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Saidian fait partie de ces groupes à qui on ne fera pas de cadeau, pas besoin d'être expert en astrophénomène pour dresser ce constat, car tous les éléments concordent avec une implacable unanimité :
Petite formation de Heavy Metal, dans un pays où ces groupes sont tellement nombreux qu'on pourrait aisément repeupler le sahel rien qu'avec leurs membres...
Qui fait son apparition en plein «Baby Boom» métallique, alors que les newbies se multiplient dans tous les recoins de l'Europe et que les labels sont littéralement surchargés de demandes toutes moins originales les unes que les autres...
Pratiquant de surcroît une musique assez classique et sans réelle prétention de révolutionner le genre. Il allait vraiment être difficile de remarquer Saidian au milieu de la surabondance d'excellente formation en cette année 2006.

A la lecture de cette introduction assassine je vois déjà les amateurs du genre se détourner de cette chronique, désespérant tout comme moi de trouver aussi peu de bonnes surprises dans les catalogues métalliques. Cependant je vous arrête, contrairement à beaucoup d'autres groupes, Saidian a su attirer l'attention. En effet ce très jeune combo allemand, qui n'en est qu'à sa deuxième année de collaboration avec le label Metal Heaven, possède une facette résolument pionnière et progressiste... ils sont tout simplement le premier groupe de Metal à plagier ouvertement Edguy !

Certes le plagiat est plutôt monnaie courante à notre époque : la mode s'est faite à la fin des années quatre-vingt dix avec les multiples clones de Helloween, Stratovarius et Manowar, elle s'est récemment renouvelée avec l'arrivée sur le devant de la scène de formations comme Nightwish et Sonata Arctica. C'est maintenant une nouvelle piste qu'explore Saidian, en s'essayant à la copie de la nouvelle étoile montante du Metal allemand : Edguy !

Si insupportable qu'elle puisse paraître au premier regard, la chose revêt un côté impertinent qui n'est finalement pas déplaisant. D'autant que les musiciens de Saidian ressemblent tellement à leurs aînés d'il y a dix ans que l'on ne peut s'empêcher de s'attendrir. A l'écoute de «Phoenix» on a vraiment l'impression de replonger dans le Edguy des premières années, celui de «Kingdom Of Madness» et «Vain Glory Opera» avec des moyens et une justesse d'exécution dont ne jouissait pas la bande à Sammet à l'époque. Les choeurs sont massifs, la production limpide comme de l'eau de roche, les musiciens carrés et efficaces... bref tout ce qui manquait désespérément à ces diamants bruts qu'étaient les premiers disques d'Edguy.

C'est donc un peu un travail de remise à jour qu'entament les musiciens de Saidian... comme s'il avaient voulu voir ce qu'aurait donné Edguy si l'histoire et l'époque avait été différente. Markus Engelfried chante dans un registre tellement proche de celui de Tobias Sammet qu'on a parfois l'impression que ce dernier chante en guest sur les refrains, la structure de «Ride On A Phoenix» évoque directement «Tears Of A Mandrake», celle de «Reign Of Agony» fait penser à «The Pharaoh», «The Jester» nous rappelle avec nostalgie l'excellente «Nailed To The Wheel», et je pourrais faire cette juxtaposition pour chacun des titres de ce riche et abondant «Phoenix». Cependant la démarche serait fastidieuse et amènerait à rabaisser inévitablement aux yeux des lecteurs cette formation que je trouve finalement beaucoup plus sympathique que tous ces groupes sans âmes qui n'osent pas être honnêtes avec leurs auditeurs.

Et puis c'est vrai que même si ma nature me porte à sanctionner cruellement Saidian pour son manque de personnalité, c'est le petit morceau de bonté qui reste tapis tout au fond de mon coeur corrompu qui m'en dissuade... Pourquoi ? D'abord car je trouve infiniment plus rafraîchissant d'écouter du Edguy réchauffé, plutôt que d'entendre pour la énième fois les sempiternelles reprises d'Accept et d'Helloween qui pourrissent les rayons des disquers. Ensuite parce que les musiciens de Saidian jouent leur jeu avec conviction, et avec une énergie qui manque souvent aux formations du genre (écoutez «The Jester», «Fallen Hero» ou «Never Surrender» si vous ne me croyez pas). Alors c'est vrai la note traduira avec justice l'affrontement sans merci que se livrent les deux parties de mon encéphale au moment d'attribuer la sentence, je suis bien conscient que cette note ne satisfera ni les fans du groupe, ni les enragés qui crient au plagiat et à la copie illégale, pour ma part je préfère ne pas prendre parti, et je vais de ce pas me réécouter ce «Phoenix» qui reste un album bien sympathique.

SMAUG...

0 Comments 03 décembre 2006
Whysy

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