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Keldian a beaucoup plu avec ses deux premières productions qui ont interpellé les aficionados de Power/Heavy Metal. Ils reviennent avec un troisième disque du nom de « Outbound ». On sait tous comme il est ardu de se renouveler dans le Power afin de proposer du frais, du racé, du goûteux ! Alors ? Est-ce que Keldian gagne son pari ? Arrive-t-il à dépasser ses limites musicales avec ce « Outbound » ? Le menu est-il appétissant ? C’est ce que nous allons voir en nous installant dans l’établissement Keldian !

A peine on entre dans cet édifice marqué « Outbound » qu’on est interpellé par ce riff sympathique tout en double croches. C’est incisif, speed, mystérieux. On peut dire que la salle où l’on s’installe est propre bien que la décoration ne soit pas folichonne. Les guitares sont nettes sans réelles personnalité, la batterie est un peu synthétique, très années 80. Le tout sonne assez bien et on entend même la basse ! « Chouette ! » que je me dis ! Ça paye pas de mine, mais c’est agréable ! Seulement, c’est alors que les fumets de la voix et des synthés parviennent à mes narines et je sens qu’on va ne va pas me servir que du grand cru ce soir… quelle est cette odeur de TROP kitsch dans l’air ? Cette senteur de réchauffé dans les cuisines ? D’un coup, on me sert les mélodies à cette tablée pseudo symphonique trop datée à cause des claviers un peu rassis. Puis le refrain arrive, tel un coup de plat mal lavé dans la tronche. Ouais, mal lavé, parce que ça suinte le déjà vu ! Et malheureusement, quand on goûte, c’est d’une platitude sans bornes.

A aucun moment une quelconque saveur ne vient réellement interpeller notre palais. Dans le power, le chant est à la musique ce que les œufs sont aux œufs mimosas (ouais, c’est super important !) et, ici, le vocaliste chante son texte comme on lirait une recette moyenne. C’est clair et précis, mais ça manque de passion ! Il ne soutient pas du tout l’édifice musical. Ce qui devrait nous porter, dans une musique qui se veut simple à la base, nous assomme. Bon, comme on dit, c’est dans les vieux pots qu’on fait les meilleures confitures, donc ce n’est pas immonde non plus, mais, après ce morceau, j’ai l’impression qu’on s’est un peu foutu de ma gueule. L’entrée n’a pas le goût qu’on m’avait annoncé ! C’est moyen, il n’y a rien de nouveau, pas d’épices merveilleuses et exotiques, pas d’habileté dans la présentation. Un peu de chœurs pour rehausser le goût, c’est appréciable, mais pas suffisant. Mais bon, me dis-je ! Ce n’est que le premier morceau et c’est mal de juger sur si peu ! On a droit à l’erreur ! J’attends donc sagement que la suite du menu sorte des cuisines.

On me sert « Earthblood ». Oh ! Mais quel est cette sympathique mélodie modulante ? Puis ce riff résolument hard rock, bien puissant ? Et ce chant bien plus convaincu ? Je regagne espoir ! On trouve même un très plaisant passage acoustique qui vient surprendre nos papilles au milieu du morceau. Le solo reste moyen, comme précédemment, ça manque d’expression et ce n’est pas la wah wah saupoudrée qui en ajoutera. Ça reste trop froid et conventionnel mais, malgré tout, on pardonne car le plat en lui-même reste très rafraichissant. Le refrain reprend la mélodie d’introduction pour en faire un met assez sombre mais allant vers l’avant ! Un subtil mélange entre lumière et obscurité. La suite nous rappelle que, à priori, on va avoir aussi droit à un subtil mélange entre qualité et banalité.

En effet, le bon et le moins bon continueront de se côtoyer tout au long de la carte. Ces deux premiers titres résument bien le disque entier et sa dualité trop forte. Le couplet de « Morning Light Mountains », qui est horriblement kitsch et variétoche (la faute à ces condiments électroniques ultra 80’s qu’on retrouve partout dans les plats), contraste totalement avec son refrain épique et bien foutu ou encore son riff très métal qui apparait de temps en temps en bouche. On retrouvera, d’ailleurs, plusieurs fois ce genre de riffs comme dans « Kepler and 100 000 » qui est un très bon morceau de bidoche. On y trouve des idées qui démontrent une vraie volonté de bien faire, ainsi qu’un réel potentiel. C’est réellement dommage car le chef nous tire parfois vers le haut, mais ce n’est que pour mieux nous ramener à notre déception. Le chant est parfois très goûteux et savamment dosé, parfois très monotone et insipide. L’harmonie et les riffs sont parfois intelligemment préparés, parfois cruellement bâclés. Le plat de résistance est d’ailleurs très indigeste.

En effet, la pièce de 12 minutes, « The Silfen Paths » est vraiment trop longue au regard de ce qu’elle propose. C’est kitsch jusqu’au vomissement. J’ai parfois cru apercevoir deux gars, qui ressemblaient étrangement à Emile et Image, faire des blagues au cuistot en mettant des choses bizarres dans le plat pendant qu’il avait le dos tourné. On retrouvera ce genre de mauvaises surprises plusieurs fois dans le menu. C’est vraiment dommage. Heureusement, on trouve un puissant « Run for your life » en guise de trou normand et un bon dessert avec « A place above the air » et ses saveurs sombres de gibier. Ces derniers morceaux nous laissent finir le repas sur une note positive. « F.L.T », servi avec le café est un peu moins bon que ces deux derniers mais se laisse digérer agréablement pour finir un menu en demi-teinte.

Vous l’aurez compris, ce disque est très inégal. On accuse un manque d’idées pour donner un nouvel éclairage à un genre de plats trop cuisinés depuis des années. Parfois, des riffs ou des mélodies interpellent et démontre un réel talent dans l’équipe de Keldian. De plus, la présentation est propre et la technique des cuisiniers ne leur fait absolument pas défaut. Il y a juste trop d’étourderies dans la composition des plats. Ce « Outbound » remportera donc la note de 5/10 et aucune étoile au guide Michelin. Cette note exprime parfaitement la balance entre bon et moins bon qui a régnée tout au long d’un repas n’outrepassant absolument pas les limites du genre.


0 Comments 24 janvier 2014
Whysy

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