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Il faut toujours se méfier de la première impression….

Il y a quelques mois surgissait sur les pages noires et vertes de ce site une nouvelle affriolante: Un nouveau groupe se lançait dans l’aventure du premier album. Pas de quoi faire un Harlem Shake avec les rescapés du fan club de Miss Dominique, des nouveaux groupes il y en a une dizaine par semaine,  mais ce qui attira tout de suite l’œil vif et assermenté de votre serviteur, est la présence en son sein d’un artiste phare de la scène power speed scandinave, l’ex InsaniaOla Halen. Avec un tel patronyme, il ne pouvait que se lancer dans le métal, question de karma, peut être. Le destin est parfois comme un résultat de contrôle de maths, implacable : Jean Pierre Pernaut homophone d’une anisette bon marché pouvait-il être autre chose que le rapporteur d’une prose plouco-conservatrice?? Pas sûr! Dans tous les cas, c’est avec un plaisir certain que nous retrouvons cet ancien leader de la formation suédoise Insania, une des plus sous estimée au monde. Le chanteur officiait sur les ses deux plus grands albums Fantasy a New Dimension en 2003 et sur le majestueux Agony Gift Of Life, mais il a depuis quitté le groupe et son retour dans une nouvelle formation mérite un coup de projecteur appuyé. Le nouveau projet est intitulé Shadows Past et il date déjà de 2005 quand Ola Halen s’était rapproché  des frères Berg (guitare et batterie) et, un peu plus tard, du claviériste ultra doué Staffan Lindroth. Un tel passé, une telle compositon de groupe et une iconographie qui fleure bon le Power, l’auditeur pouvait légitimement appréhender le groupe comme une formation speed mélodique à claviers.

Un seul titre, un single, Wherever I Go était présenté en avant goût pour appâter l’auditeur et d’un clic étincelant, je lançais l’introduction qui…. se libéra sous la forme d’une vocifération death!!!Enfer et damnation, apéro sans saucissons ou Avignon sans son pont, quelle déception!!! Encore une formation qui cède à ce travers me dis-je et j’aurai pu m’en arrêter là ,tant l'impression initiale fut une mauvaise surprise. Quelle erreur n'aurais je pas faite car  Shadows Past résonne aujourd’hui comme une promesse étincelante d’un mariage improbable et très singulier dans un univers musical qui se standardise. L’effort demandé pour passer outre cette entorse première a été récompensé par la découverte d’ un speed mâtiné d’influence black métal dans les riffs, les claviers, les rythmes parfois saccadés, inquiétants, ou tortueux.

En effet les jeunes suédois emmenés avec fougue et panache par Halen propose
un alliage iconoclaste de theâtralité baroque, à la fois speed tourmenté et noir extrême. Shadows Past peut ainsi apparaître comme le chaînon manquant entre Evil masquerade  et Black Messiah. Il faut dire que le chant fait beaucoup dans la construction de l’identité du groupe. Le clavier aussi (perfect chapter à la Civilization One, Legends from The past) car les nappes de fond sont toujours réussis (Wherever I Go) et les soli de cet instrument sont explosifs, étourdissants. Pour vous dire amis lecteurs, celui d‘Impressed m‘a rappelé les grandes heurs de Richard Andersson sur Time‘s Requiem. Une atmosphère alambiquée ressort de chaque titre grâce à une trame mélodique touffue, audacieuse, parfois brouillonne mais toujours suffisamment contrastée pour dérouter l‘auditeur et proposer de l‘intérêt. L’intensité contrastée du speed/extrême peut cependant perturber l’auditeur et passé la première surprise, l’intérêt pourra s’essouffler au fur et à mesure que l’album progresse pour ceux qui estimeront qu‘il est pas assez extrême ou pas assez speed. Il est dur d’étonner dans la durée et si tous les titres présents retiennent l’attention ( The Scars Run Deep est une autre merveille), le type particulier des compositions de Shadows Past déstabilise même après de multiples écoutes.

L’influence extrême est pour une fois, et il convient de le signaler, ni dérangeante, ni superflue, ni télécommandée. C’est rare de nos jours de trouver des formations qui utilisent avec talent et intelligence ce mode d’expression indigeste qui a pollué tant d’albums convenables. Le chant guttural surgit de manière intempestive (Cry no More) mais il complète ce Perfect Chapter décidément bariolé.

Il est temps en conclusion de saluer l’audace d’une formation qui sort des chantiers battus pour développer une approche originale et déconcertante. La réussite n'est pas complète mais est très intéressante dans un monde métallique qui parfois se standardise trop.

0 Comments 22 mars 2013
Whysy

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