Les « All-star band » suscitent toujours de l'intérêt c'est indéniable, et pour ceux qui auraient raté le coche, Barren Earth est un groupe composé de véritables pointures de la musique extrême de ces vingt dernières années (pour ratisser large). On retrouve l'excellentissime Mikko Kotamäki (Swallow The Sun) au chant et des musiciens ayant sillonné différentes carrières toutes plus enrichissantes les unes que les autres, mais surtout au sein de noms qui sont familiers : Amorphis, Kreator, Waltari, Moonsorrow, etc. Alors lorsque l'on a ce genre de lineup sous la main, il est impossible de ne pas craquer à la tentation et d'immédiatement se mettre l'album sous l'oreille tout en se posant en même temps toutes les questions légitimes : Est-ce que cette formation va mettre à contribution les qualités de chacun de ses membres ? Est-ce qu'au contraire, ils vont profiter du fait d'être sur un side project pour montrer un autre côté de leur talent qui aurait pu être passé sous silence ... ?

Sous ce monticule de questions qui s'amassent la vérité éclate enfin ! Car effectivement, si la première minute d' « Our Twilight » balance une mélodie à la fois harmonieuse, sensible et mélancolique surmontée d'un chant profondément ancré sur le territoire du death métal, l'instant d'après le feeling des musiciens prend de l'ampleur et la tessiture de Mikko subit une mutation. Son chant magistral et dissonant utilisé quelques secondes auparavant s'évanouit dans un florilège de nappes de claviers et l'homme adopte le médium doux, délicat et à la limite de l'érotisme. C'est ce qui définit selon moi le mieux la direction artistique de Our Twilight car ce n’est ni plus ni moins un EP qui navigue entre deux eaux, mêlant à la fois les qualités techniques dans un son violent et un côté plus intimiste rempli d'émotions tristes et solennelles.

La musique du combo atteint ces niveaux grâce à une formule ambitieuse, reprenant des influences progressives, traditionnelles et modernes. Les instrumentistes parviennent à extirper l'essence de chaque environnement pour créer l'alchimie. Il ne sera pas rare de se faire surprendre par la musicalité et de ses variations les plus folles. Sur « Floodred » par exemple, en plein growl abyssal, un break instrumental vient contraster le rythme presque mortuaire de la chanson. Il est aussi intéressant de voir le talent des Finlandais mis à profit dans un seul but commun : provoquer l'envoutement de l'auditeur. Il est clair que chacun des artistes apporte sa pierre à l'édifice, que cela soit l'efficacité des guitaristes qui n'est plus à mettre en doute (solo intense sur « Flame of Serenity » et final de « Floodred » sublimissime) ou de la dextérité et du feeling du claviériste faisant couler l'enrobage émotionnel autour de la structure musicale, le meilleur des mélomanes est mis à contribution.

Il faut dire que le mastering de la galette est d'une qualité optimale. De ce fait, les passages chargés en basses ne se terminent pas dans une effusion de notes saturées, la clarté sonore laisse ainsi tout le loisir aux arrangements de faire leurs effets.
Ce qui est étonnant c'est de se rendre compte que malgré leur richesse, les titres passent à une vitesse folle, et c'est à se demander ce qu'il s'est passé pendant les vingt minutes d'écoutes. C'est alors que la réponse semble carrément évidente : le charme, vous a séduit vous déconnectant de la réalité et des notions physiques !
Le seul défaut sera la longueur, car ce genre d'album est vraiment très frustrant, il met l'eau à la bouche, on désire en avoir plus, surtout que l'on sait pertinemment que si l'EP est sorti un album ne devrait pas à tarder à pointer le bout de son nez, pourtant il faut prendre son mal en patience ! En tout cas, notez bien le nom de ce groupe, je vous annonce dès à présent une future grosse tuerie avec le prochain album.


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