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Deux heures avant le concert de Toulouse, je retrouve le guitariste du groupe, Peter Lindgren, pour qu’il nous livre ses impressions sur la tournée que le groupe est en train de faire ainsi que sur leur dernier album, Ghost Reveries.



Salut Peter, peux-tu rapidement te présenter ainsi que ton groupe ?

Salut à toi !! Je suis donc Peter, un des deux guitaristes du groupe Opeth, un groupe suédois qui existe depuis environ 15 ans, avec 8 albums à son actif dont le petit dernier, Ghost Reveries !!


Pas trop fatigué par la grosse tournée que vous êtes en train de faire ?

Pas vraiment. Nous tournons depuis juin, avec quelques festivals cet été et la tournée de Ghost Reveries depuis septembre. Malgré le rythme élevé, on n'est pas vraiment fatigués.


Trois mois après la sortie de Ghost Reveries, vous avez fait une tournée aux USA, vous êtes actuellement en Europe et vous allez donner quelques concerts en Grèce, en Turquie, en Australie et en Nouvelle Zélande. Est-ce qu’on peut dire que Opeth est devenu aujourd’hui un groupe à dimension mondiale ?

Si on en juge par le nombre de dates que le groupe peut faire, dans ce sens on peut dire que nous sommes reconnus vraiment partout dans le monde. On a déjà fait quelques dates dans des pays comme la Turquie par exemple, ce qui montre que nous étions déjà connus avant cela. Mais c’est vrai que nos tournées sont de plus en plus longues et couvrent toujours plus de pays, preuve que le travail que nous avons effectué commence à payer. Et nous pouvons donner je pense de très bon concerts un peu partout sur la planète.



Peut-on dire que votre nouveau label, Roadrunner, vous offre plus d’opportunités en terme de promotion et au niveau des concerts (plus grandes salles par exemple) ?

Je pense que Roadrunner est vraiment un bon label pour ce qui est de la promotion, dans le sens où dans le passé les gens pouvaient avoir du mal à trouver nos albums alors que maintenant ils sont disponibles un peu partout.
Pour ce qui est des concerts, c’est notre management qui gère le nombre de dates et les endroits ou nous allons, et de ce point de vue-là, Roadrunner ne nous apporte rien puisqu’ils ne s’occupent pas de ça. Mais c’est un bon label je pense.


Sur quels critères avez-vous choisi Roadrunner ?

Comme je l’ai dit avant, la principale raison est que nous voulions un label qui nous permette de diffuser le plus largement possible notre musique à travers le monde, et Roadrunner était vraiment bon dans ce domaine puisqu’ils ont, on va dire, une envergure mondiale.
Nous voulions vraiment un label qui travaille dur pour nous (rires), qui nous offre une bonne promotion, plus large que chez Music For Nations par exemple, nous sommes satisfaits pour l’instant du travail accompli et j’espère que ça va continuer (rires).


Depuis votre dernière tournée, vous avez engagé à temps plein Per Wiberg aux claviers. Comment a-t-il été intégré au processus d’écriture ou de composition ?

Plutôt bien je dois dire. Il a été impliqué dans toutes les étapes de Ghost Reveries : il a proposé des idées, il a fait quelques riffs … C’était vraiment un grand changement pour nous, un défi presque, d’amener l’apport d’un clavier dans nos compositions. Mais c’est vrai que ça nous apporte des choses, des sonorités que nous ne pouvions pas envisager avant. Même si nous avons eu recours aux claviers dans le passé pour quelques albums, nos possibilités sont plus grandes maintenant, et à tous les niveaux je dirais : par exemple, en tant que guitariste, j’ai plus d’opportunités à jouer des choses un peu différentes sachant que le clavier est présent.


Et même au niveau du live ?

Oui bien sûr. En fait on a déjà utilisé des claviers sur Damnation par exemple, mais on sentait pendant l’enregistrement de Ghost Reveries que les chansons avaient vraiment besoin de claviers pour être plus intéressantes.


