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Lorsque l’un des espoirs de la scène progressive européenne annonce la sortie d’un nouvel album, les amateurs de musique intelligente se frottent les mains. Si les Norvégiens de Communic jouissent d’une notoriété grandissante, c’est grâce à la grande qualité de leurs travaux et l’aspect toujours très travaillé et professionnel de leur album. Qu’il s’agisse de l’habillage, de la musique ou de la production, rien n’est laissé au hasard. Que l’on croit ou non à la légende du troisième album, « Payment Of Existence » confirme la ligne de conduite des Nordiques et propose un album dans la continuité logique des « Consipiracy In Mind » et « Waves Of Visual Decay » tout en soulignant un préoccupant manque de nouveauté et d’inspiration.

« Payment Of Existence » est un album très sombre servi d’une musique toujours à la croisée des styles, mais qui semble prendre un virage plus direct. Un sentiment qui va d’ailleurs se confirmer au fil des chansons. Il semble qu’ Oddleif Stensland ait décidé d’intensifier l’aspect « power métal » de ses compositions au détriment de structures progressives moins étoffées que par le passé. Certes les pistes affichent toujours d’honorables durées, mais souffrent d’un manque de variation au niveau des rythmes et de certaines constructions. J’en veux pour exemple l’ouverture « On Ancient Ground » (8 :44) qui s’essouffle assez rapidement pour finalement tourner en rond. Plusieurs chansons semblent montrer que le compositeur / chanteur / guitariste ne soit pas parvenu au même niveau d’inspiration que pour ses deux albums précédents. En effet, il va même jusqu’à répéter des structures éculées déjà suffisamment développées par le passé : les introductions acoustiques suivies de montées en puissance semblent ici poussives et n’apportent pas l’effet escompté : « Becoming Of Man » s’affiche en clone parfait d’une « Watching It All Disapear » hautement plus réussie.

Bien évidemment, le fait que Communic n’apporte pas d’éléments inédits à sa musique n’est pas l’élément primaire de ma critique. Ce que je trouve plus préoccupant est le manque d’inspiration dont souffre l’album en général. Son orientation davantage « power thrashisant » n’est pas innocente. Il s’agit d’une suite logique à l’évolution du chant. Visiblement agacé par les incessants rapprochements avec l’excellent Warrel Dane dans le chant plaintif, Oddleif Stensland adopte un style plus virulent, plus rocailleux, agressif et très peu touchant. Il en oublie presque ses différentes tessitures et offre, tout en restant un très bon chanteur, une performance vocale que je juge moins riche et nuancée que par le passé. Ces deux points ont pour corollaire une disparition des parties atmosphériques riches d’un chant émotionnel intense, pour offrir une succession de chansons aux riffs pas toujours très bien sentis, mais défoulants. Il m’apparaît aussi que l’Homme ne possède plus le même feeling dans l’écriture de ses lignes vocales et de ses refrains. En effet, beaucoup s’avèrent décevants, tout autant que certaines lignes vocales qui jurent carrément avec la musique : « The Abandonned One ». Pour sa promotion personnelle, Oddleif Stensland a affirmé que ce « Payment Of Existence » serait leur album le plus puissant et diversifié à ce jour. Je suis tout à fait d’accord sur la puissance, mais très peu en ce qui concerne la diversité.

Plusieurs écoutes seront nécessaires pour pointer les différentes lacunes dont souffre ce troisième album. Plus je m’avance dans mon analyse, plus elles semblent avoir un point d’encrage identique, une même origine : Oddleif Stensland ! L’homme sans cesse adoubé par la critique est – il fatigué ? Il faut savoir que « Payment Of Existence » fût en partie composé en tournée. Ainsi les maux dont souffre ce disque seraient – ils à imputer à cet état de fait ? Peut-être ne s’agit – il que d’un simple passage à vide ? En espérant que cet album ne soit pas une preuve prématurée du déclin des Norvégiens par l’épuisement de leur source d’inspiration. Ne nous alarmons pas, car même si je dresse un constat amer et très sévère, ce disque n’est pas un échec pour autant.

Même si les chansons laissent moins d’espace pour les démonstrations techniques, l’exécution reste admirable et certaines chansons savent tirer leur épingle du jeu. Qu’il s’agisse de l’énergique « Unpredictables Of Life » au refrain réussi ou l’excellente « Stone Carved Eyes » qui démontre en 9 :11 qu’avec un peu d’effort, le groupe reste capable d’écrire des chansons à la fois complexes, cohérentes et entraînantes. Il va sans dire que ce « Payment Of Existence » reste un bon album de métal pour qui découvrirait le groupe. Mais après deux albums, « Conspiracy In Mind » et « Waves Of Visual Decay », fabuleux, et connaissant le talent du groupe, on ne peut qu’être déçu par ce troisième album finalement très juste qualitativement comparé aux deux œuvres précédentes. Le constat est pour moi sans appel : « Payment Of Existence » est de loin la moins bonne réalisation du groupe norvégien.

…TeRyX…

0 Comments 01 juin 2008
Whysy

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