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Difficile parfois de se retrouver dans les déclarations de monsieur Turilli. En effet dans les différentes interviews données pour la promotion de son premier album solo «Kings Of The Nordic Twilight» celui-ci nous avait soutenu qu'il disposait d'un stock inépuisable de matériel, et qu'il ne souhaitait qu'une chose : sortir des albums avec le plus de régularité possible. Autant vous dire qu'avec la qualité du premier disque, de telles déclarations étaient porteuses d'espoir, et pourtant c'est pas moins de trois longues années qu'il nous a fallu attendre avant de pouvoir goûter à ses nouvelles productions... petit joueur Luca !!!

Certes ces trois années ont vu s'échelonner un nombre incroyable de faits divers portants sur des meurtres sauvages d'honnêtes propriétaires de disquers par des fans de Metal Symphonique aux yeux injectés de sang. Mais cela n'atténua pas le plaisir de retrouver monsieur Turilli et son éternel sourire méditerranéen au début de cette année 2002 pour découvrir son nouvel opus, annoncé comme encore plus ambitieux que son prédécesseur : j'ai nommé «Prophet Of The Last Eclipse».

«Kings Of The Nordic Twilight» avait su s'imposer en innovant radicalement, en proposant un son unique et original. Et surtout en offrant quelque chose de différent, quelque chose que l'on n'attendait pas du fondateur de Rhapsody. Encore aujourd'hui ce disque fait un peu figure d'OVNI dans la galaxie Heavy Metal, sans pour autant avoir jamais prétendu révolutionner le genre. En tout état de cause, faire mieux ou aussi bien s'annonçait difficile, d'autant que la marge de manoeuvre du virevoltant derviche transalpin se trouvait nécessairement réduite.

Et pourtant comme souvent Luca a réussi à surprendre, et à se positionner dans un spectre musical très différent de celui que lui aurait prêté les pronostics. On l'attendait direct et violent, dans la droite ligne de l'excellent «Power Of The Dragonflame» paru au printemps chez Rhapsody. Il s'est révélé complexe, éclectique, électronique, difficile à appréhender... Dans un style singulièrement déroutant alliant subtilement le Speed Metal épique caractéristique du personnage, avec des consonances électros et artificielles, comme si son univers avait brusquement évolué de sa traditionnelle fantasy, vers un cyber-punk futuriste haut en couleur et porteur de promesses.

L'impression s'avère d'ailleurs exacte, la superbe pochette de Jean Pascal nous met tout de suite dans le bain : paysage insolite et torturé, chevalier d'une galaxie lointaine découpant des monstres étranges, coucher de soleil blafard sur des planètes en flammes... bref le décor est planté pour introduire un album qui encore aujourd'hui est considéré par tous comme à la fois grandiose et unique. Je pense que Luca Turilli n'a toujours pas égalé le niveau d'inspiration atteint cette année, et que «Prophet Of The Last Eclipse» s'inscrit encore aujourd'hui parmi les produits les plus marquants de ce début de vingt et unième siècle.

Le voyage est surprenant et dérangeant, chaque titre s'apparente à un nouveau monde à découvrir, tant les expérimentations sont osées et les sonorités novatrices. L'introduction ésotérique «Aenigma» ne viendra pas me contredire, on passe d'une ambiance «vieille bande son» à une introduction épique et électronique qui lance l'album de la plus belle des façons. Jamais auparavant Luca n'avait proposé quelque chose d'aussi osé en ouverture d'un de ses disques, voilà qui laisse présager du meilleur. Et le meilleur va venir, car les autres chansons approchent toutes d'une perfection qu'on a rarement l'occasion de côtoyer dans le genre : «War Of The Universe» et «Rider Of The Astral Fire» en proposant une myriade de nouvelles sonorités tout en assurant ces refrains et mélodies que le guitar-hero a le talent de multiplier comme des petits pains, apparaissent d'entrée comme deux des titres les plus aboutis de la discographie du transalpin. Même son de cloche pour le single «Demonheart», puissant et électronique, tout en restant ancré dans la tradition rhapsodienne... il fallait le faire !

Mais le meilleur est encore à venir, avec l'aérienne instrumentale «Zaephyr Skies' Theme» et les joyeuses et enjôlées «The Age Of Mystic Ice» et «Prince Of The Starlight», Luca Turilli impressionne par son talent de composition, en offrant une grande diversité vocale et en proposant à Olaf des lignes de chant toutes plus jouissives les unes que les autres. «New Century's Tarantella» est sans doute la chanson la plus ambitieuse de l'album, et peut-être de la carrière de Luca, je n'ai pour ma part jamais entendu titre plus difficile à appréhender, la mélodie et le rythme changent tellement de la routine métallique qu'il est difficile d'y trouver quelque chose à redire. On pourrait en dire autant du colossal titre éponyme qui clôt l'album de manière magistrale, mais une chronique ne suffirait pas pour le décrire, parfois il faut savoir se taire et écouter...

Difficile de noter un tel monument, difficile surtout de ne pas mettre la note maximale quand on voit la masse de travail et de recherche musicale qui se tapissent derrière cette apparente facilité. «Prophet Of The Last Eclipse» est l'oeuvre d'un boulimique, d'un bourreau de travail, mais c'est aussi un joyau qui restera à jamais unique dans le monde du Metal, et peut-être de la musique en général. Alors l'humble chroniqueur que je suis ne peut que s'incliner, et mettre la note maximale.

SMAUG...

0 Comments 08 décembre 2006
Whysy

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