Revenons en à Ghost Reveries. Pourquoi avez-vous choisi de ne pas enregistrer l’album avec Steven Wilson (ndc : ancien producteur du groupe ainsi que de Porcupine Tree) ?

Ce n’est pas tellement que l’on ne voulait plus de lui (rires) mais en fait il était très occupé avec Porcupine Tree et il n’avait pas vraiment le temps de s’occuper de Ghost Reveries. Et donc nous avons décidé en commun accord avec lui de prendre un autre producteur afin qu’il se focalise uniquement sur l’album de Porcupine Tree.


Ou avez-vous trouvé Jens Borgen (producteur de Ghost Reveries), parce qu’il a vraiment fait du bon boulot sur Ghost Reveries ?

En fait nous l’avons rencontré lors de l’enregistrement de l’album de Katatonia, et on a trouvé qu’il avait fait un boulot remarquable au niveau de la production. Et donc quand on était à la recherche d’un producteur pour Ghost Reveries, Katatonia nous l’a recommandé et nous n’avons pas hésité à lui faire confiance. Et au final, c’était un bon choix puisque le résultat est selon nous vraiment bon.


On sait que l’ambiance durant l’enregistrement du concept Deliverance / Damnation n’était pas au beau fixe. Comment s’est passé l’enregistrement de Ghost Reveries ?

Beaucoup mieux !! Déjà nous avons changé de studio d’enregistrement pour ne pas retrouver les ondes négatives de l’enregistrement précédent (rires), et nous avons travaillé avec des professionnels qui connaissaient parfaitement leur métier et qui ont répondu beaucoup mieux à nos attentes. De plus, nous avons vraiment décidé de prendre notre temps pour enregistrer Ghost Reveries, par rapport à Deliverance / Damnation où nous avons du aller vite pour que les deux albums se suivent sans trop de décalage, ce qui a engendré forcément de la pression et des tensions entre nous. C’est une chose que l’on a pas retrouvé avec Ghost Reveries, nous n’avions pas les mêmes objectifs et cette pression, et donc ça s’est vraiment bien passé !!


Les problèmes sont derrière vous ?

Je l’espère !! On ne peut jamais être sûr de ce qui va se passer, mais je l’espère oui.



Quelles sont les principales inspirations, les principales idées développées sur Ghost Reveries ?

Il n’y a pas vraiment de concept, d’idées principales dans Ghost Reveries. On cherche plus à faire « sonner » l’album de telle ou telle manière plus que de développer des idées conductrices. Sur Ghost Reveries, on a surtout cherché à faire du death métal classique avec des influences des années 70 ou 80.


Comme on a pu l’entendre sur Deliverance par exemple ?

Tout à fait, Mickael (ndc : Akerfeldt, le chanteur guitariste du groupe) est fan de cette période et de ces sonorités un peu spéciales. Et on retrouve ces influences dans ce que l’on fait, puisque Mickael participe beaucoup au processus créatif. Mais pour en revenir à ta question, on essaie de développer certains sentiments sur chacun de nos albums. Deliverance par exemple : c’est vraiment le sentiment de haine, de colère qui ressortait de cet album, et c’était ce que nous voulions faire passer. Sur Ghost Reveries, c’est un peu différent, on a plus travaillé sur le thème de la peur, de l’horreur, avec des paroles plus tournées vers cela et des chansons plus théâtrales on va dire, plus complexes aussi.


Musicalement parlant, vous semblez, comme tu le disais, être revenus à un métal plus complexe, plus dans le style de Blackwater Park notamment. Quelle est ton opinion à propos de cela ?

En fait, on évite de revenir sur ce qu’on a fait dans le passé, on essaie de composer indépendamment de nos anciens albums. On travaille plus sur l’instant, on essaie de développer nos idées ou nos sentiments du moment plus que les choses passées.
La différence principale avec Blackwater Park est que nous avons intégré des claviers sur tous les titres, et ça sonne vraiment différemment je pense par rapport à Blackwater Park.


