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Sonata, sonata, petite fleur de Java. Le microcosme metal sera d'accord pour dire que si les groupes étaient côtés en bourses, plus beaucoup de monde n'achèterait d'actions Sonata Arctica, mais cela n' empêche pas de poser son bouquin et de lever un œil quand un nouvel album arrive. Il faut dire que comme pour beaucoup de groupes, les premiers albums ont su conquérir un gros public et qu'en s'en éloignant pour éviter de stagner, et bien les fans aussi ont évité de stagner et sont allés voir ailleurs.  Trois albums plus tard, il faut se rendre à l'évidence, le dépôt de bilan n'est plus très loin. La solution ? Monter dans une Delorean et reproduire des fragments de passé. En tout cas, c'est plus ou moins le discours qui a été tenu pour promouvoir "Pariah's Child", nouvel album des finlandais. Mais qu'en est-il vraiment ? C'est que l'on commence à avoir l'habitude de ce genre de déclarations ! Certains le font vraiment et d'autres sortent comme justification "ah mais non, on s'est pas compris, on a dit qu'on revenait prendre un bain aux sources, c'est tout, ahahah, cette rigolade ! Parce que vous y croyiez en plus ? Nous revenir à notre style d'origine ? On a quoi, douze ans, c'est ça ? Roh les cons, jte jure..." Alors, cet album, c'est reparti comme en quarante ?  Et bien ni oui ni non. Si Tony Kakko nous avouait que "Stones Grow Her Name" était trop lent et hard rock dans l'esprit pour du Sonata, il a clairement appuyé sur la pédale d'accélération avec cet album. Le tempo général est donc à la hausse mais n'allez pas imaginer Sonata taquiner "Ecliptica" non plus. En fait, le problème est que si clairement tout va plus vite, l'ensemble se traîne et sonne très empatté, très "mou".  En effet, le chant est assez posé, les guitares étirent les notes et vous comprendrez bien que cela n'aide pas à donner une impression de vitesse. Le premier single/clip que tout le monde a pu découvrir en avance The Wolves Die Young en est un exemple flagrant. Si il demeure loin d'être inintéressant, il a le mérite d'être clair sur une chose : le retour au speed, ce n'est pas pour aujourd'hui.   Alors bien sûr, certains morceaux donnent un peu le change. Il y a ce Running Lights qui, au milieu des loups et de la neige nous parle de...bagnoles. Crissement de pneus, chant louant les roues, les volants et les virages, il se murmure que Vin Diesel devait y effectuer un solo de saxophone mais pour cause de conflit d'emploi du temps la collaboration n'a pu se faire et en échange, il leur a envoyé un gros paquet de créatine. Comme c'est gentil. Mais donc pour en revenir à Running Lights, initialement prévu pour être un bonus japonais mais intégré à l'album parce que bon "ils ont déjà Babymetal les bridés, on va pas trop leur filer de trucs gratuits en plus hein", il se veut le titre le plus rapide de la galette mais ne vous détrompez pas, tout cela reste très gentil.  Et c'est un des aspects dominants de cet album. Tout mignon, tout rose ! Les mélodies sont sucrées, les refrains tout doux, avalanche de carillons et de clochettes, bienvenue à Disneyland ! Et ne rigolez pas, le paysage glacial de l'artwork est parfaitement restitué à l'auditeur et vous vous imaginerez sans mal les cinq lurons dans la neiges en train de caresser des lapins blancs. Et puis prenez le deuxième single Cloud Factory. Vous savez où on retrouve une fabrique de nuage ? Dans "Mon petit poney" ! Parfaitement ! C'est ici que les pégases créent les nuages et les arcs-en-ciel qu'il dispersent sur Equestria. Serait-ce un message caché expliquant que Tony Kakko fait la pluie et le beau temps ? Mystère. Bon le morceau est très réussi, joyeux et sautillant donc on pardonne. Enfin moi je cautionne mais le pourfendeur de poney risque de se sentir insulté.   Et si la mièvrerie atteint son apogée sur le [insérez l'adjectif de votre choix, moi je met "ridicule"] Love, ballade très très (très ?) douce, attendez-vous à quelques sursauts hard rock avec Half A Marathon Man, très remuant, fort pourvu en claviers old-school et pour le coup morceau très rapide... Et "Pariah's Child" sait aussi traiter de sujets sérieux (en tout cas moins bisounours) à l'image de Blood, What Did You Do In The War, Dad et X Marks the Spot. Ce dernier étant assurément un des morceaux les plus marquants de l'album. Un chant façon pirate, plusieurs intonations théâtrales dans la voix, l'intégration d'un personnage déclamant quelques phrases, tout ça sous fond de délire religieux et avec cette phrase ("X Marks the Spot") qui revient sans cesse comme un point d'ancrage, nous sommes en face d'un bon délire qui, il faut l'avouer, fonctionne très bien.  Mais il reste symptomatique d'une chose. Sonata Arctica navigue à vue. Sans réellement savoir où aller, la bande se fait plaisir mais a du mal à imposer un fil directeur à cet album. En témoigne cette longue pièce clôturant l'album, Larger than Life. Pour le coup reflétant très bien son titre, ce morceau se veut être une sorte d'opéra rock, très comédie musicale Disney, avec moult rebondissements, changements de plans, de rythme et variations d'intensité. Et ça tombe un peu comme un cheveu sur la soupe.  Mais tout ça, tout ce qui est raconté depuis le début c'est quand on écoute l'album une ou deux fois. Une fois qu'on laisse tomber le côté "retour aux sources" et que l'on se concentre sur cet album en tant que tel et non plus en tant que simple huitième album de Sonata Arctica, les choses deviennent bien plus intéressantes. Car il y a malgré tout une grande cohérence au niveau des arrangements et des ambiances et cet album sonne vraiment comme un tout si vous lui laissez le bénéfice des écoutes. Au premier abord, on le trouve mou et peu aguicheur et puis on finit par se rendre compte qu'il prend son temps pour ne pas saloper ses morceaux et les construire tels qu'ils doivent l'être.  Car, à part quelques faiblesses, un Take my Breath trop emprunté et un Love vraiment niais, Sonata Arctica explore beaucoup de pistes différents et le fait avec talent. A ce titre, Larger Than Life est réellement époustouflant, même si on le rappelle, il faudra quelques écoutes pour pleinement l'apprécier et y voir autre chose que "Mickey et Harry Potter en classe de neige". Alors oui, la production, le son et l'interprétation de grande qualité aident beaucoup. Mais le constat est là, "Pariah's Child" est un album solide et riche. Pas parfait, loin de ce que certains imaginaient quand ils ont lu "Sonata retourne aux sources" mais tout autant loin d'être honteux.  Si vous ne jurez que par les premières heures du groupe, il y a peu de chance que "Pariah's Child" vous satisfasse pleinement mais il constitue malgré tout un certain début de rébellion et ne peut que donner des idées à Tony Kakko et ses sbires pour un prochain opus encore un peu plus relevé.   L'album dans une coquille de noix : si vous voulez écrire une comédie musicale sur Disney, My Little Pony et Fast & Furious, appelez Tony Kakko !

0 Comments 12 mars 2014
Whysy

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