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Si pour une fois je sais de quoi nourrir mon introduction ce n’est pas par hasard et ça ne relève donc pas de l’inspiration soudaine et miraculeuse. Et bien non, c’est plutôt à une découverte qu’incombe l’ouverture des vannes de l’inspiration qui vient se déverser en flot dans mon être. Depuis toujours, je remarquais les opinions des métalleux concernant le progressif, certains d’entre eux s’accordaient pour le dépeindre telle une vilaine bête obscure de par ses structures et repoussante, grief fait à ses rythmes et ses mélodies qualifiées d’incompréhensibles voire d’incohérentes.
Jusqu’à aujourd’hui, cet animal relevait pour moi plus du mythe, comme une survivance de ceux qui peuplaient la pensée commune des gens du XVe siècle décrivant des monstres aux confins maritimes de l’atlantique.

Et bien le mythe semble avoir investi le monde réel, Linear Sphere lui ouvrant la route qui relie ces deux dimensions. Sept ans après leur formation, les Anglais viennent nous proposer leur premier album : Reality Dysfunction. Les membres du groupe se montrent tous musiciens chevronnés, diplomés pour certains d’école de musique et tout le tralalala et donnant des cours de musique. Ils se complaisent dans des ambiances sombres où quelques interstices lumineux viennent aérer, en dépit de leur extrême rareté, des compositions infiniment denses et indigestes. Tout d’abord, les structures présentent une complexité manifeste - pour ne pas dire évidente puisqu’il n’y a point de complexité qui soit évidente - au vu des nombreux changements de rythme qui viennent s’immiscer et nous faire vaciller par leur fréquence. Et là où certains crieraient d’emblée à l’incohérence, je persévère dans mes écoutes et découvre l’unité des morceaux qui ne se laissent toutefois pas amadouer facilement, grief imputable moins à des variations atmosphérique - à mon grand regret - qu’aux structures en elles-mêmes. On retrouve cette ambiance sombre et torturée du début à la fin, exception faite de petits épisodes déjà mentionnés. On pourra discerner dans ce flou musical des emplois assez Dream Theatherien comme l’usage de passages vocaux genre Radio/TV, des rythmiques parfois proches de l’âme de Train Of Thought mais cela reste peu prégnant.
La seule inspiration, que le groupe daignera bien nous octroyer emplira nos poumons asphyxiés par un excès de technique et de rythmiques syncopées, sera la très OpethienneMarketing. Mais le point qui repoussera sans doute la plupart d’entre vous bien avant l’aspect technique sera la voix du chanteur qui semble être une sorte d’hybride entre la voix de Shagrath sur Puritania et celle de King Diamond, ça promet donc de bons moments bien cauchemardesques, seul Marketing m’aura révélé le chanteur sous un aspect supportable derrière lequel se profile le spectre de Mikael Akerfeldt.
Cependant, forcé d’admettre que les musiciens possèdent une maitrise admirable de leur instrument, le plus intéressant pour moi restant la batterie qui assénera tout au long de l’album des rythmes plutôt extravagants gorgés de contre temps nous mettant mal à l’aise. Dans l’ensemble, son jeu fait parfois penser à celui d’un Mike Portnoy avec beaucoup de finesse en moins je dirais, parce qu’en dehors de l’aspect original et technique, ici poussée à un niveau tutoyant le paroxysme, je ne retiens pas grand chose et ne vibre pas outre mesure. Tout cela est paré d’une production faiblarde n’aidant pas à discerner l’ensemble.
La vocation et l’optique de conception de cet album pourraient selon moi se résumer en un chant lexical, celui du vertige et la perte d’équilibre, car nous nous trouvons après cette aventure bien en mal de dire que l’on a tout compris et tout suivi, qu’on n’a pas perdu pied une seconde. A vrai dire c’est plutôt l’inverse, il faudrait essayer de se remémorer quand on a bien pu toucher pied. Les seuls souvenirs qui subsisteront seront : « ben il chante mal le chanteur » ou encore « Trop technique… ».

Reality Dysfunction est un album surprenant qui sera loin de plaire à tout le monde car il s’inscrit vraiment dans une optique déstabilisatrice. Peut-être pourrait-on le comparer à certaines œuvres d’art contemporain, certains y voit du génie, certains ne la comprennent pas. Je garde donc bon espoir pour que cet album trouve preneur car comme chacun sait « tous les goûts sont dans la nature ».

Dreamer

0 Comments 06 octobre 2006
Whysy

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