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Putain 7 ans ! Son artwork était-il prémonitoire, toujours est-il que sept ans séparent "7 Deadly Songs" de ce nouvel effort "Perspectives" et voient Lord of Mushrooms repointer le bout de son nez avec un visage quelque peu chamboulé. En effet, du dernier line-up ne subsistent que ses géniteurs Laurent James (guitare) et Julien Negro (basse, que certains d'entre-vous ont pu apercevoir chez "DXS" au poste de chanteur-guitariste). Nous retrouvons donc de nouveaux musiciens en les personnes de Luca Mariotti aux claviers et Marco Talevi à la batterie, tous deux ex-"Inner Sphere". Et au chant, après un premier changement qui a vu le groupe présenter un nouveau vocaliste en concert il y a trois ans de cela, c'est finalement Gus Monsanto (ex-"Adagio", ex-"Revolution Renaissance", ex-"Lightseekers") qui s'est retrouvé parachuté dans le groupe italo-niçois. Voilà pour la nouvelle formation.

"7 Deadly Songs" nous avait laissé avec un groupe talentueux et aventureux, jouant une musique progressive et variée, maniant avec autant d'aisance morceaux metal bien lourds que ballades. En résultait un album vraiment réussi et assez original dans le paysage metal français. Sept ans plus tard et trois cinquième du groupe de l'époque en moins, qu'a donc à nous proposer Lord of Mushrooms ? Tout d'abord, remarquons le sublime artwork renvoyant la vilaine illustration de "7 Deadly Songs" dans les cordes. Mais...et la musique ?

Et bien du prog pardi ! Lord of Mushrooms reste fidèle à ses racines et n'a pas laissé une si longue période l'entraîner vers d'autres rivages. Malgré tout le propos du groupe a muté, s'orientant vers une musique moins accessible, pas forcément plus technique mais plus tortueuse, plus alambiquée et plus chirurgicale. Le côté chaleureux et généreux du précédent album a laissé place à un metal plus rigoureux et froid, certainement plus abouti dans sa globalité mais plutôt moins amical que ce qui était en œuvre sur "7 Deadly Songs". Cet aspect frappe d'entrée de jeu avec Imago et son riff qui refuse volontairement de se lâcher et préfère se concentrer sur les notes qu'il joue plutôt que de vouloir en mettre plein la vue. Après tout pourquoi pas. D'autant plus que la section rythmique agit en cohérence et se veut assez feutrée, ne plaçant pas une note de travers ou en trop. Si cette introduction peut légèrement décontenancer les habitués, elle ouvre toutefois des perspectives intéressantes. On notera aussi une utilisation assez originale des claviers puisque que le piano se taille la part du lion face au synthé ce qui colore la musique d'une façon assez unique.

Mais seulement voilà. Lord of Mushrooms a pris le pari de s'orienter vers cette musique précise et garantie sans matière grasse et livre au final un album assez imperméable. Il faut donc intégrer ce trip et essayer de plonger dans le nouvel univers qu'a voulu dessiner le groupe. Pour cela nous avons la nouvelle voix de Gus Monsanto qui étonnamment s'avère très proche de son prédécesseur discographique. Et étrangement, là où nous l'attendions au tournant, le gus ne délivre pas une performance particulièrement époustouflante. Alors bien sûr, il chante toujours très juste et sait bien placer sa voix, mais il peine à véritablement s'imposer et à offrir une prestation dynamique et colorée comme il l'avait fait sur le premier album de "Lightseekers". Soit dit en passant, si ces derniers pouvaient donner un peu des nouvelles hein...

Et si le chant n'est pas flamboyant, la teneur musicale ne sera pas non plus du goût de tous. En effet, beaucoup se demanderont où le groupe veut en venir sur Imago, Grace, Circle in the Water ou encore Awaken pour ne citer qu'eux, changeant souvent de rythme, se refusant la plupart du temps à exploser et se bridant volontairement. Alors oui, les musiciens sont au diapason mais sont au service d'un metal dont l'objectif est d'être le plus clinique possible. Seul le morceau Warmth In The Wilderness voit le groupe se lâcher un peu pour notre plus grand bonheur. On pourra aussi citer Nyx's Robe qui se veut assez expérimental tant vocalement que musicalement et qui vaut le coup d'oreille, arrivant à rendre l'expérience assez intrigante sans pour autant se vautrer dans des délires abscons.

Pour le reste, on a un Awaken assez bourrin, une ballade fort réussie avec Falling qui se retient moins et laisse parler le feeling, ainsi qu'une ribambelle de morceaux qui eux justement délaissent le feeling au profit d'une précision chirurgicale. Et rares seront les moments de liberté, comme ce break de cinq secondes "dance-rock" dans Grace qui aurait été parfait s'il n'était pas entouré d'une musique trop rigoureuse pour être agréable. Dans un autre registre, on a aussi cette ballade (The Missing Link) qui commence bien mais finit par sombrer dans les même schémas et daube complètement la fin de morceau. Et quand bien même tout cela sera question de subjectivité, Lord of Mushrooms a définitivement perdu plusieurs choses, son côté exotique, son trip un peu "la tête dans les étoiles" et cet univers quasi-cosmique transmis en concert et qui faisait rentrer les spectateurs dans une autre dimension.

Au final, prestations vocales et musicales demeureront sujets à discussion et dépendront des sensibilités de chacun. On pourra toutefois supposer que Monsanto prend doucement ses marques sur cet opus et on peut imaginer que son envol se fera véritablement lors de la prochaine offrande. En attendant, il se pose en porte parole d'une musique pas franchement marquante et encore moins aguicheuse. Si c'est tout à l'honneur du groupe que de vouloir éviter la facilité, on regrettera qu'il ait choisi la voie d'une musique fermée quelque peu élitiste et intellectuelle, ce qui semble de plus en plus en vogue ces derniers temps. Sans vouloir jeter la pierre à Lord of Mushrooms, après tout certains trouveront certainement l'album à leur goût, on était en mesure d'attendre quelque chose de plus marquant que ce "Perspectives", techniquement irréprochable mais désespérément vain pour ceux qui étaient tombés sous le charme de "7 Deadly Songs". Perspectives incertaines...

0 Comments 02 juin 2012
Whysy

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