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Alors qu'"Anthrax" retrouve une seconde jeunesse depuis trois ans, un de ses anciens membres émérites se plonge enfin dans une aventure solo. Ayant pris part à la "tournée de reformation" du groupe, Dan Spitz a depuis tracé sa route tout seul et le voilà qui revient à l'offensive avec un projet du nom de Red Lamb, à l'heure où son "homologue" vient de quitter "Anthrax" et de rejoindre "Volbeat". Entre temps, Megadave Mustaine est passé par là et au final, voilà le bonhomme coproduit l'album et co-signe l'intégralité des textes. Bon, avouez que l'on a déjà vu bien pire comme carte de visite ! Moralement parlant, le groupe a pour ambition de lutter contre l'autisme, qui touche la famille de Spitz et musicalement parlant il a pour ambition de faire...du THRASH !

Enfin bon, du thrash, si on veut... Disons plutôt que si la patte Dan Spitz est présente ainsi qu'un grosse influence thrash à l'ancienne, le son se veut actuel et les riffs plutôt heavy et très "rythmiques". Au chant on retrouve Don Chaffin (Voices of Extreme), croisement entre Dimitri Szarzewski et Steven Tyler et c'est à peu près tout pour le noyau dur du groupe, Spitz prenant l'intégralité des décisions. Après quatre ans de gestations (dixit son géniteur), voilà donc ce premier album, éponyme, arborant fièrement douze morceaux. Douze morceaux où il ne sera pas vraiment question d'aller cueillir les papillons dans une prairie enchantée. Bon, après, rien ne nous dit que Spitz et Mustaine ne s'adonnent pas à ce passe temps entre chaque prise d'enregistrement, mais en tout cas ils n'en parlent pas ici.

Et l'entame d'album a de quoi surprendre. Légère cavalcade très maiden-ienne, quelques nappes de clavier, une voix assez douce, les 35 premières secondes de The Cage intriguent et laissent entrevoir un album assez original. Mais peine perdue, après cette intro retentissent très vite des guitares acérées, un chant agressif et un tempo bien plus relevé. Dommage, pour le coup, mais écoutons tout de même ce que ce morceau nous propose. Et bien du thrash rapide et efficace mais lambda. En effet, le riff a déjà été entendu mille fois, la voix tente d'imiter Mustaine et c'est à peine si le refrain se démarque un peu. En fait, ce morceau est assez symptomatique de l'album : aucune originalité, des riffs exécutés sans réelle passion et surtout aucun morceau qui arrive à vraiment s'imposer.

Cela dit, on sent que des moyens ont été mis en œuvre. Le son est très costaud, le jeu ne souffre d'aucun approximation, chaque instrument est correctement mis en valeur mais final il ne ressort pas grand chose de cet album. Tout est propre et bien exécuté mais on se vautre la plupart du temps sur des refrains lourdauds et maladroits, tels l'albatros de Baudelaire. Puzzle Box, Watchman, Standby Passenger et j'en passe, autant de morceaux où l'on sent que si ils voulaient ils auraient pu faire quelque chose de marquant mais non, à force de se regarder jouer, on en oublie de rendre les morceaux agréables à l'oreille.



En fait, c'est cette sensation d’herméticité qui est frustrante. Le groupe joue pour lui et s'éclate mais ne pense pas à se retourner pour s'offrir à son public et préfère rester en rond. Le phrasé de chant n'évolue jamais, sorte de Zach de la Rocha qui saurait enfin chanter mais qui déciderait quand même de continuer à glapir. Venant se poser sur des rythmiques ultra redondantes, on a l'impression que Spitz a fait tourner le moule à gâteaux et a pondu douze tourtes bien chargées mais identiques. Bon oui, c'est quelque peu exagéré, mais le fait est que si les refrains savent se différencier, on n'en dira pas autant du reste qui à force de perfectionnisme tend vers l'uniformité.

Quant aux paroles, elles semblant vouloir aborder des sujets sérieux et chers à Dan Spitz mais l'emphase faite sur certaines expressions et certains chœurs appuyés font perde beaucoup de crédibilité aux morceaux. Dommage car on sent une certaine implication mais quand on entend "I am the watchman, I watch what nobody knows" on a l'impression de tenir dans les mains un recueil de poèmes écrit par un collégien. "Watch out, we've got a badass over here !" Et ce n'est pas le chant sans personnalité de Chaffin qui va aider. Malgré tout, les accélérations de ci de là sont efficaces et surnagent de temps en temps de bons moments, comme le refrain de Runaway Train mais c'est bien peu à se mettre sous la dent et même si on adhère au style de l'album, le tour est fait au bout de quelques morceaux qui de toutes façons ont une sale tendance à sonner comme du "Megadeth", que ce soit la musique ou le chant, un peu en alternance.

Au final, les atouts techniques sont indéniables et nul doute que ce projet tient Spitz énormément à cœur mais la réalité est la suivante : cet album est répétitif est manque clairement sa cible. Quand Dan Spitz déclare en interview "c'est un peu le futur du thrash", "incroyable vision", il est évident qu'il y a là un léger manque de recul. Donc non, Red Lamb n'est pas la grosse révélation de l'année, ce n'est pas la grosse claque annoncée, mais juste un album  heavy thrash de plus, certes confectionné par des personnes de renom mais encore bien trop timide pour espérer percer. La précision d'horloger c'est bien, les morceaux qu'on retient c'est mieux.

0 Comments 06 février 2013
Whysy

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