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Attention, interrogation, assimilation, frisson, émotion, … Passion … Pendragon. C’est très certainement le chemin de termes que vous allez emprunter lors des nombreuses écoutes du nouvel album des anglais. Et cela fait un peu plus de 25 ans que les britanniques nous tracent des sentiers au travers de leur rock/prog inspiré et à la personnalité certaine même si des bribes pink floydien parsèment leurs compositions. Pure, dernier chemin tracé, avait été grandement apprécié de par son feeling et ses mélodies soignées. On peut même parler de route pour ce dernier album en date tant celui-ci sonnait de façon plus moderne que ses prédécesseurs. Pour en revenir à notre tracé 2011, Passion va rester sur cette continuité de modernisation en lorgnant sur certains passages vers des styles musicaux non empruntés, jusqu’à là, par le groupe. Bref, la route est longue mais vous ne serez pas déçu du voyage…

Attention : Vous allez en apporter au packaging et au concept de Passion. Une pochette sublime, aux couleurs chaudes, nous évoque un baiser passionnel et l’amour de deux êtres. Les illustrations, à l’intérieur du livret, nous décrivent (sans manquer d’humour) l’anatomie des organes les plus touchés lorsque la fièvre monte entre deux individus. Les textes transpirent l’affection et la sensibilité humaine.

Interrogation : A la première écoute, certains choix du groupe vont peut être vous sembler étonnant et vous faire réfléchir. En premier lieu, l’utilisation de certains refrains. En effet, les deux premières compositions partagent, toutes les deux, le même leitmotiv musical. Mais l’idée est travaillée et si la première mélopée choisit un côté feutrée et tout en retenu, la seconde opte pour une explosion de la dite mélodie. Le traitement mélodique est tellement différent qu’on a presque l’impression d’écouter deux refrains distincts. Au final, « Passion » et « Empathy » s’imbriquent à merveille et pourrait ne former qu’une seule et unique piste. Le refrain reprenant les deux termes (« Passion, give me some empathy ») n’est pas anodin.
Sur deux pistes (« Empathy » et « This Green and Pleasant Land »), la redondance des refrains peut sembler lourde mais au fil des écoutes, vous allez vous rendre compte que Pendragon nous a juste pondu deux véritables hymnes. Tellement fédérateurs que si les compositions seraient juste composées par un enchainement infini de ces dits refrains (telle une bonne musique de Philip Catherine), elles ne représenteraient aucune gêne.
En deuxième lieu, l’utilisation de courants musicaux différents. Que ce soit avec du chant râpé/parlé à la fin de « Empathy » ou avec l’utilisation de sonorités électroniques sur « Feeding Frenzy » et « Shara Brae », notamment, on sent le son de Pendragon plus moderne. L’album « Pure » avait déjà montré la voie mais Passion va peut être plus loin et les claviers de Clive Nolan sont encore plus variés. Les arrangements sont nombreux et même certains samples font leur apparition (« Feeding Frenzy »).

Assimilation : Vous allez devoir assimiler, ensuite, les caractéristiques principales de l’album. D’abord, l’ambiance qui se veut très homogène et chaude. « Passion » se veut être un bloc atmosphérique unique tel qu’on peut difficilement lâcher l’écoute. « Passion » nous englobe de par son climat chaud et humide (rayez le mot soufflé par Evelyne Dhéliat) et de par la voix de Nick Barett également chaleureuse. Si je devais faire une comparaison entre l’album précédent « Pure » et ce nouveau Passion, elle proviendrait de ce fait. Pure n’était, pour moi, pas assez homogène. On avait le titre « Comatose » (et ses trois parties) et le reste. Même si les quatre autres compositions étaient bonnes, j’ai trouvé que cette fracture desservait l’album. Ici, ce n’est pas le cas, on est plongé dans l’album sans le lâcher comme si il était composé d’un seul et même titre « Passion » découpé en sept parties.
Pendragon se veut avoir l’étiquette Rock/Prog. Si le second terme est encore une fois approprié ici, le premier va pouvoir être remis en doute. On ne peut douter sur l’aspect prog de la musique de Pendragon. Les changements de rythmes sont prépondérants et certains breaks sont complètement déroutants (par exemple le break batterie de « Empathy »). Une seule composition peut contenir deux voire trois mélodies différentes. Bref les changements sont nombreux mais restent fluide et ne fatiguent en aucun cas l’oreille. L’alternance de moments calmes et catchy mettent en exergue la puissance des riffs guitares. Puissance qui me fait venir au second terme : rock. Je pense que l’appellation metal serait plus justifiée tant les riffs de Passion dégagent une force et une intensité (« Feeding Frenzy », « It’s Just A Matter of Not Getting Caught », « Shara Brae ») qui ne collent pas vraiment à la musique que l’on appelle rock.

Frisson : Après être rentré dans Passion, il est quasiment impossible d'en ressortir. Vous allez frissonner devant le travail mélodique de l’œuvre. Certes, j’ai déjà évoqué les refrains de « Passion/Empathy » et de « This Green and Pleasant Land » mais ce sont absolument tous les refrains qui sont à tomber. Et plus généralement toutes les lignes mélodiques agrémentées du jeu de guitare de Barett tantôt aérien tantôt agressif. La section rythmique possède un groove incroyable. Folie et justesse se succède dans le jeu de batterie qui s’impose comme une référence dans l’univers prog. Les claviers de Nolan sont, comme j’ai pu le dire, omniprésents et habillent de la plus belle des manières ce florilège instrumental technique et juste. La fin de « Empathy » est laissée au vagabondage de ses doigts sur son piano et sur son clavier aux sons symphoniques. Frissons garantis ! Et quand tous ces petits hommes se mettent ensemble, cela donne le final instrumental « This Green and Pleasant Land ». Sans superflu et avec une technique maitrisée, ce passage, sans voix, est d’une redoutable efficacité.

Emotion : j’aurais pu changer le terme et mettre Nick Barett « ion » à la place tant cet homme, à lui seul, arrive à provoquer chez l’auditeur une jouissance absolue. Une voix, légèrement éraillée, d’une suavité sans pareille. Son ton est juste que ce soit dans les moments calmes (début de « This Green and Pleasant Land ») ou dans les passages plus énervés (« It’s Just A Matter of Not Getting Caught »). Sa guitare est elle-même magique. Riffs lourds, solos aériens, techniques, jeu en guitare sèche, tout est réalisé avec un feeling en à pleurer.
Larme que vous allez avoir à l’œil lors du final de l’album qui se termine tout comme « Pure » avec une ballade. La ballade « Your Black Heart » est comparable à « It’s Only Me » de par son aspect mélodique, son refrain planant et sa justesse d’interprétation. On distingue une certaine mélancolie en cette fin d’album.

Passion : C’est au final ce que vous allez ressentir après moult écoutes de cet album. L’épreuve du temps le transforme en véritable drogue. Je ne vois aucuns points négatifs. Il porte bien son nom et ne peut mériter que la note maximale et il devrait constituer une référence en musique prog dans les années à venir.

Do, passionné...

0 Comments 21 mai 2011
Whysy

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