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Après deux premiers albums, Katra et Beast Within, sortis respectivement en 2007 et 2008, la finlandaise Katra Solopuro s’entoure et décide de transformer sa carrière solo et en quelque chose de plus collectif. Ce sont essentiellement des membres de Nocturn qui sont donc convoqués autour de la belle rousse.

Le graphisme de l’artwork ne trompe pas sur la marchandise : Katra délivre un métal mâtiné de sonorités orientalisantes. J’ai déjà eu l’occasion de vous embêter avec la différence entre les sons orientaux et l’orientalisme de certaines compositions dans le métal symphonique, je n’y reviendrai pas. Sachez donc que comme elle l’a déjà fait (sur Beast Within, écoutez notamment «Grail of Sahara» ou «Flow»), Katra Solopuro met donc en place un orientalisme de bon aloi, bien cliché, mais aussi agréable au demeurant qu’une peinture académique de Gérôme (d’ailleurs, pour ce qui est de l’orientalisme, il était bon lui aussi).

Napalm Records tient sans doute ici de quoi compenser les pertes de groupes difficiles d’accès : Katra c’est chaud, enveloppement, immédiatement appréciable, et les fans du genre ne trouveront rien à redire à un disque conçu pour eux, un peu comme Gérôme produisait les peintures qui plairaient à ses mécènes.
Certes, «Out of the Ashes» contribue avec des albums comme ceux d’All Ends, Issa, Unsun ou le dernier Tristania, à dessiner un paysage nouveau du métal, influencé par la pop, mais qui ne sacrifie pas pour autant, et quoi qu’on puisse en dire, la qualité. Il est ainsi, en tout cas pour moi, clair qu’on ne tombe pas dans les égarements du dernier Sonic Syndicate, où l’on ne distingue comme sonorité que celle de la caisse enregistreuse, ainsi que nous l’a expliqué Teryx. J’en profite pour râler un peu contre tous ceux qui pestent contre ce courant : écouter Katra, ce n’est quand même pas écouter Christina Aguilera.

Car «Out of the Ashes» est un bien meilleur album que «Beast Within», qui était parfois niais alors que le troisième du groupe est plus souvent gai. Alors, bien que cela puisse déplaire, et cela va incontestablement déplaire aux gardiens du temple, Katra a clairement décidé de dissoudre son anonymat seulement entrecoupé d’accusations de plagiat dans une musique plus sensible, peut-être à même de faire rêver une part d’audience sans doute enchantée par l’idée de cette distraction entre deux albums plus extrêmes.

Pas d’introduction ici, mais une première chanson tubesque, «Delirium», qu’on imagine vraiment taillée pour soulever l’enthousiasme en live. Elle pose les choses : l’album sera heavy, entraînant, aux mélodies & refrains facilement mémorisables. C’est d’ailleurs le cas, particulièrement, des deux pistes suivantes : «One wish away» et «If there’s no tomorrow». Pour ceux qui auraient apprécié le dernier album de Karmic Link, ces chansons devraient les ravir.

Cependant, on déplore tout de même un certain manque de puissance par moments : «Vendetta» aurait pu être bien plus lourde, et la voix de Katra s'appesantir encore un peu plus que cela n’aurait pas nui au titre ! «Envy» n’est pas une bonne chanson : le manque de puissance de cette ballade n’est plus un manque c’est un oubli total, et c’est vrai que l’on s’approche dangereusement du Britney. Du côté des «chansons douces», «The end of the scene», folk, est bien plus réussie. Guitare sèche , voix à la Kate Bush ou Joni Mitchell en mode près du micro. Bon évidemment, comparaison à ne pas prendre au premier degré, car il s’écoulera sûrement de l’eau sous les ponts avant que Katra ne vous hérisse les poils des bras comme les deux précitées.

On peut aussi regretter au vu de la bonne qualité des solos de guitare, présents un peu partout, que le groupe ne se soit pas motivé pour produire un instrumental. «Out of the Ashes», un peu plus «sympho» que les autres, donne du poids à ce regret. «Mirror», également sympho, plus travaillée, moins dépouillée est vraiment une bonne chanson.

De tout ça, on s’amusera à constater que Katra a voulu séduire un auditoire élargi en donnant moins de place au métal, alors que le contraire, selon moi, aurait été plus pertinent.
Néanmoins, Katra propose ici un disque attachant, qui m’a agréablement surprise. Je lui souhaite la chance de charmer beaucoup d’autres oreilles.





0 Comments 03 novembre 2010
Whysy

Whysy

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