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An 2177, le grand professeur Helmut Schmutz, directeur de l’université Yngwie Yohan Malmsteen, vient de terminer sa thèse intitulée « Les preuves qu’Agassi et Malmsteen n’avaient pas le même perruquier ». Satisfait d’avoir lavé définitivement l’honneur capillaire du Maître Yngwie, il savoure sa journée mensuelle de repos en se détendant depuis quelques minutes dans sa baignoire à remous, même s’il ne peut s’empêcher d’avoir déjà la tête à sa prochaine thèse : « Vision post-chimérique de l’œuvre d’Ygwie par les nomades sibériens du XXIeme siècle». C’est alors que l’alerte de son téléphone exocelluloïde à impulsions neuromusculaires le sort brusquement de sa réflexion. Edmond, son fidèle assistant, ose en effet déranger le professeur à pareil moment.

- Professeur, venez vite, je viens de mettre la main sur une relique de l’ère Malmsteen I, l’album Reality Divine de Fool’s Game !
- Petit irrespectueux, comment oses-tu me déranger pour des broutilles pareilles, saches que j’avais reconstitué le génotype de Malmsteen alors que tu ne pissais pas encore debout !
- Mais professeur, l’album réagit positivement au test carbone Malmsteen 14 !
- Incroyable ! J’arrive tout de suite ! »

Quelques minutes plus tard au laboratoire du centre de recherche, l’analyse du disque commence, le professeur Schmutz s’en chargeant lui même, sous l’œil admiratif mais envieux du jeune effronté Edmond.

- Effectivement, le test ne s’est pas trompé, le batteur de Fool’s Game n’était autre que John Macaluso, qui avait officié pour maître Malmsteen de 1999 à 2001, sur les albums Alchemy et War to End All Wars. Des analyses plus poussées m’indiquent qu’il s’agit là du premier album de Fool’s Game, groupe créé par le guitariste/bassiste américain Matt Crooks, qui s'est également adjoint les services de Matt Johnsen (Pharaoh) à la guitare lead, Nick van Dyk (Redemption) aux claviers, et Lars F. Larsen (Manticora) au chant.
- Bon travail professeur, mais musicalement, que vaut ce cd ?

- Nous avons affaire ici à un Power Metal en perpétuelle quête de domination de l’auditeur par la puissance. La guitare rythmique, mais surtout la section rythmique, défoncent toute forme de résistance sur leur passage. Il est cependant fort dommage que la plupart des titres ne bénéficie pas de riffs suffisamment costauds. Très conventionnels, les riffs se contentent de s’abattre lourdement, froidement, presque cliniquement, sans surprendre.
Cette quête de puissance est relayée, dans le même état d’esprit, par Lars F. Larsen, qui s’en donne à plein poumons. Sûr que le gars chante bien, d’ailleurs il l’avait prouvé avec Manticora, mais le reproche fait à la guitare rythmique se transpose aussi sur son rôle : il a trop peu de bonnes parties à chanter, et forcément sa prestation en devient trop souvent lancinante. Heureusement, il nous sauve de l’ennuie grâce à des passages hurlés dans les très graves (Mass Psychosis, When The Beginning Meets The End, The Wild Swans At Coole). Même si je n’en suis pas vraiment fan, il faut admettre que cela amène une ambiance malsaine bienvenue dans ces lignes de chants à l’inspiration quasi-désertique. Les refrains sont donc attendus avec impatience, et si l’attente est parfois vaine (The Wild Swans At Coole), les refrains dégagent généralement quelques chose de palpable et captivant, et réussissent enfin à donner à Fool’s Game un semblant de personnalité (When The Beginning Meets The End, Sowing Dead Seeds, As The Field Of Dreams Was Abandoned, The Conqueror Worm). Juste un semblant car les meilleurs titres (The Conqueror Worm notamment) font bien penser à du Blind Guardian quand même.
Bonne surprise, la batterie est étonnement capricieuse et apporte beaucoup de vitalité à Reality Divine, surtout lors des passages instrumentaux dont plusieurs sortent du lot (The Wild Swans At Coole, On Endless Planes Of Ignorance)
À par cela ? Il y a bien des soli de guitare qui relèvent le niveau, un clavier discret qui alterne le très bon (The Conqueror Worm) et le ridicule (When The Beginning Meets The End), ou une chanteuse qui ajoute un petit côté fantomatique par ci par là, mais cela ne suffit décidément pas à me convaincre. Reality Divine est un imposant monolithe mais qui sonne creux. Ses atouts de séduction, pas assez nombreux et trop disséminés, ne procurent que sporadiquement du plaisir d’écoute. Cet album souffre tout simplement d’un manque d’inspiration latent qui plombe l’œuvre de Fool’s Game, et qui devient sur la longueur un défaut majeur que la technique et l’envie de bien faire ne peuvent compenser.
Edmond, veuillez archiver cet album au sous-sol de l’université, moi je retourne dans mon bain.

Chris
Avec l’aimable autorisation de 1,984 pour la libre utilisation de ses personnages Edmond et Helmut Schmutz

0 Comments 21 novembre 2009
Whysy

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