Est-ce que vous allez refaire des concepts albums comme Deliverance / Damnation ?

Pas deux albums à la fois, c’est vraiment trop, ça crée beaucoup de problèmes. C’était amusant cela dit, c’était une bonne expérience de travailler comme cela avec un peu de recul, mais ça a failli tuer le groupe (rires). Donc on refera peut-être des concept album, mais un à la fois !!


Quels sont les points forts de l’album selon toi ?
Je pense que chaque chanson a sa personnalité propre, elle ne dépend d’aucune autre. Et malgré ça, on a réussi à trouver un certain équilibre sur l’ensemble de l’album. Par exemple, Atonement sonne complètement différemment de Ghost Of Perdition mais malgré cela elles se complètent.
Sinon je pense que la production est vraiment bonne aussi.


Et les faiblesses ?

Ah bonne question (rires) !! Ce serait plutôt à toi de me le dire (rires) !!
Sérieusement c’est difficile pour l’instant de mettre en avant les faiblesses : l’album est sorti il y a 3 mois environ et au niveau du live les chansons passent vraiment bien j’ai l’impression, donc je pense qu’il faut un peu de temps et de recul pour voir les points faibles, mais pour l’instant, tout nous semble impeccable (rires).


Même si les critiques sont plus partagées que pour Deliverance par exemple ?

Pour l’instant on a eu vent surtout de bonnes critiques pour Ghost Reveries, mais l’important ce n’est pas tellement ça, c’est plutôt la façon dont on perçoit l’album. A mon avis, Ghost Reveries représente mieux ce que nous sommes aujourd’hui, plus que Damnation ou Deliverance qui étaient plus des concepts liés au chaos par exemple. Ghost Reveries symbolise plus une certaine unité retrouvée au sein de groupe, et ce malgré les différences de personnalités.



Quelle est ta chanson préférée sur Ghost Reveries et pourquoi ?

Pour le moment, c’est sûrement le premier titre, Ghost Of Perdition. Je pense que c’est la chanson la plus représentative de l’album, celle qui correspond le mieux à l’ambiance que l’on a essayé de créer sur Ghost Reveries.
Sinon je pense qu’Atonement est aussi un très bon titre, différent de Ghost Of Perdition mais complémentaire. C’est un peu ce que je disais au début, les chansons sont différentes mais complémentaires, elles participent toutes à leur façon à créer une ambiance spéciale.


Quelles sont tes impressions sur les dates françaises (Paris en septembre et décembre, Toulouse et Lyon) ?

Oui nous avons fait deux concerts à Paris cette année, deux fois complets donc ça fait plaisir de voir que l’on est apprécié ici.
En fait on a divisé notre tournée européenne en deux parties, la première pour faire le nord de l’Europe (Angleterre, Allemagne et Scandinavie) et la seconde pour faire les pays du sud (Espagne, Italie et sud de la France avec Toulouse et Lyon). Mais c’est vraiment dans le sud que l’on trouve les meilleures ambiances : les gens n’hésitent pas à bouger, ils sont comme des fous (rires) !!


Je te laisse le mot de la fin !!

C’est vraiment bien de pouvoir revenir à Toulouse. Nous avons joué ici en 1996 je crois, c’était au Bikini et déjà malgré la taille de la salle c’était un excellent souvenir. En plus la salle est un peu spéciale, avec une atmosphère et une architecture particulières, donc ça va être intéressant de jouer ici.
Et bien sûr je voudrais remercier tous nos fans sans qui nous n’aurions pas l’énergie de faire toutes ces dates. Merci à eux !!


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Interview réalisée le 07/12/2005 à Toulouse
Cliff

0 Comments 07 décembre 2005
Whysy

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