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La sortie de l’album «Ritual» en 2002 avait provoqué une belle nébuleuse dans le monde du métal, le succès s’était montré à la hauteur du chef d'oeuvre (surtout en Amérique du sud) et les concerts donnés par le groupe durant les deux années suivantes n’avaient certes pas démentis cette tendance. C’est après une longue et frustrante attente de trois ans, que Shaaman nous livre enfin son nouveau disque, avec pour mission d’affirmer son style et sa ligne musicale, dans le but de s’imposer une fois pour toute comme l’un des très grands de la scène mélodique.

Dans tous les cas, la tache d'André Matos et de ses fidèles lieutenants s'annonce difficile, car succéder de manière efficace et réussie au fantastique «Ritual» révèle plus du tour de génie que de la simple épreuve. D’autant que des soucis juridiques vont contraindre le groupe à modifier légèrement son nom («Shaman» devient «Shaaman») pour une stupide affaire de droits d’auteurs. Malgré ces quelques soucis, tous les voyants sont au beau fixe, même line-up de stars, même studio et même producteur (Sascha Paeth plus efficace que jamais), tout ce qu’il faut pour nous rassurer. La pochette du nouveau bébé sobrement nommé «Reason» intrigue, une végétation mourante survolée par un nuée d’oiseaux, entourant une voie ferré sur laquelle, perdue au milieu du brouillard, marche une vague silhouette songeuse. Voila qui arrive comme une sorte d’avertissement pour l’auditeur, «Reason» ne sera certainement pas l’album que l’on s’attend à trouver.

Et l’impression première s'avèrera exacte, car les premières écoutes sont plus que déroutantes pour un grand fan de «Ritual» tel que moi, la sobriété des compositions, la concision des titres (maximum six minutes, le plus souvent quatre), le chant de Matos de plus en plus rauque, comme si Shaaman avait revêtu son habit d’automne et tourné définitivement le dos à sa période Angra. Cependant à la déception cède bien vite l’excitation, à la tristesse de quitter la période «Angels Cry» succède le plaisir de découvrir une personnalité toute nouvelle, et plus que jamais affirmée.

La sobriété est ici maître mot, les chansons ne se perdent pas dans des structures labyrinthiques mais se focalisent sur l’essentiel, distillant les trouvailles et les mélodies sur de courtes périodes pour les rendre plus intenses (les breaks de «Turn Away» et «Scarred Forever», le pont de «Iron Soul», le finish de «Born To Be»). Les soli sont pétris de feeling sans jamais se montrer redondants, même constat pour l’artiste Ricardo à la batterie, et le magicien Luis à la basse. Certes cet album n’est pas une fenêtre pour les musiciens, mais il est un gage magnifique du professionnalisme et de l’inventivité à tout épreuve des membres de Shaaman. Le chant de « Dédé » Matos est quant à lui étonnant, à des années lumières des aigus qu’ils nous servaient dans les années 90 il adopte un registre beaucoup plus mure et rocailleux, pour un résultat ultra séduisant (sa prestation sur la reprise de The Sisters Of Mercy est tout simplement énorme).

Je ne trouve pas la moindre chanson en dessous du lot, l’ensemble forme un tout cohérent, mais chacune est une oeuvre d’art à part entière, apportant avec elle un univers et une inspiration particulière (et notamment «In The Night» et ses influences Indiennes). On retrouve avec plaisirs du speed à la structure éprouvée, «Turn Away» sublimée par un break atmosphérique aussi court qu’intense et «Trail Of Tears» qui combine parfaitement puissance et mélodie dans la pure tradition «Matosienne». Mais la majorité de l’album oscille entre le mid-tempo et le calme, avec les power-ballades «Innocence» (des ambiances magiques et un niveau d’émotion énorme) et «Rough Stone» (quelques uns des plus beaux arpèges du genre). «Reason», le titre éponyme lancinant et mélodique, et «Born To Be», le final grandiose avec un des meilleurs enchaînement couplet/refrain du disque viennent compléter le tableau.

Les deux meilleurs morceaux, outre le magnifique «Turn Away» déjà évoqué plus haut, sont selon moi la reprise de The Sisters Of Mercy : «More», qui bien que tronquée de son final, n’en reste pas moins un titre immense se transformant même pour l’occasion en tube presque pop, ultra accrocheur, dont la frénésie communicative ne m’a pas laissé indifférent. Le titre «Iron Soul» enfin et son sublime pont mélodique au milieu d’un océan Heavy old school d’excellent cru.. assurément le titre le plus spectaculaire du disque!

Cette dernière chanson fait en quelque sorte la synthèse de l’album, à savoir une touche de modernité savamment distillé sur un Heavy Metal simple d’apparence mais profond dans son essence. Shaaman a réalisé une performance digne d’éloges, signant son deuxième chef d'oeuvre en autant d’album. Je ne peux qu’applaudir à deux mains ce délice qui ne cesse de me surprendre !

SMAUG...

0 Comments 06 décembre 2005
Whysy

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