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Enfermé à double tours dans une pièce exiguë débordante de scorpions et de mygales, c’est en effet une épreuve type au fort boyard, mais c’est aussi une phobie redoutée par beaucoup de personnes. Tout comme la frayeur incontrôlée du vide, ou d’avoir à entrer dans un ascenseur... Ces peurs déraisonnées sont des phobies, qui n’ont aucune raison mais aussi mettent en lumière nos paniques. C’est le sujet qui a permis aux Allemands de Athorn de broder leur nouvel opus. Les Hanovriens sortent leur premier album après un EP et se définissent dans un genre à la croisée d’ambiances du métal et bien sûr qui est le meilleur : le symbionic métal.

Phobia est un album mélangeant différentes atmosphères, que cela soit sur “Humanize The Demon” avec ses touches groovy et fondamentalement agressif, ou que cela soit sur des interludes délicates comme “Phobia - Prologue” le combo arrive à apposer son style et sa signature. Les chansons ainsi crées se distinguent par une violence limitée et contrôlée, le tout  teinté par un chant quasi à la rupture entre cri et chant embarqué. Cependant Carsten Frank nous abreuve délicatement d’un chant chaleureux et oscille entre chant délicat et cri assourdissant (“Phobia”). Si il est vrai que dès le début les mélodies semblent remplir leur contrat en décuplant certains traits agréables et catchy avec “Angel Of The Fall”, il faut aussi pointer le fait que cette empreinte commence à s’estomper rapidement et l’effet devient de moins en moins appétissant.

En effet, bien que les musiciens se montrent ajustés et suscitent les émotions, allant même à surprendre de manière sporadique avec une touche de feeling palpable au travers d’envolées ou de brefs soli (“After The End”), il faut reconnaitre que leur présence se fait lentement oublier. La batterie (si il faut donner un exemple) se présente de façon mécanique et conséquemment les rythmiques ne débordent pas en emprise. Les guitares, elles par contre, défendent les couleurs d’Athorn avec virtuosité. Les instrumentistes façonnent les mélodies sur un moule propre au groupe. Est-il nécessaire encore de rappeler combien leur utilisation est importante au moment où l’auditeur commence à décrocher ?

En fait, Phobia mise sur un registre disparate mixant les influences du power métal, du métal progressif ou des genres plus extrêmes (“Schizophrenia”). Les idées semblent bien engagées sur papier mais à l’écoute on pourra reprocher une lassitude qui s’instaure par manque de riffs percutants et ça c’est ce qui entraine quelque peu la formation vers le bas (“The Ferryman”). Bien que les titres soient bien pensés ou défendus avec une infrangible ferveur, on ne peut pas complètement se soumettre. L’aspect trashy des compo renforcent une musicalité entrainante et les doubles guitares empruntées au power appuient l’impact de la musique, néanmoins on a l’impression que le tout manque d’âme et du coup, Athorn s’oublie en chemin.

Le titre cloturant Phobia ostensiblement progressif, passe par une multitude d’état. De l’intro death, on est invité ensuite sur un registre plus heavy, ensuite le groupe ouvre les portes à un break plus horrifique enrichi aux samples, tout cela fait qu’on perd pied. La ligne directrice manque de logique d’un point de vue musical, parce qu’au niveau artistique quoi de mieux pour illustrer la schizophrénie en partant dans deux sens opposés ? Je ne dis pas que les Allemands s’emballent et s’échouent lamentablement, non, je dis juste que bien que les compositions soient réfléchies, leur musique est en mal de ce quelque chose qui tient en haleine et fait vibrer son auditorat jusqu’au bout.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 02 novembre 2010
Whysy

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