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Rappelez-vous, il n’y a pas si longtemps, Primordial annonçait aux esclaves que Rome était en train de brûler. C’était en 2007. Les cendres ont fini de se consumer mais aujourd’hui, après un longue attente, voilà que A.A. Nemtheanga proclame que la république est morte. Ton similaire, paroles funestes : pas de doute il s’agit bien du nouvel album de Primordial. Et malgré le ton général de l’album qui n’incite pas franchement à la rigolade, il y a, croyez-moi, de nombreuses raisons de se réjouir.

To The Nameless Dead avait conquis, une nouvelle fois, la scène metal avec ses hymnes guerriers classieux. Depuis Nemtheanga, le leader de la formation, a fait un petit détour chez Blood Revolt pour à la fois pousser la chansonnette et la violence un cran au dessus sur le très réussi Indoctrine. Il a aussi participé à la tournée Twilight of The Gods en hommage à Bathory. En plus de ces égarements (très réussis au demeurant), Primordial s’était séparé de son batteur Simon O’Laoghaire de longue date avant que ce dernier ne réintègre le groupe quelques temps plus tard, juste à temps pour enregistrer le nouvel opus dont je vais vous parler dès maintenant Redemption At Puritan’s Hands (Redemption par la suite). Et comme toujours, quand l’album précédent convainc les foules, ce nouvel essai était attendu de pied ferme.

Redemption s’ouvre avec la très belle “No Grave Deep Enough”, qui est le peut-être le morceau de plus tubesque de ce nouvel album. Attention, quand je dis tubesque c’est bien entendu à l’échelle de Primordial. “No Grave Deep Enough” est donc une chanson aussi dense et imprégnée que ses consoeurs mais utilisée en guise d’introduction, elle présente une facette qui rappelle un peu celui de “Empire Falls” sur le précédent opus du groupe. Pour le reste, Primordial déroule les titres fournis avec, ce qui semble être, une déroutante facilité. Redemption est d’apparence homogène, dans le même esprit que les albums antérieurs, mais les irlandais savent varier le rythme. Ils enchaînent sans difficulté titres plus énergiques et passages plus lents.

En fait, Primordial ne fait pas dans la simplicité. Ce Redemption ne déroge pas la règle. Avec ses 8 pistes dont aucune ne dure moins de 6 minutes, le nouvel opus des irlandais possède un côté un peu farouche qui pourrait presque passer pour de l’arrogance pour qui n’y prendrait pas garde. Gardez-vous bien de tomber dans le piège ! De mépris et de vide, il n’y a point chez Primordial. En effet, le groupe s’applique depuis des années à soigner son public avec des chansons travaillées et souvent sublimes. Redemption est une nouvelle preuve du respect que le groupe originaire de Dublin porte à ses fans. Et ces derniers, ravis et comblés, retrouvent chez Redemption ce qu’ils avaient aimé chez Primodial par le passé : des morceaux torturés et homériques, des accents guerriers et enragés, une subtilité recherchée et complexe. Du bonheur en somme.

Du début à la fin, cette septième production regorge de lignes musicales de qualité qui tissent l’atmosphère à la fois tragique et un peu désenchantée qui imprègnent Redemption. “Lain Of The Wolf”, dont l’intro incisive prend aux tripes, et “Bloodied Yet Unbowed” et sa fin solennelle, participent grandement à ce climat sombre mais tellement réussi dans lequel baigne l’album. Chacun des membres est mis à contribution. Dans “The Black Hundred”, la batterie renforce le côté martial et dur alors que “The Puritans Hand” bénéficie d’un joli riff qui enchante les orielles avant le grand final . Toutefois, c’est la dernière partie de “Gods Old Snake”, toute en finesse, qui parvient à enthousiasmer par tant de maîtrise.

On frisonne de plaisir et la bonne nouvelle est que l’album est encore loin d’être fini. Une bonne nouvelle n’arrivant jamais seule, la deuxième partie de Redemption semble encore plus réussie que la première. C’est presque comme si la musique montait encore d’un cran. “The Mouth of Judas” a un petit côté épuré qui repose. Mais c’est surtout le superbe dernier titre du disque “Death of the Gods” qui transporte et émerveille. Sans doute, le meilleur morceau de Redemption, ce titre prouve sur plus de neuf minutes à quel point la musique de Primordial est si spéciale, triste quelque part mais toujours profonde et réfléchie. A quel point, la talent de ces musiciens est grand et à quel point, enfin, on aimerait que la chanson, et même le cd, ne s’arrêtent jamais.

Pour finir, quelques mots à propos du chant. Rien de neuf non plus de ce côté là, Nemtheanga est toujours un chanteur de grand, grand, grand talent. Si ses lignes de chant ne sont pas toujours structurées, elles ne gâchent en aucun cas la musique. Le timbre si particulier du frontman tantôt calme et posé (“The Mouth of Judas”), tantôt plus agressif (“Gods Old Snake”), aide à moduler, nuancer et, on pourrait presque dire, transcender la musique. L’identité de Primordial passe sans nulle doute par lui et ce n’est pas Redemption qui va me faire mentir. On attend les lives avec impatience pour pouvoir vérifier sur pièce.

Primordial n’a besoin rien, et sûrement pas de binious, de claviers tagadastoinstoin ou autres artifices fatiguants, pour donner à ses morceaux leur grâce épique et leur hypnotique stature. Et c’est bien mieux ainsi. Avec mes riffs bien trouvés, ses mélodies denses et son chant possédé, Redemption éblouit presque. Sans surprise, les irlandais nous offrent un album à la hauteur de leur immense talent et, par la même occasion, confirment leur statut de groupe à part. Mais il suffit des justifications et des argumentaires à rallonge.

La musique de Primordial est belle tout simplement. Tout ce qu'on peut en dire n’est que superflu...

Nola

0 Comments 04 juin 2011
Whysy

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