Vous recherchez quelque chose ?

Alors que Justin Bieber et Usher viennent compliquer une étude plus systémique des travers d’une société trop encline à l’assujettissement, et ce, en initiant une véritable crétinisation de masse de nos adolescentes, il est rassurant de pouvoir compter et se reposer sur des balises qui semblent inaliénables, hors des phénomènes de mode, et qui tentent encore de contenir les errements post traumato-acnéiques d’un monde certainement voué à une destruction imminente, puisque l’on parle d’un prochain duo possible Bieber-Lady Gaga.

Nick BARRET est une de ces balises. Plus de trente ans déjà qu’il veille sur son chef Dragon,
avec sa voix et sa guitare qui en font un gamin qui décidément ne veut pas vieillir.
Jamais un album de PENDRAGON n’aura aussi bien porté son nom; PURE. Comme l’intention de Nick qui l’amène à nous gratifier d’un énième album. Parce qu’une seule écoute suffit. Ce garçon compose toujours comme au premier jour. Le même plaisir, la même foi. D’ailleurs, qu’est-ce qui pourrait nous laisser croire qu’il y ait des motivations, moins avouables, autres que le simple amour pour la musique? L’amour du profit? HaHa! Le seul point commun entre prog et profit est leur première syllabe.

Que vous conserviez une affection particulière pour le prog survivant des années 70 (MARILLION par exemple), ou que vous n’ayez d’intérêt que pour la nouvelle génération progressiste ( comme PORCUPINE TREE au hasard), ce PURE est pour vous. Pourtant encore dans le respect de l’héritage seventies, cet album lorgne sans complexe vers des sons plus modernes. Le titre d’ouverture en est déjà le parfait exemple. Riffs de guitare dépoussiérés et réminiscences pink floydiennes illustrent d’emblée une cohabitation intergénérationnelle réussie. En outre, on remarquera l’arrivée d’un nouveau batteur dont le jeu plus punchy s’accordera mieux avec une coloration plus rock pour ne pas dire métal de certaines compos. Au poste claviers, on ne présentera plus Clive NOLAN qui reste lui aussi dans le ton, en habillant son travail de sonorités des plus modernes. Enfin, the last but not the least, Peter GEE, bassiste de son état… Et quel bonheur quand une production veut bien donner à une basse si volubile la possibilité de ronronner et ronfler de si belle manière!

Pour parler de PENDRAGON à ceux qui n’en connaissent pas la moindre note, il faudra commencer par la voix de Nick. Posée, chaude, étonnamment jeune, légèrement éraillée ou presque douce parfois -surprenant, quand on voit le bonhomme- elle peut se durcir, un peu., et pas souvent. Ainsi, quand il chante «  I hate your country, i hate this new religion, I hate your politics, I hate your lack of kindness », la voix porte plus haut, mais le ton est mélancolique, sans aménité. Un zeste de fatalisme pour quelqu’un qui a perdu ses illusions… De toute façon, quand la colère ne suffit plus, quoi d’autre alors?….
Mais quand la parole et le chant ne suffisent plus, il y a LA guitare… Si fluide, si naturelle -nan, c’est pas de la farine!- que s’immerger dans ses flots de notes est chose tellement aisée. Nul besoin de Vocoder pour vous parler. Elle peut être bouleversante ou grisante, là, comme ça, ou vous scotcher au plafond lorsqu’elle revêt son armure de métal.
Ecouter ce PURE, c’est écouter aussi le travail remarquable fait sur les vocaux, pas seulement la voix de Nick, encore qu’une production brillante et inventive ne se prive pas de l’habiller de différents effets qui démultiplient à l’envie les différents sentiments qui peuvent nous assaillir à son écoute.
Vocaux obsédants comme par exemple sur INDIGO, où ce chant féminin qui se pare toujours un peu plus de circonvolutions ethniques au fil du morceau vous emporte dans un maelström d’émotion.
Ou sur ERASERHEAD. Là, une mélopée vous prend aux tripes et m’évoque -va savoir pourquoi- la plainte d’un faune blessé sous les entrelacs d’une sombre sylve…
Mais tout cela ne serait pas suffisant, s’il n’y avait les qualités mélodiques des compositions. Certainement habité par les thèmes abordés dans ce PURE, tournant autour de notre société, de la place qu’y occupe l’enfant, les parents, l’argent, l’idéologie, etc… Nick Barret nous délivre cinq compositions parmi les plus belles qu’il ait jamais écrites. A commencer par la première, INDIGO, qui nous laisse- déjà- au terme de ses presque 14 minutes, pantelants de bonheur, emmitouflés dans un patchwork de sensations enivrantes mâtinées d’une légitime incrédulité: ainsi donc, la perfection , ce serait si… simple?
Si c’est ce questionnement sur notre façon de vivre, certainement -comme je le disais plus haut- débarrassé d’illusions, qui a inspiré à ce point l’âme de PENDRAGON, pourvu que Nick n’en connaisse jamais les réponses, contraint ainsi de continuer à composer avec le même génie chevillé aux cordes de sa guitare.


D’une manière ou d’une autre, l’album est touchant, du début à la fin. Vous l’avez compris, le spleen n’y règne pourtant pas sans partage. La mélodie peut se faire plus légère, plus sereine, mais plus dure aussi, lorsque la guitare se met en rogne, en lieu et place de Nick qui ne pourra se résoudre à utiliser sa voix comme un instrument de colère. On pourra selon le moment se glisser dans la mélodie comme dans un souvenir d’enfance gorgé de soleil et de tendresse, tous nos sens délicieusement en éveil, mais la gorge tout à coup nouée quand l’émotion nous surprend à l’orée d’une ligne mélodique, belle, tout simplement. On pourra taper du pied sur l’entraînant THE FREAK SHOW, frappé du sceau d’un rock mélodique de haute volée aux confins du métal, avant de fondre comme des caramels avec IT’S ONLY ME, une ballade touchée par la grâce, dont le long -mais trop court finalement- solo de guitare devrait raisonnablement vous arracher quelques larmes.
La longue pièce intitulée COMATOSE soufflera le chaud et le froid, alternant le poignant et le virulent, violons festifs et guitares ombrageuses, ambiances floydiennes et sonorités plus rageuses, le choc entre les seventies et les années 2000, finalement réunies par le ciment divinement mélodique des parties de chant de Nick.

Dans la continuité d’un BELIEVE déjà saisissant de qualité, Nick BARRET, en plus de rendre son prog accessible à tous, a produit là son chef d’œuvre, épuisant en un album tous les superlatifs. C’est à vous, maintenant, de ne pas passer à côté.

0 Comments 30 novembre 2010
Whysy

Whysy

Read more posts by this author.

 
Comments powered by Disqus