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Un chanteur, guitariste, qui compose et écrit les paroles, un homme aussi complet et prolifique que Daniel Gildenlow ne pouvait être qu’intéressant à interviewer. Le leader de Pain of Salvation, en compagnie du claviériste Fredrik Hermansson, a bien voulu répondre à mes questions quelques heures avant le concert parisien. Il nous donne quelques clés pour mieux comprendre le dernier opus des suédois, Scarsick.

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Cliff : Salut à vous deux, merci de répondre à mes questions ! Pouvez-vous vous présenter rapidement ?

Daniel : Salut, moi c’est Daniel Gildenlow, je suis le chanteur, guitariste et compositeur de Pain of Salvation.

Fredrik : Moi c’est Fredrik Hermansson, je suis claviériste chez Pain of Salvation.

Daniel : Et chanteur aussi, chez nous tout le monde chante (rires) !! Après 11 ans passés ensemble, j’ai enfin réussi à convaincre tout le monde (rires).

Vous avez commencé votre nouvelle tournée depuis la mi février. Quelles sont vos impressions sur les premières dates ?

Daniel : Pour l’instant très bonnes !! Bons publics, supers salles, pour le moment on s’éclate bien.

Vous avez posté une news récemment sur votre site officiel qui disait que Scarsick était classé premier des charts en Suède. Quel résultat !!

Daniel : Juste pour préciser, Scarsick s’est classé en première place des charts métal, 6ème des charts généraux. Mais c’est vrai que ça fait plaisir. On se demande même pourquoi on n’a pas eu des résultats aussi bons avant (rires). Plus sérieusement, c’est peut-être le signe qu’il se passe quelque chose en Suède, où le public était un peu endormi ces derniers temps. J’ai quand même l’impression que c’est plus facile pour un groupe de métal de s’installer dans les charts en Suède par rapport à d’autres pays, même si par exemple la musique pop est encore très populaire en Suède.

Les suédois semblent très attachés aux artistes métal, et ça se traduit bien sur les ventes d’album. Vous n’auriez pas deux ou trois tuyaux pour nous, Français, qui sommes un peu à la traîne dans ce domaine ?

Daniel : Oui c’est vrai que les situations sont un peu différentes. Se placer dans les charts en Suède est je pense plus facile qu’en France. Les deux pays sont différents, ne serait-ce qu’en terme de population, et ça joue évidemment. Et le public métal est, en proportion, plus nombreux qu’en France. Mais c’est vrai qu'à chaque fois que je viens en France, je peux voir quand j’allume la télévision par exemple, que la variété semble avoir une grande place dans le paysage musical. Malheureusement je crois qu’il n’y a pas de recette miracle, il faut juste s’accrocher et bosser, ça finit toujours par payer.



Parlons un peu de Scarsick. Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur le concept, sur les grandes idées développées sur l’album ?

Daniel : Scarsick est la suite de The Perfect Element Part 1, on suivait un personnage dans la première partie, on traitait de sujets sociaux au niveau de l’individu, au travers de la vision de ce personnage justement. Là, on parle globalement des même thèmes, mais disons qu’on a changé de niveau, ce personnage s’interroge non plus seulement sur lui-même, sur toutes les choses qu’il a subies, sur les désillusions qu’il a vécues, mais sur les grandes questions que tout le monde peut se poser, il voit et étudie la société, notamment au travers de la télévision, et c’est un peu ce que tout le monde fait à l’heure actuelle. On vit souvent à travers la télévision. Donc là on suit cet homme pendant tout l'album, pendant toute son exploration de la société dans laquelle il vit.

Scarsick est comme tu l’as dit la suite de The Perfect Element Part 1. Pourquoi l’avoir appelé Scarsick au lieu de l’appeler plus simplement The Perfect Element Part 2 ?

Daniel : The Perfect Element Part 1 était nécessaire pour poser les bases de la réflexion de ce que je t’ai expliqué avant. Il était une sorte d’introduction à ce qui est développé sur Scarsick. Même si les grands thèmes restent les mêmes, la façon de les étudier, l’échelle de vision est différente, donc on voulait qu’il y ait une vraie rupture avec The Perfect Element Part 1, que les gens achètent Scarsick comme un album indépendant et pas comme une simple suite de The Perfect Element Part 1. Scarsick a une identité musicale et conceptuelle très forte, il méritait donc qu’on lui donne une certaine indépendance, et ça passait par un titre différent de The Perfect Element Part 2.

Comment peut-on interpréter la pochette assez étrange de l’album ? Est-elle liée au concept de l’album ?

