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L'évaluation du nouvel EP de Céphée Lyra me pose un véritable cas de conscience. Un groupe sympa, de chez nous, une chanteuse magnifique, tout pour plaire a priori, mais voilà, c'est dans l'ensemble assez faible, ça manque cruellement d'originalité et de feeling.

Il est évidemment impossible de reprocher à un groupe amateur de manquer de professionnalisme, vous voyez ce que je veux dire. Donc la production, la prise de son, on va fermer les yeux avec magnanimité, normal. Malgré le fait qu'ils pratiquent un style que j'exècre, je vais donc tendre vers le plus d'objectivité possible, et me forcer à subir le chant de Maud Hernequet et le jeu de batterie robotique et mal rythmé d'Hector Lugaz, ainsi que les riffs bourrins et simplistes de Sylvain Claux.

Sans doute parce que l'esprit humain, par sa volonté de survie, est capable de s'adapter à tout, je dois avouer qu'à la troisième écoute de Privati Honoris Causa ça passe déjà un peu mieux, et je suis très reconnaissant à Maud d'avoir abandonné le lyrisme pour tenter d'abaisser un peu son médium et de proposer un chant plus grave, agressif et musclé, malgré les quelques problèmes de justesse que cela entraîne. Quatre morceaux, dans le plus pur style Dream Theater '89, composent cet EP, et les tentatives d'aller vers plus de heavy-prog sont visibles, bien que maladroites.

Tout est assez maladroit d'ailleurs sur cet EP, ce qui est bien dommage, on sent une volonté de bien faire évidente et une véritable implication dans le projet, mais ça reste très... amateur. Les riffs manquent d'originalité, les mélodies sont simplistes, l'enregistrement basique, même si certains moments sont plus inspirés que d'autres. Le refrain de First & Ever par exemple, où la voix de Maud, plus chaude et juste, donne un peu de couleur à l'ensemble. On notera que sur ce passage elle a abandonné ses velléités de devenir le James LaBrie féminin et revient à des tonalités plus lyriques. Ironie.

Le groupe tente le tout pour le tout et saute le pas avec A Matter Of Personnal Worth, près de onze minutes de prog qui se veut virtuose et réussit surtout à laisser une impression de gêne. Si je pouvais donner un seul conseil à ces brave gens, en toute humilité bien évidemment puisque je ne serais pas capable de faire le quart de ce que le guitariste nous sort, mon conseil donc serait de revenir à plus de simplicité. C'est que le prog est musique très exigeante, qui supporte très mal les à peu près, et pour que onze minutes de variations mélodiques et cassures rythmique soient digestes il faut qu'elles soient parfaites. Le passage plus délicat et sensible, qui précède l'excellent « refrain » épique du morceau (difficile dans ce genre de pièce de déterminer ce qui est quoi, disons à partir de 3'30), voilà une franche réussite, qui augure du meilleur pour les sympathiques Savoyards, encore faudrait-il que ce genre de passage ne soit pas noyé au milieu d'un brouhaha parfois incompréhensible.

En, conclusion, malgré le fait que je n'ai que très peu apprécié cet EP, pour ne pas le dire autrement, ce combo est plein de potentiel, et il suffirait de pas grand chose pour que celui-ci explose au grand jour. Un label et un producteur par exemple, ça serait déjà un grand pas : on croise les doigts pour eux.

0 Comments 08 juillet 2013
Whysy

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