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Ma question sera simple : connaissez-vous Moonstone Project ? Amateurs éclairés vous pouvez directement passer au paragraphe suivant, vous connaissez déjà ce que je m’apprête à dire. Pour les petits malins du fond, sachez que je ne suis absolument pas ironique : le groupe existant depuis 2006, il existe sans doute des fans.  Moonstone Project est le projet (oui moi non plus je ne suis pas fan des deux « projets » côte à côte) du guitariste italien Matt Filippini qui a sorti en 2006 Time To Take A Stand un premier album labélisé « Moonstone Project ». Dans son envie de réaliser un opus musicalement proche des seventies et donc de groupes tels que Deep Purple ou Led Zeppelin, M. Filippini s’est entouré d’une tripotée de guests comme Ian Paice ou Eric Bloom. Vous trouverez la liste complète sur le site (assez illisible) du groupe. Pendant toute l'année 2008, Moonstone Project s'est fait connaître et a tourné en Europe. La même année, l’album Time To Take A Stand a été réédité sous le nom de Hidden in Time. Puis, en 2009, Matt Filippini a décidé de sortir un nouvel album : Rebel On The Run. Bien que souhaitant souder son projet comme un groupe à part entière, le musicien est toujours entouré par un grand nombre d’invités tout au long des 10 chansons que compte le nouveau disque.

Les premiers points forts de Rebel On The Run sont, sans aucun doute, les mélodies. Le côté « années 1970 » ressort vraiment. Tout au long de l’écoute, il est impossible de perdre de vue cet aspect du projet. On ne parvient jamais à quitter vraiment le présent ; pourtant les chansons ont souvent une petite saveur d’autrefois. Je ne parle pas d’une vieille odeur de naphtaline sur des vêtements oubliés dans une armoire depuis trop longtemps mais plutôt d’une atmosphère, pas vraiment mélancolique certes mais qui renvoie sans cesse à une époque lointaine et dont on aimerait garder le souvenir. Les guitares sont souvent mises en avant, sans artifices ni fantaisies et cela appuie le petit côté « classic rock » de l’album. Pour faire court : tout ça n’est pas très moderne mais c’est cela fait partie du  charme de Rebel On The Run.

Les ambiances propres à chaque titre représentent un autre côté intéressant de cet opus. Elles sont en effet très variées et très différentes les unes des autres. En conséquence, les enchainements peuvent sembler parfois artificiels (entre Shooting Star et Madman par exemple) et donner l’impression que l’on cherche à remplir l’album. Cependant, à mon sens, cette multiplicité est plutôt à mettre au crédit de Matt Filippini puisqu’il nous offre un album suffisamment panaché pour éviter l’ennui. Ainsi, on peut passer d’un titre un peu psychédélique et planant digne d’une bande originale d’un film indépendant (Closer Than You Think ou Cosmic Blues) à des chansons peut être un peu plus traditionnelles mais qui « swinguent » davantage (From Another Time ou Hey Mama).

Puisqu’on aborde plus spécifiquement chaque piste de Rebel On The Run, laissez-moi vous parler du titre éponyme. Grâce une atmosphère un peu spatiale, un peu lointaine et même peu métallique (dans son sens premier), il constitue la vraie pierre angulaire de l’album, toutes les autres chansons gravitant plus ou moins autour de lui. C’est une réussite aussi bien au niveau de la musique que du chant (et ce n’est pas toujours le cas). On retrouve, par ailleurs,  une efficacité plus que certaine dans une partie des titres. Les refrains se retiennent vite (From Another Time) et l’aspect groovy joue beaucoup en faveur de l’album (Hey Mama). L’album démarre plutôt bien avec Sinner Sinner qui donne un peu de pêche d’entrée de jeu et a le mérite d’attirer l’oreille de l’auditeur novice (ou éclairé d’ailleurs mais novice dans mon cas).

Toutefois,  on peut reprocher plusieurs choses à Rebel On The Run. Premièrement, on a parfois l’impression que le concept ou la musique ne sont pas poussés assez loin. Et on se retrouve coupé net dans son élan par une fin trop brutale (Shooting Star). Ce n’est pas tant que les chansons sont trop courtes mais plutôt que les mélodies finales ne sont pas toujours pertinentes.  Certains effets viennent aussi gâcher les chansons (Closer Than You Think ou Cosmic Blues) comme si soudainement la musique dérapait. Et puis, si on veut être vraiment pointilleux, on peut regretter que le côté psychédélique ne soit pas mis en avant plus souvent.

D’autre part, la fin de Rebel On The Run est un peu en deçà du reste. Les ambiances ne sont plus aussi inspirées et on ressent une certaine lassitude. Halfway To Heaven est un peu molle pour terminer l’album. Malgré un côté hors du temps, on aurait aimé un titre plus dynamique pour finir et rajouter un peu de piment sur les dernières minutes.

Enfin, parlons un peu du chant. Le grand nombre d’interprètes présents souligne l’aspect varié de l’album et pourrait être un vrai avantage pour Moonstone Project.  En effet, chaque artiste (Steve Walsh, Eric Bloom ou encore Glenn Hugues) apporte sa propre pierre à l'édifice et rend chaque chanson unique. Mais, les styles n’étant pas les mêmes parmi les invités, passer de l'un à l'autre peut s’avérer surprenant (Closer Than You Think, même si, finalement, la voix colle plutôt bien à la chanson). Dans ces moments, les différentes nuances rendent l’écoute un peu laborieuse surtout qu’on a la désagréable impression que les guitares s’effacent complètement face aux parties vocales. C’est à nous faire regretter que Rebel On The Run ne soit pas un instrumental ! Impression renforcée quand on entend les nombreux « oh yeah », « oh baby » et autres chœurs et effets d’écho qui ponctuent (trop ?) régulièrement l’album et qui, utilisés à outrance, gâchent la crédibilité de l’ensemble. Cette diversité dans le chant se reflète aussi sur la qualité des chansons : certaines étant plombées par un chanteur pas vraiment concerné (Madman).

Malgré ces petits défauts, Moonstone Project nous propose un album honnête et intéressant à écouter qui ravira les fans du genre (et les autres aussi pourquoi pas ?). Mais, soyons clair, Rebel On The Run ne fonctionnera pas chez tout le monde et surtout pas à tous les coups. C’est, en tout cas, l’effet que me fait cet album. Tout dépend de ce qu’on vient chercher. Mais quand ça fait « tilt », quand on ignore  les « oh yeah baby », vous verrez que cet album est, ma foi, assez réussi.

Nola

0 Comments 16 janvier 2010
Whysy

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