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Au fond, un groupe c’est quoi ? Quatre ou cinq (ou plus) esprits qui se rencontrent et, sous le coup d’influences communes ou non, créent de la musique à l’aide de leurs compétences techniques respectives. On est en droit de se demander, alors, pourquoi existe-il autant de différences au niveau musical entre les formations ? Différences niveau expérience, niveau technique, niveau budget, autant d’éléments qui distinguent une formation des autres. Mais ces types de distinction peuvent être compensés soit par de l’entraînement soit par un gain à la loterie. Donc au fond, il reste quoi ? La créativité, tout est question de créativité…

Et malheureusement c’est ce qu’il va manquer à cette formation colombienne, Terra Sur. Non pas sur l’aspect technique et instrumental, car à ce niveau les colombiens sont remarquables, mais sur l’aspect mélodique et accrocheur de leurs compositions.

Comme je le disais, instrumentalement et techniquement parlant, Terra Sur est assez irréprochable. Le groupe officie dans un power/prog catchy lorgnant vers le heavy. La force de leur musique réside incontestablement dans les riffs de leurs guitares. Puissants, décapants, lourds, certains d’entre eux ne sont pas sans rappeler ceux de Symphony X (« Raise your Voice », « Sacred Treason », « Vanity Game »). Le clavier, basé principalement sur l’ambiance, apporte de la fraicheur par ses nappes variées et très présentes. Et même si celui-ci s’aventure quelques fois dans des soli inspirés (« Facing the Evil », « Sacred Treason ») ou non (« Son of the Nile »), son intensité ressort en arrière-plan soit sur les couplets, soit sur les refrains (« Time to Live »).

Les breaks instrumentaux sont d’une maitrise rare. Que ce soit la basse avec la guitare, la batterie avec la basse, la guitare avec la batterie, les compos sont d’une extrême efficacité. La basse, à elle seule, ébranle nos tympans par sa vigueur et son énergie (« Facing th Evil », « Help Me », « Kingdom of Lies »). Les guitares ne sont pas en reste avec des soli percutants (« Son of the Nile », « Vanity Game », « Sacred Treason », « Prisoner Forever ») ressemblant quelque peu à ceux d’un certain Mickaël Romeo (Symphony X). Les enchainements entre les différents instruments sont intelligents et donc au final les breaks de chaque chanson deviennent des moments très séduisants et captivants.

Si techniquement, autant d’éloges peuvent être faites, on ne pourra résolument pas en dire autant sur l’aspect mélodique de l’album. C’est simple, aucune mélodie ne reste en tête à la fin de l’écoute de l’album « Raise Your Voice ». Je ne vous parle même pas des refrains qui, à part « Vanity Game » peut-être, sont aux abonnés absents. Il est même assez difficile, sur certaines compositions, de discerner le refrain des couplets (« Kingdom of Lies »). Les compositions sont plates, sans relief et il faut à chaque fois attendre les parties soli pour oublier cet aspect fade et sans inspiration de Terra Sur. Hymnes, où êtes-vous ?

Ce manque de percutant et d’accroche résulte réellement d’un manque de créativité car même la technique du chanteur est presque absente de reproches. Sa gamme très large lui permet d’aller autant dans les aïgus que dans les graves. On pense à Tobias Sammet (Edguy), Jonas Heidgert (Dragonland) mais c’est surtout à Ola Halen (Insania) auquel on songe mais avec une voix bien mieux maîtrisée que ce dernier. On pourra critiquer sa fâcheuse tendance à accentuer les syllabes de fin de phrases (la ballade « Help Me » est en partie gâchée à cause de ça) mais force est de constater que Francisco Murillo a un grand avenir devant lui.

La frustration est le ressenti que l’on a à l’écoute de cet album. Autant de potentiel technique terni par le manque d’éléments marquants ne peut que laisser l’auditeur sur sa faim. Cependant, il est sûr qu’avec un peu plus d’imagination, Terra Sur fera vite parler de lui pour se classer parmi les meilleurs groupes de power/prog de sa génération.

Doryan.

PS : Leur album est en téléchargement intégral sur leur MySpace. Profitez en !

0 Comments 13 mai 2008
Whysy

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