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Agalloch… Quelle musique peut bien se cacher derrière un nom aussi particulier ? En fait, il nous faut savoir que ce nom désigne une variété d’arbustes très particulière, qui, lorsque l’on met son bois à brûler, dégage une mystérieuse odeur, envoûtante, assez proche de l’encens. Quel meilleur patronyme pouvions-nous imaginer pour un groupe aussi mystérieux que celui-ci, aimant par-dessus tout créer des atmosphères brumeuses, d’étranges parfums pour mieux perdre et captiver ces auditeurs ?


Après quelques démos et la parution d’un EP encore très influencés par le black Metal et leurs influences norvégiennes, nos doomsters américains nous livrent leur premier opus, « Pale folklore ». Et même si nous sommes encore bien loin de la maîtrise et de la qualité de leurs albums suivants, ce premier essai mérite à coup sûr votre attention.  

Si les univers mélancoliques et enchanteurs des deux albums suivants peuvent nous happer instantanément, l’immersion risque ici de s’avérer beaucoup plus longue. « Pale Folklore », déjà assez progressif dans sa forme, n’offre pas beaucoup de repères à l’auditeur qui, insouciant, se présente à lui. L’album s’ouvre par une suite en trois parties, la mystérieuse et géniale « She painted fire across the skyline ». Cette audacieuse et belle trilogie résume à elle seule ce que sera l’album. Parties acoustiques prégnantes, riffs électriques excellents (introduction mémorable de la partie 3), soli, breaks et transition immatures (le solo de la part 2 est carrément faux !), ambiance brumeuse et cependant très attirante, fascinante même…Et même si le groupe n’était pas encore aussi technique et pointu qu’aujourd’hui, leur maîtrise était quand même déjà assez impressionnante.

Un regret à propos de cet album : le chant black y est largement majoritaire. Peu agressif, toujours bardé d’échos, à la limite du murmure par instants, il ne devrait pas surprendre ceux qui connaissent déjà Agalloch. Il n’est cependant pas assez convaincant pour nous empêcher de regretter la salvatrice et merveilleuse alternance de registre, si savoureuse, des opus suivants...

Quant à la production, force est de constater qu’elle n’a pas l’amplitude de ses successeurs. Le son est bon, mais rêche, sec, et au final ne présente pas beaucoup d’impact. Cela dit, on s’y habitue assez rapidement, et au final, cela dessert plutôt bien l’album, lui conférant une aura et un statut bien particuliers… Autres éléments propres à ce « Pale Folklore » : à l’époque, le groupe avait un claviériste, et avait recours à du chant féminin sur certains morceaux !!

Tout cela pour vous dire, en un mot comme en cent, que ce qui rend cet album attachant, c’est qu’il est vraiment unique. En 1997, Agalloch devait vraiment faire figure d’ovni, et il est ici très difficile de les rattacher à un courant musical en particulier. D’habitude, je n’aime pas me réfugier derrière cette expression trop vague, mais ici, je parlerai pourtant de « Dark Metal ». Les influences black sont encore perceptibles, mais le groupe s’engage dans une voie résolument plus mélodique, et présente un spectre d’influences particulièrement étendu. Et toujours des textes aussi noirs que poétiques… Le tempo est globalement lent, mais plus varié et moins « doomesque » que ne l’est celui d’« Ashes against the grain », par exemple.

Et pour en venir enfin au véritable contenu de l’album, et bien… Je dois dire que c’est assez frustrant ! Comment ne pas s’émerveiller devant l’instrumentale douce et planante, composée seulement de claviers, « The Misshappen steed » ? Comment ne pas se régaler du départ en trombe de « She painted fire » part 3 ?  Comment ne pas rester subjugué par les breaks acoustiques/électriques merveilleux et si inspirés des deux dernières compositions, où l’on touche au génie ? Et ce court mais si intense solo virtuose sur « Dead Winter days » ? Oui, cet album est par moment génial, excellent, peut-être meilleur que ses deux successeurs ensembles ! Seulement voilà…

Comment ne pas se sentir frustré par ce chant clair trop rare, hésitant, trop limite pour convaincre ? Comment ne pas s’énerver devant ces transitions bizarres à contre temps (le piano final de « Dead Winter days ») ? Comment ne pas s’énerver devant ces soli faux, joués sur la mauvaise gamme (un comble!) ? Et surtout, comment justifier les 4 dernières minutes d’ « Hallways of enchanted ebony » et ses ennuyeux bruitages ?


En bref, vous l’aurez compris, cet album est encore assez minimaliste, et rempli d’erreurs de jeunesse, parfois assez grossières, il faut l’avouer… Mais on ne pourra s’empêcher de lui pardonner ces fautes, tant l’univers musical qu’il nous ouvre s’avère grandiose et unique. Vraiment, les riffs de cet album sont ahurissants ; simples, mais accrocheurs, parfaits, irrésistibles ! Pour certains, cet album est resté la plus belle carte de visite d’Agalloch, et je ne pourrais les en blâmer. Peut-être fait-il moins rêver, mais comme ses successeurs, il est vraiment "addictive" à souhait. Une fois rentré dedans, impossible d’en sortir ! Je mets donc 7/10, la note juste qui permet de faire la balance entre ce talent de composition et ces compositions grandioses, et tous ces défauts de jeunesse parfois bien handicapants… Mais les amateurs n’ont pas à s’inquiéter, ils savent déjà que le meilleur d' Agalloch est à venir…


Gounouman

0 Comments 18 juillet 2007
Whysy

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