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Le metal à influences orientales est de plus en plus populaire, et de nombreuses formations, utilisant des sonorités orientalisées, éclosent. On avait déjà Orphaned Land, bien sûr, mais aussi Nile. Sans parler d'Arkan, Myrath, Acyl, Distorted et consorts. En France, à Grenoble, il existe également AmonSethis, qui se lance avec «Part I - The Prophecy». Le concept, lui, est expliqué dans la chronique de ma collègue idrisanara concernant leur EP, je vous laisse vous y référer.

«Journey to Ancient Egypt» est une instrumentale plus que réussie. Des sonorités nous renvoyant tout de suite à l'époque et à la destination, un travail musical d'orfèvre, voilà qui fait démarrer l'album sous le meilleur jour possible. «Chosen By Rê» a aussi ce petit côté oriental qui fait du bien aux oreilles, et transporte son auditeur dans un voyage musical intéressant et transcendant. C'est dans ces moments qu'AmonSethis arrive à la plus grande part de réussite : lorsque les sons orientaux prennent place, ils captivent donnent un grand intérêt à la musique. Ce filon n'est, cependant, pas exploité jusqu'à son apogée, ce que l'on peut regretter, vu le concept et la qualité de ces orchestrations majestueuses et magnifiques. On apprécie aussi les petits dialogues, intervenant sur «Amonsethis (The Serpent God)», par exemple. La partie instrumentale d'un titre comme «Land of Slaves» est magistrale, et c'est dans cette voie que le combo grenoblois devrait s'orienter pour pleinement convaincre son auditoire. Car à côté de ces qualités réelles, un défaut de taille vient s'abattre telle une plaie sur l’Égypte.

Car le manque de technique du chant de Julien est, lui, plus qu'approximatif. Souvent criard et faux dans les parties claires et dans des aigus dont la maîtrise est totalement hasardeuse, il est bien plus à l'aise lorsqu'il s'agit de chant extrême, de passages criés. Et c'est bien là le principal problème de cet album, car là où la musique nous transporte, ce chant nous fait décrocher très (trop ?) rapidement, nuisant à ces conditions propices d'un voyage que l'on aimerait ne pas avoir à refuser. Mais que ce soit sur «Pyramidion», sur la mid-tempo «The Wait» ou la plus colossale pièce maîtresse «The Prophecy», il est évident que ce chanteur est encore trop faible pour pouvoir satisfaire, et qu'un réel travail reste à accomplir sur sa voix.

De même que les compositions, longues, manquent parfois de cette touche exotique incitant à l'évasion, vers ce concept qu'ils s'évertuent à instaurer. Et, surtout, les longueurs de ce metal progressif n'aident pas non plus à rentrer dans l'album, qui manque d'une accroche supplémentaire et d'un aspect captivant. Si la formation tente d'arriver à un son personnel, chose que l'on ne pourra pas leur reprocher, ils s'évertuent à en faire trop, pour, finalement, parfois brasser de l'air en manquant cruellement de dynamisme et d'intérêt. «Isis the Breath of Life» est un morceau plutôt mou, et fortement dispensable, et il en va de même pour un «Universal Harmony» qui s'oublie une fois terminée. Tout cela reste contrebalancé par un «Servants of Seth» travaillé, aux breaks fort réussis, et aux growls qui conviennent entièrement à l'ambiance déployée. Plus, du moins, que ce chant clair maladroit qui donne envie de passer à la piste suivante.

La musique tente de recréer, dans le travail de la guitare, quelque chose d'épique, ce qui est tantôt réussi, tantôt non. Mais le travail d'Olivier est à souligner, impeccable de bout en bout, et cet instrument tire nettement le disque vers le haut, là où trop de faiblesses viennent perturber notre traversée de ce désert chaud et aride. Le soin apporté aux morceaux est évident, tout comme cette attention de vouloir bien faire, peut-être trop, même. Mais il ne manque parfois pas grand chose pour nous envoûter. Un chant de meilleure tenue, plus d'orientalisme, voilà des recettes à utiliser dans l'avenir, car elles fonctionnent, et bien, même.

AmonSethis livre avec «Part I - The Prophecy» un album honnête, mais qui nécessite encore du travail et de la remise en question. Le groupe veut passer un concept, raconter une histoire, mais ne met pas encore complètement la musique au service de ceux-ci, et, pourtant, cette formule de passer à une musique poussée sur l'Orient serait gagnante. En tout cas, des morceaux comme «Servants of Seth» ou «The Prophecy» montrent que les grenoblois savent composer de très bons titres, et c'est ce que l'on souhaite voir davantage dans l'avenir.

0 Comments 05 juillet 2012
Whysy

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