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C'est d'une manière plutôt discrète que Dagoba sort cet opus dédié au dieu des mers. Il est vrai qu'avec Face The Colossus, nous étions tous en effervescence. Un des fers de lance du métal français, faisait monter la pression avec sa pochette à la fois travaillée et pharamineuse. Lorsque l'album fut mis en rayon, la déception pu se lire sur les commentaires des auditeurs. Un album pêchant par sa production et qui ne proposait plus grand-chose de nouveau. Cette fois-ci, il fallait aller chercher l'information pour  la sortie de Poseidon, peut-être que les phocéens ont souhaité être moins mis au devant de la communication et prendre par surprise ? Seulement deux ans après le précédent album, la formation française ajoute une nouvelle offrande à sa carrière musicale.

Poseidon aborde une nouvelle fois la grandeur et l'immensité. L'environnement ne sera plus terrestre mais sous-marin - le milieu aquatique et ses profondeurs, sa faune et sa flore découverts qu'à moitié sont au centre de la thématique. Cette ambiance silencieuse appelle au gigantisme et à la force divine d'un Dieu Grec, frère du père des Dieux Zeus. Sachant que Poseidon, ferma sur les titans la porte du tartare. Par cette petite histoire, pouvons-nous simplement en déduire que cet album enterrera le précédent par sa puissance et ses qualités ?

A l'image du Dieu des océans en furie, la musique est déchainée. L'accent est porté principalement sur le jeu de Franky Constanza à la batterie : des blast-beats incessants, la présence des doubles caisses et le déluge de percussions sillonnent l'album tout le long de sa dorsale. L'effet est détonant et c'est un véritable tremblement de terre qui secoue l'écoute ("I Sea Red"). Les mélodies sont employées dans un des plus violent domaines tout en conservant des arrangements mélodiques. Les guitares sont plus discrètes, voire limite étouffées, alors la structure mélodique trouve son groove habituel dans les nappes de claviers. Dans "There's Blood Offshore", les claviers rendent une sensation inquiétante à la chanson. Il ne fait aucun doute que les ambiances sont marquées et prennent de l'ampleur grâce aux sonorités dégagées. De plus, les rythmes sont très scandés voire carrément convulsifs, du coup les morceaux s'octroient une dose de frénésie palpable et entrainant dans la folie ("Shen Lung", "Black Smockers (752 Farenheit)").

Tout comme ses prédécesseurs, Poseidon reprend un savoir-faire et un mixage propre à Dagoba. On superpose des couches mélodiques sur un voile épais de violence. La musique blaste à tout va, s'enfonce dans les ténèbres et laisse l'auditeur dans un état cataleptique (comme si un engin de cinq cent tonnes lui était passé dessus!). Shawter impressionne avec ses lignes de chants et son timbre féroce. Il arrive à notre frontman de se servir de filtres vocaux pour rendre son chant encore plus monstrueux ("Degree  Zero"). Alors pour les non-habitués, ca peut faire drôle. Cette apparence défoulante et toute cette célérité mis au service de la vigueur font qu'on peut être emporté par les flots musicaux des Français. Mais hélas, lorsque l'on approfondi un tout petit peu l'analyse, on se rend compte quasi-immédiatement que l'album au-delà de ses arguments est lisse. En effet, le tout manque de relief, car il ne s'agit ni plus ni moins à un auto-plagiat. Prenant  les mêmes ingrédients sans essayer de gommer les erreurs, Poseidon s'affiche avec des tares et perd cruellement de saveur.

Le constat est triste, et finalement, on aurait tendance à se dire que Dagoba commence à se mordre la queue et tourne en rond depuis trop longtemps maintenant. La recette qui avait fait rage commence à ne plus faire effet. Il faut certes, concevoir qu'un groupe possède sa propre identité, sa manière de composer, mais il faut aussi qu'un groupe se remette un peu en question. Les titres servis ici pourraient très bien se retrouver sur n'importe quel autre album du combo, il n'y a pas d'élément distinctif permettant de déterminer une quelconque évolution. Les samples que l'on peut entendre par-ci par-là étaient déjà utilisés ("43 17'n / 5 22'e", "The Horn Cape", "Shen Lung"), le tissu musical s'effiloche à cause d'innombrables redites et à cause de la production bien trop brouillonne, ce qui inévitablement gâche l'écoute.

Si on doit dresser un portait de Poseidon, il serait en demi-teinte. Car dire que l'album est mauvais serait faux, mais on ne peut pas lui donner crédit dans le sens où il n'apporte rien de neuf. Par ses côtés déchainés, il peut servir d'exutoire, cependant son homogénéité, ses refrains parfois irritants ("I Sea Red") font plonger l'opus au rang d'album de passage. Il aurait fallu bien plus d'innovation et calibrer la musique sur un créneau plus surprenant pour réussir à convaincre les pauvres auditeurs que nous sommes. En tout cas, moi je suis prêt à me faire violenter les oreilles, mais la manière de Dagoba est trop téléphonée, pas assez soignée et subtile désormais.


- ȦɭɐxƑuɭɭĦĐ -

0 Comments 28 août 2010
Whysy

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