, ex-Mayhem) et atmosphérique. Ensuite, parce que, bien qu’ayant une « frontwoman », celle-ci ne suscite pas de désirs de soirées en tête-à-tête : Carmen Susana Simões semble dangereuse, si triste dans ses habits blancs tachés de sang. Une veuve noire mortifère. Enfin, autour d’Ava Inferi, pas de battage, peu d’informations, c’est d’ailleurs un franc euphémisme.

C’est pourquoi cette nouvelle discrète sortie des Portugais mérite une oreille particulièrement attentive : « Onyx » est leur quatrième album. Car ils sont toujours là, et Ava Inferi toujours debout.  La preuve en est négligemment apportée en ce début d’année. C’est d’ailleurs assez réjouissant, cette bonne santé du groupe. Je le dis avec d’autant plus que plaisir que ceux qui ont accablé la formation de sarcasmes finissent par l’avoir assez mauvaise : si c’était aussi plat et ennuyeux que cela, il n’y aurait pas autant d’adeptes.
Si la mélancolie frigorifiante d’Ava Inferi ne vous a jamais touché, vous n’êtes sans doute pas à lire cette chronique. Mais si vous avez déjà rêvé, portés par le charme lancinant des dentelles fanées tressées par les Portugais, restez. « Onyx » est un album énigmatique, touchant, qui tire ses ficelles de l’abîme de quelque faille dans une montagne physique ou psychique - qui sait ?

La musique du groupe se fait toujours plus orchestrale depuis le premier album, et ce quatrième album est dans cette logique un disque un peu plus électrique que les précédents, voire avec des accents symphoniques : la chanson «The living end», magnifique pièce de près de 7 minutes au romantisme surrané nous surprend presque, placé juste après l’introductive «Onyx». L’album est ainsi, à égrener les nouvelles perles de leur chapelet noir : solos de guitare inattendus, sur «The Heathen Island», évidemment, et sur «((Ghostlights))», refrain clair scandé quasi avec enthousiasme (!!!) sur Majesty, titre très mélodique («By Candlelight & Mirrors», avec choeurs et  «la la la la» fredonnés, si si !!).

Clairement, on est moins dans le goth développé les premiers temps que dans le doom. Mais cela ne choque guère : le passage de l’un à l’autre se fait sans abandon de style, certainement grâce à l’absence de changement dans le line-up. Il y a la même recherche de créer quelque chose d’unique. La créativité d’Ava Inferi est bluffante, et en plus, elle est modeste. La lourdeur du combo ne disparaît pas derrière ces nouveaux arrangements. Les chansons sont toujours en petit nombre, mais relativement longues, permettant à l’auditeur de se promener dans chaque titre comme dans autant de greniers à secrets de famille lourds de menaces ou d’histoires de fantômes. D’ailleurs, le dernier titre se nomme «Venice in Fog». Sur les riffs lourds et la voix de Carmen qui se fait plaintive, le cinéphile se repassera «Mort à Venise» de Visconti.

En conclusion, ce disque est sans doute le plus facile à écouter du groupe, mais sans que cela change quoi que ce soit à la maturité de l’ensemble. Certainement, il saura conquérir de nouveaux fans tout en ajoutant une nouvelle carte maîtresse à une discographie déjà diversifiée.

Avec impatience, on attend la suite.

0 Comments 10 mars 2011
Whysy

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