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Les surprises viennent toujours de là où on ne les attend pas. Normal, direz-vous, sinon ce ne seraient plus des surprises. Pas faux. Mais tout cela pour dire que si on devait établir son top 10 prévisionnel en début de chaque année afin de pouvoir le comparer avec le top 10 effectif douze mois plus tard, il ne ferait aucun doute que les différences seraient grandes. Groupes attendus qui sortent des bouses et groupes venant de nulle part qui cassent la baraque, chaque année nous réserve son lot de curiosités. Et celle de ce début d'année 2013 s'appelle...Pryde !

Groupe marseillais que certains ont pu apercevoir en première partie de "Myrath", il sort cette année son deuxième album "Psychocentesis", œuvre traitant des troubles psychologiques et ornée d'un superbe artwork signé par l’incontournable Seth Siro Anton. Et après des débuts sous des couleurs "power", le ton dégagé ici se veut majoritairement prog voire "dark metal" à la "Evergrey". Tableau à l'atmosphère angoissante et mélancolique sans verser dans le plaintif de bas étage, structures complexes, nappes de clavier distantes et pourtant qui enveloppent la musique, nous avons affaire à un produit très bien ficelé et au contenu soigné.

Et ici, pas question de simplement livrer un joli paquet qui brille ! Non, ce qui compte c'est aussi ce qu'il y a dans la boîte ! Et dans la boîte il y a tout simplement une grosse claque comme on n'en vit pas souvent. Jouant sur le coup de l'introspection avec une courte narration en guise d'intro suivi du riff de l'opener à suivre qui commence de façon étouffée comme pour mieux exploser ensuite, "Pyschocentesis" vous prend rapidement à la gorge avec The Point of no Return, son riff bulldozer, ses couplets où voix claire se mêle à du vocoder et son refrain qui file à toute vitesse. Complexe sans être compliqué, efficace sans être primaire, ce morceau nous éblouit par la maitrise musicale du groupe, le son monstrueux et la grande prestation vocale de Valerian. Avec sa voix un peu aigüe qui sait se faire plus grave et menaçante voire hurlée, le panel proposé est assez impressionnant.

Et le dernier refrain d'Artificial Paradise saura vous en convaincre si vous avez encore des doutes. Ces petites piques dans les aigües délivrées avec autant d'aisance, de justesse et de sensibilité sont les signes d'un chanteur de tout premier plan. Sachant que tous les membres du groupe sont assez jeunes, cela laisse augurer du meilleur pour la suite. Pour en revenir au morceau, on sent clairement l'influence "Evergrey" dans sa mélodie, ses notes et ses chœurs lors des refrains qui ne trompent personne. Mais il ne s'agit pas d'une critique, ce morceau étant un des moments forts de la galette, montrant par la même occasion que même en mid-tempo Pryde sait y faire !

De toutes façons, on retrouve de tout dans cet album. Des pistes instrumentales, des morceaux ravageurs, d'autres plus posés mais tout aussi percutants et même une ballade en fin de disque. Et à vrai dire, Pryde s'y montre tellement à l'aise, peu importe la physionomie du morceau, que l'on ne peut qu'approuver la démarche, tant les morceaux sont réussis et développent chacun leur propre image. Que ce soit le long et titanesque Psychocentesis dont les claviers ont tôt fait de vous rappeler "Dream Theater", Cold Light qui montre une fois de plus l'aptitude du groupe à jongler avec brio entre les tempo ou encore Illusive Faith et ses accélérations rageuses, le menu est varié et succulent

Quant aux morceaux dénués de chant, sans compter l'intro, ils sont aux nombre de trois dont autant de voyages différents. Birth of Dementia se veut la seule instru "metal" de l'album, assez classique dans son approche mais fort à propos dans l'ensemble formé par l'album tandis que Step out of the Mist est l'occasion d'entendre quelques guitares acoustiques, pianos et "voix off" avant que The Awakening vienne (presque) conclure l'album en beauté et délicatesse. Oui, "presque" car la dernière piste est aussi le troisième morceau instrumental, Coming to Counsciousness composé par une personne extérieure au groupe (Spiky) et clairement dans un trip ambiant. Surprenant mais très beau et fermant la marche à merveille.

Et au final, avoir disposé les pièces instrumentales de cette manière permet d'avoir trois "blocs" distincts ou trois actes, le premier tentant de marquer les esprits le plus possible, le deuxième un peu plus désespéré et le troisième clôturant dans le calme même si le personnage ne semble pas avoir retrouvé sa sérénité. Un album qui se lit comme il s'écoute et qui réussit le tour de force de ne proposer aucun morceau ou passage en deçà. Les voyants sont dans le vert en permanence, aucun moment de faiblesse, la définition d'un excellent album en gros quoi !

Alors oui, vous me direz, Pryde ne révolutionne fondamentalement rien. Si on veut, mais peu arrivent à aussi bien digérer diverses influences pour en recracher un contenu aussi varié et cohérent tout en gardant une base solide et en laissant les expérimentations de côté. "Psychocentesis" est une vraie bombe, le temps nous dira si c'est un chef d’œuvre mais ce qui est sûr ce que nous avons là un prétendant sérieux à l'album de l'année 2013 ! Amateurs de prog, de metal, ou tout simplement de musique, jetez-vous sur cet album !


0 Comments 07 avril 2013
Whysy

Whysy

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