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Si l'année 2008 a été, pour pas mal de personnes, mitigée au niveau de la qualité globale des albums, elle nous aura au moins révélée un certain nombre de jeunes formations françaises au talent certain. Pas encore de quoi pavoiser face aux grosses machines scandinaves, allemandes ou américaines, mais quand même, ça fait parfois du bien de se jeter des fleurs !! Et au rang des bonnes surprises donc, on peut désormais placer un jeune groupe originaire d'Avignon, rebaptisé récemment Chemistry (dont l'ancien nom, qui parlera sûrement à certains, était Storm In Insomnia, et dont le premier EP a été chroniqué par notre désormais célèbre poète Gounouman). Après un parcours somme toute classique mais brillant (tremplin régional, fête de la musique...), nos frenchies sont fin prêts pour se lancer dans le grand bain, avec ce premier album intitulé Perfumes.

Depuis l'EP dont je parlais plus haut, les choses ont changé pour nos 3 français. Signés par le label Brennus, ils ont donc pu bénéficier de moyens techniques et promotionnels plus grands pour ce premier album full length. A titre d'exemple, l'album a été masterisé au Finnvox, gage de qualité devant l'éternel. C'est d'autant plus intéressant que de prime abord, ça ne s'entend pas forcément. Un son de guitare fuyant et gras, une batterie à la sonorité primaire, une basse ronflante... Pas de panique, Chemistry évolue bien dans un métal atmosphérique assez minimaliste, d'où la volonté affichée de « salir » le son pour avoir un rendu épuré, parfois brut mais toujours aérien. Et qui dit atmosphérique, dit aussi mise en valeur du fond par rapport à la forme. En clair, les français cherchent avant tout l'émotion, l'émergence de sentiments, d'un état particulier avant la perfection sonore ou rythmique. Et de ce côté, le constat après quelques écoutes est plutôt positif. On est d'entrée de jeu séduit par le vocal très particulier de Camille, qui manie bien l'art de passer d'un chant clair brisé, suave, à un chant lyrique plus théâtral. Et si ce n'est techniquement pas parfait, encore une fois l'effet recherché est plus émotionnel que démonstratif.

Rien de tel d'ailleurs que la première chanson pour s'immerger dans l'univers singulier de Chemistry, intro lancinante où le violon mène la danse, rejoint par une rythmique sirupeuse et un chant éthéré. Les influences sont diverses, de la sensibilité d'un Anathema, en passant par les lignes guitare incantatoires que n'aurait pas renié The Gathering, ou encore ce fameux chant où l'on peut déceler des relents de Eilera. Vous l'aurez compris, Perfumes brasse large, mais toujours en restant proche de l'esprit atmosphérique. Le gros point fort de cet album réside principalement dans ce violon qui, en plus d'une complémentarité très intéressante avec le chant, fait office d'instrument leader qui imprime un ton à chaque titre. Si l'impression globale est donc positive, certains points viennent ternir quelque peu le tableau : la linéarité et la simplicité de la rythmique, qui s'approche parfois du doom sans pour autant en avoir la profondeur, limite la portée de cet album.

Le fait est qu’en deux écoutes seulement, on peut quasiment considérer qu’on a fait le tour de l’album. Ce n’est pas gênant en soi, dans la mesure où c’est agréable, bien produit et bien exécuté, mais ça limite quand même la durée de vie de cet album. Vous me direz, avec raison d’ailleurs, ce n’est pas du prog mais du métal d’inspiration atmosphérique, donc la durée de vie n’est pas un critère aussi important que la décharge émotionnelle provoquée. C’est vrai, mais on aurait aimé un peu plus de profondeur, pour qu’on puisse se dire dans 6 mois « tiens si je me réécoutais ce bon vieux Chemistry !! ». Et je doute que ce soit le cas. Cela étant, on ne peut nier que ce groupe possède une identité marquée, notamment grâce au chant féminin. Reste aux français à muscler et à mieux verrouiller leurs parties rythmiques, et à confirmer ce talent intrinsèque qui ne demande qu'à exploser au grand jour. Perfumes est donc un galop d'essai très intéressant, espérons que le prochain permette au groupe de franchir un pallier supplémentaire.

0 Comments 08 décembre 2008
Whysy

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