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Après un raz de marée de l’ampleur de «The Number Of The Beast», difficile d’imaginer que quoique ce soit puisse arrêter les anglais dans leur quête de gloire. A la sortie de l’album du diable, tout semble outrageusement réussir à la vierge de fer, l’album est en tête des chartes en Angleterre, les singles s’enchaînent avec un succès insolent, les concerts affichent complets partout dans le monde, et la dynamique est bel et bien lancée. Steve Harris et ses compères reviennent dès l’année suivante avec l’album chargé de confirmer cette embellie, un jeu d’enfant étant donné le capital confiance accumulé.

Le nouveau bébé s’intitule «Piece Of Mind» et l’ambiance n’est déjà plus la même. Si «The Number Of The Beast» s’appuyait sur un côté satanique teinté d’humour léger, cet opus est ouvertement plus sombre, on retrouve la mascotte Eddie enchaînée dans une cellule d’asile psychiatrique et jetant un regard noir à ses geôliers. Doit-on pour autant s’attendre à de gros changements? Et bien non, car ce «Piece Of Mind» s’inscrit dans la même dynamique que son prédécesseur, même producteur, même son, même dynamisme et même état d’esprit, finalement seul le batteur change : l’excellent Clive Burr cède sa place a Nicko McBrain, changement de registre, mais les deux hommes se valent par le talent et le professionnalisme, en clair on y verra que du feu.

Les points forts qui avaient rendu «The Number Of The Beast» aussi grandiose sont tous présents, on retrouve cette basse magistrale dont seul Steve Harris possède le secret, qui nous impose ses incroyables rythmiques prenant bien souvent le pas sur les guitares dans la structure (sur «Still Life», l’épique «To Tame A Land» ou encore «Revelations»), on retrouve ces chevauchés guitaristiques désormais célèbres dans le monde entier, avec un duo Smith/Murray qui a eu le temps de se roder et qui dispose désormais d’une expérience et d’une complémentarité hors norme. Impériaux sur tous les brûlots de l’album («Where Eagles Dare», «The Trooper», «Flight Of Icarus»), ils se permettent même quelques excentricités bienvenues tout au long du disque, avec un solo épique surprenant sur «Sun And Steel», des variations incessantes sur «Revelations», et des riffs épiques diablement prenants sur «To Tame A Land» ou «Quest For Fire». Dickinson quant à lui reste profondément égal à lui-même, toujours aussi juste et précis, il n’a pas jugé utile de modifier radicalement son registre et met à profit l’expérience accumulée pour fournir une prestation une nouvelle fois ébouriffante.

Comme je le disais plus haut, si la recette de «Piece Of Mind» est encore très proche de celle de son glorieux prédécesseur, les innovations et les expérimentations se font déjà plus nombreuses comme il sied à un groupe sans cesse en quête de renouvellement. Le groupe tire un trait définitif sur sa période Hard Rock et s’oriente vers un Heavy Metal résolument plus épique, avec des titres annonciateurs d’une période glorieuse : «Quest For Fire», «To Tame A Land», des thèmes musicaux historiques et mythologiques, et des morceaux plus longs. Si la rupture se fait donc encore attendre, elle ne tardera pas à frapper très fort, et nul doute que les acquis de cet album seront utiles au quintette anglais pour forger son avenir dans la profession.

L’habitude est prise, comme sur chaque album depuis quatre ans, les tubes sont légion, et certains ont profondément marqué les mémoires, «The Trooper» avec son riff mémorable et son refrain imparable s’est imposé comme le titre speed indispensable à chaque concert de Maiden, peut-être encore plus que l’inusable «Run To The Hills». Moins populaires mais tout aussi prenants, «Where Eagles Dare» et «Die With Your Boots On» sont selon moi les deux titres rapides les plus originaux de l’album, le premier du haut de ses six minutes s’impose grâce à un break de guitare littéralement irrésistible, et un riff remarquable, alors que le deuxième marque des points en variant les lignes de chants à l’extrême et en imposant un refrain aux choeurs étonnants, deux morceaux qui ne manqueront pas un concert du groupe pendant de longues années. Derrière ce trio infernal, les moments de bonheur sont encore nombreux, avec le deuxième single «Flight Of Icarus» dans une orientation plus mid-tempo mais tout aussi brillante, l’atypique «Revelations» véritable extra-terrestre avec ses multiples changements de rythmes et d’ambiances, sans oublier l’épique et implacable «To Tame A Land», morceau de bravoure de sept minutes, instigateur d’un style qui fournira quelques unes des plus belles compositions d’Iron Maiden dans le futur. Le reste de l’album est plus anecdotique et malgré des passages originaux, «Still Life», «Quest For Fire» et «Sun And Steel» paraissent plus fades que leurs soeurs. Dommage pour un groupe qui ne tolère pas le « juste bon »!

«Piece Of Mind» est un album de très grande qualité, les compositions sont profondes, intelligentes et reflètent une volonté affichée d’évolution et d’excellence de la part des anglais. Malheureusement dans l’ombre d’un géant comme «The Number Of The Beast» il parait légèrement en retrait, et ne montre ni la même verve, ni la même régularité. Malheureusement est-il réellement possible d’atteindre à nouveau un tel niveau de perfection, nul doute qu’Eddie nous fournira dans les années à venir des éléments de réponse!

SMAUG...

0 Comments 17 avril 2007
Whysy

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