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Voici les premières notes qui déboulent dans un torrent d’instruments et de voix magnifiquement interprétées ! Orgue, guitares, basse, batterie et chœurs transcenderaient presque cet air d’orgue composé par Johann Sebastian Bach au début du XVIIIe siècle, je fais bien sûr référence à la renommée Toccata und Fuge d-Moll BWV 565.

Une chose est sûre, l’album débute en trombe pour le plus grand plaisir des oreilles, et la première minute vingt semble en annoncer énormément sur la tournure de l’album : du classique power métallisé de façon magistrale !

L’annonce d’un album concept comme All My Kingdoms alliant Power Metal et Musique Occidentale Savante a le don d’attirer mon attention, moi qui suis convaincu que le Power n’existerait pas sans Antonín Dvořák, et qui est persuadé que Antonio Vivaldi serait à la tête du plus gros groupe de Heavy de tous les temps s’il était né le 12 mars 1956.

Pour mener à bien de telles ambitions, il faut un line-up solide ! Et les musicos d’Heavatar sont tout simplement excellents. Pour rappel, vous trouverez au chant et à la guitare rythmique 7 cordes Stefan Schmidt (le “guitare” lead vocal de Van Canto), derrière les fûts Jörg Michael ([ex-Stratovarius, ex-Axel Rudi Pell] liste non exhaustive), à la lead guitare Sebastian Scharf (sorti de nulle part, mais quel talent !), et enfin à la basse David Vogt (alias Charles Greywolf, Powerwolf), que du beau monde !

Oui mais voilà, ma note en haut à droite de cette chronique ne vous a pas échappé, un malheureux petit 6/10 qui signifie que c’est très moyen mais que l’on accordera tout de même un point de plus, comme pour dire merci par un léger hochement de tête avant de se retourner et de partir... Alors qu’est ce qui cloche ?!

Malheureuseument, plusieurs choses...

Premier point “frappant” si je peux dire : la batterie ! Qu’est ce que c’est que ce son ? Quelqu’un l’a t-il écouté durant le mixage ? Les tomes et la grosse caisse résonnent d’une façon spongieuse, flasque !

Ensuite, la voix et la façon de chanter de Stefan Schmidt. Elle a du mal à nous emporter, comme trop forcée ou trop limitée pour ce style de musique. Ce n’est pas que je n’aime pas les voix d’hommes sévèrement burnés, mais au lieu de se rapprocher d’un registre à la Piet Sielck (Iron Savior), elle sera plutôt à ranger dans celui d’un David Michael Draiman (Disturbed) en moins dynamique. Sur le titre Born to fly on croirait même entendre James Hetfield (Metallica)...

L’univers musical général de l’album sonne plus Nu Metal que Power Metal, une double pédale marteau piqueur en plus, avec la voix de Stefan qui renforce cette sensation.

Le plus décevant ne vous a pas encore été dévoilé...

A quoi cela sert d’annoncer un tel concept si c’est pour faire des compos à mille lieues de la musique classique et d’y incorporer un air qui tombe comme un cheveu dans la soupe !?
Elysium at Dawn nous propose 18 secondes de Für Elise de Ludwig van Beethoven entre un riff thrash et un solo, aucune cohésion !
Le titre Luna ! Luna ! propose en guise d’introduction, 30 secondes de Sonate au clair de lune, une autre composition du grand Beethoven, dans un mélange de basse guitare assez intéressant. L’air est également légèrement repris dans le refrain, mais l’ensemble est complètement décousu...

C’est à se demander si Heavatar n’a pas eu l’idée de ce concept après avoir composé l’album, et n’y aurait pas inclus maladroitement des airs connus sur chacun des titres...

Bon nombre de groupes ont utilisé des airs de musique classique dans leurs albums.
Je pense à Pathfinder sur Vita Reducta: Through The Portal qui reprend en intro l’air Sonate au clair de lune avant de nous emporter dans un speed hallucinant.  

Les ToyDolls et leur reprise excellente de Toccata and Fugue uniquement avec une formation rock.

JerryC et son Canon Rock , version shred du Canon de Pachelbel.

Patrick Rondat et sa version néo classique de 'L’estate - Presto' des Quatre Saisons d'Antonio Vivaldi.

Je citerai également les multiples reprises métallisés d’At Vance parfaitement exécutées,

ou encore Therion et leur live classique...

Dans un autre registre hors Rock/Metal, je parlerai également de l’expérience Patrick Rondat - Hervé N'Kaoua duo piano/guitare où l’exécution est des plus incroyable.

Yngwie Malmsteen est allé encore plus loin dans le concept en composant son propre “Concerto Suite for Electric Guitar and Orchestra in E Flat Minor Op.1” digne des plus grands compositeurs.

Ici, Heavatar se sert de Mozart comme le PSG de David Beckham... Pourtant, des compositions power vraiment basées sur de la musique classique auraient pu être magiques...

Dans cette chronique, je fais volontairement l’impasse sur le titre “To the metal” qui est un titre parodique sur le Heavy Metal sans aucun intérêt et ne procurant même pas un léger  rictus.

Je ne vous dévoile pas plus les airs classiques de cet album de peur de divulguer au moins 5min de musique mise bout à bout, sans l’autorisation de la SACEM. Je conseille cet “opus 1” aux Metalleux amateurs de classique qui veulent faire une soirée entre ami(e)s en faisant un quiz sur les airs de musique disséminés çà et là, et le premier qui éteint la platine CD a perdu.

0 Comments 10 avril 2013
Whysy

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