Daniel : On a cherché à suivre un peu la tendance de l’album, à savoir donner plusieurs significations à cette image. Tu vois, c’est comme l’album en général, il y a plusieurs niveaux d’interprétation, et c’est ça qui me semble intéressant. Ce qu’on peut en dire, à mon sens, c’est la combinaison d’une vie organique et d’objets inanimés, d’exprimer cette différence entre l’organique et le mécanique. Ça peut représenter la symbiose du vivant et de l’inanimé, c’est un peu ce que pense notre personnage, il vit mais n’a pas réellement l’impression de vivre dans une société qui ne lui correspond plus.

Un titre comme Scarsick sonne de façon très agressive, très directe. Quel est le but de cette approche ?

Daniel : Scarsick est un album plus frustré, plus colérique que les albums que nous avons pu faire dans le passé. C’est le concept qui veut ça, donc c’est une chose assez naturelle que ça sonne de manière parfois agressive, on n’a pas eu à se forcer, c’était je dirais dans l’ordre des choses. Et puis on voulait explorer d’autres styles, en faisant de nouvelles choses, toujours en rapport avec le concept, mais qui sonnait un peu différemment de ce que nous avions déjà joué.

Dites nous-en un peu plus sur les deux ovnis de l’album, America et surtout Disco Queen !!

Daniel : On avait besoin de ces chansons plus « lumineuses » pour contrebalancer les titres plus sombres de l’album, c’est un équilibre naturel que l’on cherche à créer. En plus, ça traite de thèmes qui sont en relation avec le concept de l’album. On y parle des abus, America dépeint les paradoxes de la société américaine, Disco Queen traite plus de sexe, de prostitution de l’esprit. Même si effectivement la musique est plus « légère », plus gaie que d’autres titres plus sombres, elles ont toutes leur place sur l’album.

J’ai vu que vous avez joué Disco Queen lors des premières dates de la tournée. Comment le public a réagi ?

Daniel : C’est la chanson où le public crie le plus (rires) !! Quand tout le monde chante « Disco Queen, Disco Queen », c’est vraiment génial, on ne pensait pas avant de la jouer que ça ferait un tel effet.



Plus généralement, Pain of Salvation semble très attaché aux concepts albums, comme Be ou Scarsick. Est-ce un impératif pour vous, de combiner une base musicale et un concept qui y est lié ?

Daniel : En fait tous nos albums sont des concepts albums (rires) !! C’est sûrement une vision personnelle, mais j’ai du mal à imaginer, à créer une musique, une chanson sans qu’il y ait une idée derrière. J’ai besoin qu’il y ait un fond conceptuel derrière une ossature musicale, c’est comme ça que je vois la musique. Je pense que combiner, lier la musique à des idées, à un concept donne quelque chose au final de plus riche, de plus complet que si tu prenais les deux choses à part.  

Vous avez enregistré un nouveau DVD hier soir (ndt : le 2 mars au Paradiso d’Amsterdam), moins d’un an après la sortie du DVD de Be. Pourquoi cette démarche ?

Fredrick : Disons que le DVD de Be n’est pas vraiment représentatif de ce qu’est Pain of Salvation, puisqu’il est uniquement consacré à cet album. On a voulu, avec ce nouveau DVD, montrer en quelque sorte le vrai visage de Pain of Salvation sur scène, avec des titres de tous les albums.

Dites-nous quelques mots sur Wastefall, votre sparring partner de ce soir !!

Daniel : (rires) On les a rencontrés il y a peu de temps en fait, sur la promotion des albums pour être précis. Je te mentirais si je te disais qu’on connaît bien leur musique. Les gars du groupe sont vraiment sympas cela dit, le chanteur est très bon et j’espère qu’on va pouvoir les regarder jouer ce soir, pour qu’on en apprenne un peu plus sur leur musique.

La question barrée (merci à Smaug): qu’est-ce que ça vous fait quand je vous dis que vous n’aurez jamais la chance de voir Pain of Salvation en live ?

Daniel : Je te dirais que c’est vrai (rires) !! Cela dit, il y a un fan club en Italie, en particulier un groupe qui reprend en concert uniquement des chansons de Pain of Salvation. C’était vraiment intéressant à voir, on se disait « Tiens mais je joue ça comme ça sur scène !! » (rires). C’était vraiment marrant.

Merci pour cette interview. Je vous laisse le mot de la fin !!

Daniel : (dans un français un peu hésitant) « Tournez à droite après 600m » J’étais dans une voiture avec un GPS tout à l’heure (rires). « Restez à gauche » « Je suis arrivé à destination ». Il va falloir que je travaille encore je pense (rires).



Interview réalisée par Cliff
Le 3 mars 2007
Elysée Montmartre, Paris

0 Comments 03 mars 2007
Whysy

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